De la richesse des rencontres
Lors de la séance d’information du 21 novembre dernier, Louis était présent pour raconter la rencontre de sa famille avec un couple syrien et leurs six enfants. « C’est une de mes deux filles qui nous avait parlé de cette initiative et on s’est engagé dans cette relation de voisinage, qui nous convenait mieux que l’hébergement auquel on avait songé un temps. On s’est fixés comme rendez-vous le samedi matin, mais cela reste souple: on pratique le français, on apporte une aide pour les devoirs, pour certaines démarches administratives ou l’explication d’une facture, d’un document. Mais on ne se transforme pas pour autant en assistants sociaux : on va au parc, au cinéma. Cet été on a assisté au passage du Tour de France. On n’a pas beaucoup parlé de leur venue en Belgique, sauf quand on a été à la mer l’an dernier : un des jeunes garçons a évoqué la traversée périlleuse sur un petit zodiac pour arriver jusqu’en Europe. En revanche, ils évoquent souvent leur souhait d’être acceptés, de réussir à l’école, de se rendre utiles, bref de vivre comme tout le monde. »
Dominique, c’est un peu comme ma mère dans ce pays. Depuis qu’elle est là, il y a de la tendresse dans ma vie. Mélanie, réfugiée syrienne
Autre duo touchant et atypique, celui formé par Dominique et Mélanie, présenté dans une vidéo réalisée dans le cadre du projet. Mélanie est transexuelle, également originaire de Syrie et ne parle que l’arabe, langue que Dominique ne maîtrise pas. Qu’à cela ne tienne, Google traduction supplée. Dans la vidéo, Mélanie exprime ce que lui apporte cette relation : « Depuis que j’ai rencontré Dominique, il y a clairement quelque chose qui a changé dans ma vie : il y a dans ce pays quelqu’un avec moi qui n’est pas arabe. Dominique, c’est un peu comme ma mère dans ce pays. Depuis qu’elle est là, il y a de la tendresse dans ma vie et il n’y a pas assez de mots pour décrire ses qualités. »
Les voisins solidaires ne deviennent pas forcément des amis, ne passent pas nécessairement leurs vacances ensemble, mais ils se rencontrent régulièrement, échangent sur leurs cultures respectives, partagent des repas ou des loisirs communs. La relation est à inventer au gré des envies et des besoins. Le but est de permettre aux voisins réfugiés de se sentir épaulés dans leur nouvelle vie, dans l’apprentissage de la langue, la lecture d’un courrier, la compréhension d’une démarche administrative ou simplement pour rompre l’isolement et vivre un moment de convivialité partagée. Comme le relève si bien Anne, voisine citoyenne, à propos de cette initiative, « Le fait de ne pas connaître l’autre engendre la peur. Quand on apprend à se connaître, on voit les choses autrement : il faudrait encourager ce type de rencontres, cela aiderait forcément à lutter contre le rejet et le racisme. »