Les jeunes usagers de la maison de quartier Heyvaert (association Molenbeek Vivre Ensemble (MOVE)) ont entre 13 ans et 17 ans, sont issus de milieux socio-économiques (dits)défavorisés et, pour la plupart d’entre eux, habitent dans les quartiers alentours qu’ils fréquentent pour diverses raisons. Certains, en difficulté scolaire ou décrochage scolaire, viennent là pour bénéficier d’un soutien scolaire. Ils sont aidés par des étudiants dans le cadre d’un partenariat avec l’asbl « Schola ULB ». Beaucoup viennent aussi en raison des diverses activités proposées par la maison de quartier les mercredis après-midi, les week-ends et pendant les congés scolaires. L’objectif poursuivi est de leur offrir des espace-temps où ils peuvent s’épanouir, se responsabiliser, s’autonomiser. La structure travaille sur base de projets qui sont menés avec eux et reste attentive à co-construire avec eux les programmes d’activités. Ces activités représentent une véritable bouffée d’air pour ces enfants dont les familles logent trop souvent dans des habitations qui sont trop petites et/ou insalubres.
Avec l’arrivée du Covid en mars 2020, les activités ont été suspendues, les contacts sociaux (amis, école, activités sportives et culturelles, etc.) se sont réduits à peau de chagrin. Les confinements successifs n’ont pas aidé à reprendre une vie normale et, au fil du temps, la situation est devenue de plus en plus pesante pour les jeunes. Il y a certes eu de l’anxiété, de la colère, mais l’impact des réseaux sociaux aura aussi été grand chez ces jeunes esprits. A Heyvaert, l’influence que peuvent avoir ces médias est très clairement apparue à l’occasion du projet « Fake News et santé : agir avec les jeunes en faveur de l’esprit critique », mené en partenariat avec l’asbl Question Santé. Si les premiers contacts ont eu lieu dans le courant de l’automne 2020, les rencontres avec les jeunes n’ont pu débuter qu’une année plus tard.
Les idées autour de la théorie du complot étaient liées à l’utilisation d’Internet et des réseaux sociaux. Il n’a pas du tout été facile de travailler avec les jeunes durant cette période – Wahiba Mestoui, animatrice socio-culturelle
« Il circulait alors beaucoup d’idées tournant autour de la théorie du complot. ‘Le Covid-19 est quelque chose d’inventé’, ‘on nous ment’. Ils disaient alors ‘on ne les croit plus’, ‘on ne fait plus confiance à personne’, confie Wahiba Mestoui, animatrice socio-culturelle pour l’asbl Atout Projet, mais détachée à la Maison de quartier Heyvaert. Tout cela était lié à l’utilisation d’Internet et des réseaux sociaux. Il n’a pas du tout été facile de travailler avec les jeunes durant cette période. » Son collègue, Mohamed Zekhnini, travailleur social en soutien de l’axe Jeunesse à Heyvaert, rappelle qu’avec les décisions du Comité de Concertation (Codeco), des activités ont dû être annulées, ce qui a entraîné énormément de frustration et de souffrance. Pour certaines activités, il fallait le Covid Safe Ticket, mais beaucoup d’adolescents de plus de 16 ans rencontraient des difficultés à aller se faire tester. Soit parce qu’ils ne le voulaient pas, soit parce que le prix des tests PCR demeurait élevé. Le contexte de la pandémie et une croyance plus ou moins forte à des théories du complot ont retardé le démarrage du projet « Fake News ».