L’origine féministe du concept
Dans un rapport paru en 2017, l’asbl Garance notait ainsi que « les politiques d’urbanisme en général, et l’aménagement de l’espace public en particulier, sont rarement soumis à une analyse genrée. Pensons par exemple à la séparation spatiale entre les quartiers résidentiels et de loisir et les quartiers ‘où on travaille’, commerçants, industriels et administratifs. Or le domicile et les espaces verts ne sont pas seulement des lieux de loisir et de repos, ils sont aussi des lieux de travail : le travail domestique et de soin aux personnes, tels que de ménage, de soin et d’éducation des enfants et de personnes dépendantes. Par la distribution inégalitaire de ce travail reproductif, ce sont surtout les femmes qui assument ces tâches, dans des espaces qui ne sont que rarement pensés pour le travail. Les politiques et pratiques d’urbanisme rendent ce fait invisible et participent ainsi au manque de reconnaissance du travail reproductif, à sa distribution inégalitaire et à son poids sur les individus1 ».
Il résulte, en l’absence d’une analyse de genre, que les décisions qui sont prises ne sont ni neutres, ni équitables. « Les politiques édictées, poursuit le rapport, sont basées sur un modèle implicitement masculin d’organisation de la vie quotidienne qui ne laisse pas de place pour les expériences et besoins spécifiques des femmes. » Dans les pays qui ont commencé à penser leur espace public dans une perspective d’analyse de genre, on a observé que certains changements de l’environnement égalisent l’accès à l’espace public… « Il n’est donc pas anodin de prendre en considération l’espace public et les décisions d’urbanisme comme étant des facteurs cruciaux déterminants de bien-être et d’égalité dans l’accès à la ville. »2
L’analyse de genre est le fruit d’une analyse féministe. Elle n’a pas pour but de traiter les femmes comme des êtres exceptionnels ou vulnérables qu’il faut absolument protéger. L’objectif est de rendre à l’urbanisme le potentiel de promouvoir l’égalité au sein de la société. Pour ce faire, il est intéressant de pouvoir répondre aux questions suivantes3 : comment aménager l’espace public pour que les femmes puissent se l’approprier sur un pied d’égalité ? Comment le rendre accessible pour une large diversité d’activités et de publics ? Comment créer un espace public dans lequel tous et toutes se sentent à l’aise et peuvent bouger sans danger ?
L’analyse de genre n’a pas pour but de traiter les femmes comme des êtres exceptionnels ou vulnérables qu’il faut absolument protéger. Il s’agit de rendre à l’urbanisme le potentiel de promouvoir l’égalité au sein de la société.