Promouvoir la santé à l'école est un e-Journal destiné aux professionnels·les de la promotion de la santé à l'école et, plus largement, aux personnes intéressées par les enjeux de santé en milieu scolaire.
|
|
|
Sommaire
DOSSIER Covid-19 oblige, les équipes de la PSE sont au pied du mur : pour vacciner, il va falloir expliquer, parler, sensibiliser davantage encore. Le Pr Olivier Luminet (UCLouvain) et des infirmières de la cellule vaccination de l’ONE font le point, dessinent des pistes d’action et proposent des solutions.
BIEN-ETRE Le Conseil Supérieur de la Santé a consacré un avis à la santé mentale des jeunes. Internationales ou belges, les études montrent qu’il sera impossible de faire l’impasse, à l’avenir, sur ce sujet essentiel.
EN BREF A l’ULB, une campagne sur le consentement ; des études sur l’intérêt d’aérer les salles de classe.
PIPSA Des outils pour (faire) parler.
|
|
Le défi de la vaccination des jeunes
|
|
On ne va pas se mentir : ajouter la vaccination contre la Covid-19 aux autres missions (y compris de vaccination) des services, ce n’est pas un « mince souci » ni une décision facile à organiser et à mettre en place. A Bruxelles, depuis septembre dernier, les services ont dû prendre le taureau par les cornes. Parfois dans la douleur et la déception de ne pouvoir poursuivre ou reprendre d’autres missions chères aux professionnels…
|
|
La pandémie aura eu ce mérite : elle aura montré à tous que vacciner - contre la Covid-19 ou contre toute autre maladie – n’est pas un acte facile, évident, accepté par tous. « Rien n’est jamais acquis à l’homme : ni sa force ni sa faiblesse…», écrivait Aragon. Voilà que parviennent aux services des refus parentaux de vaccination de leurs adolescents contre la Covid-19 mais, aussi parfois, des refus de toute autre vaccination, peut-être parce que ces parents redoutent que le vaccin anti-Covid soit inoculé à leur progéniture « sans leur accord » ou « malgré leur refus ». Injuste, cette rupture de confiance à l’égard des équipes devra également être appréhendée et surmontée.
|
|
En attendant, comment atteindre les objectifs visés en tenant compte de réalités sociologiques diverses ou même, comme l’a révélé la pandémie, en raison de l’existence de tensions qui n’ont pas forcément à voir avec l’acte vaccinal en lui-même ? Pour les services concernés, comment communiquer de manière efficace et sereine ? Comment faire comprendre aux parents (et aux jeunes) que les messages envoyés ne sont pas là pour effrayer mais pour informer ? Comment mieux comprendre, en retour, les obstacles encore à vaincre afin de pouvoir partager le plus largement possible cette mesure de prévention qu’est la vaccination ? Devrait-on davantage – et mieux – écouter les jeunes sur cette question ? Faut-il le faire, par exemple, lors de débat ou de groupes de paroles ou bien aussi, comme le suggère le Dr Valérie Hanozet, en mettant à leur disposition une possibilité de s’exprimer de manière anonyme ?
|
|
Quels chemins suivre pour être davantage prêts à faire face aux défis de la vaccination ? En quoi les fondements de la promotion de la santé restent-ils des outils à valoriser et à approfondir encore ? Quels obstacles faut-il et peut-on éviter ? Quels changements imaginer et/ou mettre en place ? Ce dossier permettra peut-être de nourrir et d’enrichir les expériences…
|
|
Les pistes du Pr Luminet pour parler vaccination
|
|
On a bien peu écouté les jeunes lorsqu’ils réclamaient de la solidarité pour sauver la planète. Puis, au début de la crise sanitaire, on leur a imposé une série de lourdes mesures afin de protéger les plus vulnérables. A présent, on leur demande de la jouer « collectif » et de se faire vacciner… Le Pr Olivier Luminet (professeur en psychologie de la santé à l’UCLouvain, membre du groupe d’experts « Psychologie et corona ») indique comment renouer le dialogue.
|
|
Dans quel état mental sont les jeunes auxquels les équipes adressent des messages promouvant la vaccination ?
|
|
Pr Olivier Luminet : Sur la demande de la ministre Valérie Glatigny, nous avons principalement étudié les jeunes de 18 à 25 ans, avec des données recueillies en février et en juin. Les résultats sont très interpellant : les jeunes présentent des troubles du sommeil et de l’alimentation. Des indicateurs de dépression et d’anxiété à des niveaux cliniques sont également présents dans des pourcentages importants (autour de 50%). On relève également 10 % d’automutilation… D’ailleurs, les jeunes font également état d’un niveau élevé de demandes à un appel de soutien psychologique : beaucoup en ont bénéficié ou souhaitent en bénéficier.
|
|
Tous les jeunes semblent avoir été affectés et touchés de plein fouet parce que le besoin de connexion sociale est essentiel à cette période de la vie. Or ils ont été privés de cette nourriture sociale. Globalement, cette population est en situation de vulnérabilité et elle a besoin d’aide, de manière plus importante que les autres tranches d’âge.
|
|
L‘état mental des jeunes est-il un frein ou une incitation à se faire vacciner contre la Covid-19 ?
|
|
Cela devrait les motiver : beaucoup de jeunes ont la perception que le vaccin permet de sortir de la crise plus rapidement, en évitant de faire perdurer les mesures de non-contact social et en redonnant davantage de libertés, via l’accès aux activités sportives, culturelles, festives, etc. Il s’agit d’un véritable incitant à se faire vacciner.
|
|
|
En revanche, un petit groupe fortement déprimé n’a plus l’envie d’agir et son état psychique peut avoir un effet ralentisseur. Un autre aspect, pointé par de nombreuses études, intervient également : pour adopter les gestes barrières ou pour se faire vacciner, encore faut-il avoir une perception adéquate des risques. Or de nombreux jeunes se disent : « Je ne risque pas grand-chose ». Ils ne sont donc pas très motivés. Ce facteur mérite d’être travaillé avec eux. Il faut leur rappeler que même si le risque est moindre, il n’est pas nul et qu’un pourcentage non négligeable de situations peut mal tourner.
|
|
Comment faire progresser la perception du risque chez les jeunes ?
|
|
Sûrement pas en passant par la peur et l’anxiété ! La peur est un levier auquel on peut être très tenté de faire appel mais en réalité, elle immobilise. Elle n’est donc pas efficace… Pour augmenter la perception du risque, il est conseillé d’utiliser d’autres leviers. L’objectif consiste à faire prendre conscience aux jeunes du risque qu’ils courent et de ceux qu’ils font courir : on se vaccine pour soi et les autres, par empathie.
|
|
Nos jeunes ont grandi dans une société qui glorifie l’individualisme. A-t-on des chances d’être suivis si on leur demande de prendre en compte une dimension collective et solidaire ?
|
|
En 2019, beaucoup de jeunes se sont mobilisés pour les mouvements concernant le climat… Le collectif, c’est justement ce qu’ils avaient réclamé en manifestant, mais ils avaient été très peu entendus. Puis, au début de la crise sanitaire, on leur a dit qu’ils étaient des dangers pour les personnes à risque, qu’il fallait ‘la jouer collectif ‘ et ils ont été mis sur la touche pour protéger les plus vulnérables. Les jeunes ont été encore moins entendus qu’avant ou ils l’ont été très tardivement et peu… Dès lors, un décalage très fort se creuse entre eux et le reste de la population, qui sous-estime leur degré de souffrance. A présent, dans l’urgence, on leur dit : « Vaccinez-vous et vite !». Ce message aurait dû être préparé plus tôt, par exemple dès le printemps dernier…
|
|
Je suis aussi parfois surpris de voir que des personnes restent persuadées que l’être humain est purement rationnel et qu’il suffit qu’on lui dise quelque chose pour qu’il le fasse. Outre la possibilité d’un processus de déni du risque chez quelques-uns, le refus ou les retards de vaccination s’expliquent souvent par des mécanismes émotionnels… Enfin, certains politiques semblent mal percevoir, ou bien pas assez, les dimensions et les répercussions psychologiques de la crise sur les jeunes. Ces responsables sont encore dans l’idée que tout doit ou peut passer par la parole des experts médicaux. Mais ce n’est pas suffisant.
|
|
Comment être audible auprès des jeunes réticents à se faire vacciner ?
|
|
Leur dire : « Pense à tes grands-parents » et/ou leur faire la morale, cela risque de les bloquer ou de radicaliser ceux qui refusent la vaccination. Il faudrait également éviter de tomber dans l’infantilisation (y compris via des incitants financiers à la vaccination, par exemple) ou des sanctions, car tout cela est inefficace. Quant aux discours stigmatisants par rapport aux non-vaccinés, ils risquent de renforcer leur attitude et d’augmenter leur virulence. Pour inciter à être vacciné, il faut partir d’une volonté individuelle.
|
|
On devrait organiser plus de débats dans les écoles, y faire venir des experts et des spécialistes : beaucoup d’entre eux sont heureux de le faire, de discuter et de débattre. A travers la rencontre directe, il s’agit de partir des paroles des jeunes, de leurs doutes, de leurs incertitudes, sans stigmatiser ni juger, en écoutant leurs arguments et en y répondant.
|
|
Beaucoup de non-vaccinés disent qu’ils ont besoin de temps et de davantage de réassurances par rapport aux vaccins. Ils n’ont pas toujours confiance dans la science… Mais, avec le temps, avec un ou deux débats, on voit des évolutions notables.
|
|
|
Par ailleurs, il faut éliminer tous les obstacles à une prise de rendez-vous ou tout ce qui rend difficile le fait de se rendre sur un lieu de vaccination. La vaccination doit être la moins contraignante possible et rapide une fois sur place.
|
|
Est-il opportun de s’appuyer sur les pairs ?
|
|
On sait que les jeunes font particulièrement attention à ce que les autres font autour d’eux. Cela peut être un vrai atout d’avoir de jeunes « ambassadeurs » capables de discuter, d’entendre les points de vue, sans faire la morale, d’expliquer pourquoi ils sont vaccinés, que cela n’a pas été compliqué d’un point de vue logistique, et de dire les avantages qu’ils en retirent.
|
|
Que faire face aux étudiants non convaincus ?
|
|
Il s’agit de distinguer deux groupes. Dans le premier se trouvent les jeunes qui ont besoin de davantage de temps et/ou de plus de preuves. Dans l’autre, on rencontre ceux qui se méfient des autorités, qui ont des doutes généralisés, qui peuvent être perméables aux discours complotistes et/ou qui rejettent les discours scientifiques. Ce groupe-là est capable de monter en épingle un cas particulier concernant les effets de la vaccination et il s’oppose au consensus scientifique. Cette dernière attitude est problématique.
|
|
Je propose de focaliser notre attention et notre énergie sur les jeunes du premier groupe. Ces réticents sont les plus susceptibles de changer de discours grâce aux échanges que l’on aura (ou que des experts auront) avec eux. Il peut être intéressant aussi de leur faire entendre des jeunes qui étaient opposés à la vaccination ou qui ont eu besoin de temps pour se décider, et qui ont changé d’avis.
|
|
A Bruxelles, on sait que dans certaines communes défavorisées, beaucoup de jeunes refusent la vaccination. Que faire ?
|
|
La campagne de vaccination a montré l’existence de fractures concernant des groupes de jeunes, non écoutés jusque-là, et à qui on demande tout à coup de faire quelque chose pour les autres.
Une idée : le manque de confiance émanant de jeunes issus de certaines communautés peut aussi être travaillé par des professionnels de santé issus de leur communauté. En effet, de par leur identité sociale, ils ont un autre impact auprès d’eux. A l’UCLouvain, des capsules vidéo ont été réalisées à partir de ce principe, et on y a travaillé aussi des peurs spécifiques qui peuvent exister au sein d’une communauté (voir l’encadré).
|
|
Que peut nous apprendre cette crise ?
|
|
Cette pandémie a montré l’importance d’écouter les paroles de tous les jeunes, d’entendre les raisons de leurs réticences à l’égard de la vaccination et, surtout, de réaliser à quel point les discours fondés sur les : « On sait, on vous apprend » et sur nos certitudes d’adultes ne fonctionnent pas.
|
|
Nous étions tous novices dans cette crise. Elle nous a aidés à comprendre qu’il est important de partir des convictions des gens, plutôt que de tenter de les convaincre de manière autoritaire. Bien sûr, quand on travaille contre la montre, comme c’est le cas contre la Covid-19, c’est compliqué car on sait que plus on est lent à agir, plus la crise va durer… avec le risque de se voir imposer des mesures plus « énergiques ».
|
|
Des sites pour s’y retrouver…
Voici une série de sites (ou d’initiatives) qui peuvent être utiles soit aux équipes, soit aux jeunes, afin d’y voir plus clair en matière de vaccination ou de sensibilisation à cette dernière.
- deux incontournables : https://www.vaccination-info.be/ mais aussi : e-vax.be, avec un ensemble de fiches à destination des professionnels vaccinateurs concernant les questions les plus fréquentes à l'origine de l'hésitation vaccinale.
- https://www.jemevaccine.be/ressources/?c=reseaux-sociaux, avec entre autres des affiches et des podcasts.
- Les capsules dont parle le Pr Luminet : https://uclouvain.be/fr/etudier/covid-19-les-questions-des-jeunes-sur-le-vaccin.html
- Pour les jeunes à partir de 16 ans, la campagne d’information « Tu doses pas ? », initiée par le SIEP : https://padlet.com/informationjeunesse/tudosespas et son compte Instagram https://www.instagram.com/tudosespas/
- https://www.youtube.com/channel/UCwFZasBG2wkGUewx1Sma85w
- L'animateur radio VINZ est à l'origine du projet "school up' choisi par la ministre de l'Enseignement (https://schoolup.love/vinz/), avec des séances d’information accompagnées d'un spécialiste : Pierre Smeesters ou Emmanuel André.
Cette liste, dressée avec l’aide de Mélanie Royen (ONE) et Sophie Lefèvre (ONE) n’est pas exhaustive.
|
|
|
Je sensibilise, tu sensibilises, nous sensibilisons…
|
|
Wendy Gioia et Elodie Koch, infirmières dans l’équipe mobile vaccination de l’ONE, se font les porte-parole de leurs collègues pour partager des solutions et des outils destinés à répondre aux questions des jeunes.
|
|
La sensibilisation à la vaccination, l’équipe mobile de l’ONE y croit et sait à quel point cela compte. « A tout âge, et donc avec des mots adaptés, il est important que les enfants et les jeunes sachent pourquoi on les vaccine. Toute sensibilisation contribue au fait que les jeunes pourront ainsi avoir leur propre approche, dont ils pourront discuter avec leurs parents (y compris ceux hostiles à la vaccination). Fondamentalement, cette stratégie vise également à les aider à devenir acteurs de leur santé, après avoir été informés. Dans cette optique, la vaccination devient un acte qui se fait avec eux, pour eux », assurent Wendy Gioia et Elodie Koch, infirmières au sein de l’équipe mobile de l’ONE.
|
|
Cette sensibilisation, expliquent-elles, passe par une information claire et percutante. Les jeunes ne sont pas forcément au courant des raisons pour lesquelles la vaccination est proposée… Il arrive même parfois qu’ils se présentent à une séance sans même vraiment savoir quels vaccins leur sont proposés et l’objectif de ces derniers…
|
|
Pour allier information et sensibilisation, les infirmières de l’équipe mobile proposent des rencontres/moments d’échanges en classe ou bien avant une vaccination. Afin de répondre aux questions des jeunes, l’équipe a déjà créé deux PowerPoint (sur la vaccination contre le papillomavirus et sur la Covid-19), avec la ferme intention de s’en servir cette année (lire l’encadré ci-dessous). « Nous voulons faire de la prévention et ouvrir le débat, afin que les jeunes puissent être informés et proactifs par rapport à des décisions concernant leur santé. Cet aspect est essentiel afin qu’ils se forgent un avis fondé pour devenir les adultes éclairés de demain. »
|
|
La présentation abordant la vaccination contre le papillomavirus montre des images de verrues génitales. « Elles ne sont pas là pour faire peur mais pour montrer ce dont on parle, pour faire comprendre l’idée que cela peut arriver, que c’est un risque possible. Il s’agit donc d’illustrer ce dont on parle, de ne pas masquer la réalité des choses et donc de dire à quel point des verrues génitales sont gênantes et peuvent gâcher la vie. Nous mettons des images sur les mots », résument les infirmières. Elles soulignent également que le droit à l’information suppose aussi de parler des effets indésirables. Ainsi, concrètement, « l’enfant doit savoir qu’il risque d’avoir mal au bras ».
|
|
Les infirmières rappellent aussi que la séance de sensibilisation doit être brève : la durée du PowerPoint ne devrait pas excéder dix minutes au maximum, afin d’éviter que les jeunes décrochent, commencent à jouer avec leurs cheveux, à regarder ailleurs… Donc avant de se lancer, « Souvenez-vous de votre adolescence et de votre durée de patience à cet âge-là lors de ce type de séances », suggèrent-elles. Il s’agit également d’être interactif : ce n’est en aucun cas un cours ex cathedra, glissent-elles. A la fin de la projection, un espace de questions est toujours proposé : tous les points ont-ils été bien compris ? Y a-t-il des interrogations, des doutes ? On en débat !
|
|
Elles précisent - et ce point concerne pleinement la sensibilisation à la vaccination contre la Covid-19 - qu’il leur semble important d’aborder avec les jeunes l’enjeu collectif de la vaccination, son intérêt pour faire baisser la prolifération d’un virus et d’une maladie. « Beaucoup sont sensibles à cet argument parce qu’il leur parle : ils ont, dans leur entourage ou leur environnement, une ou des personnes fragiles », soulignent-elles.
|
|
Parmi les difficultés qui nuisent à la sensibilisation et à l’information des jeunes concernant la vaccination, le temps (c’est-à-dire : le manque de temps !) est évidemment un facteur clé. Souvent, sur le terrain, il faut se contenter de deux ou trois minutes d’échanges ou d’explications. Un rappel utile : les infirmières de l’équipe mobile sont là pour « aider en cas de besoin ». Ce soutien concerne aussi des séances de sensibilisation à la vaccination, qu’elles sont prêtes à mener auprès des jeunes, dans les écoles ou dans les centres.
|
|
Leur présence peut être la bienvenue également dans d’autres circonstances, peut-être encore un peu taboues : la Covid-19 a révélé des tensions ou des dissensions au sein de certaines équipes. En effet, tous les professionnels de santé n’ont pas forcément la même vision de la vaccination des jeunes concernant ce virus, y compris parce que le recul face à ce vaccin récent est encore relativement court. Cette vaccination qu’on leur demande de faire peut être une source de discorde. Sans interférer dans la vie des équipes, « en cas de besoin, nous sommes là pour aider puisque nous pouvons être sollicitées afin d’effectuer les vaccinations… », soulignent Wendy Gioia et Elodie Koch. De quoi vivre plus sereinement cette période difficile ?
|
|
Comment rassurer les élèves…
Lors de toute séance de vaccination, mieux vaut être attentif à un élément essentiel : le stress des jeunes et les effets qu’il peut avoir sur tout un groupe, martèlent Wendy Gioia et Elodie Koch. Toutes les équipes le savent : cela commence par un·e seul·e élève stressé·e qui patiente un peu trop… et cela peut finir par une ribambelle de jeunes tombant comme des mouches.
Pour éviter de telles situations, il s’agit de repérer les élèves en panique et, à ce moment-là, d’imposer un ordre de passage en les faisant entrer en premier. Un simple et serein : « Toi (et peut-être aussi : ‘toi et toi’), suivez-moi » suffit. Un·e ami·e qui rassure peut bien entendu faire partie du voyage. Ou même un professeur. Rien n’empêche non plus de laisser un jeune écouter sa musique… En tout cas, une certitude : éloigner les enfants stressés du reste du groupe permet souvent d’éviter de perdre un temps précieux à s’occuper des malaises des copains/copines qui surviennent après avoir vu un élève qui fait déjà un malaise.
Les infirmières rappellent également qu’aucun n’élève ne sera forcé à être vacciné. Et, bien sûr, elles confirment que quel que soit l’âge de l’enfant, mieux vaut ne pas lui dire que cela ne fera pas mal. Chaque professionnel est invité à aborder la vaccination en toute transparence, à détailler ce qu’il va faire, à expliquer que l’on peut sentir le produit pénétrer, à admettre que ce n’est pas super agréable mais que la douleur ne durera pas. Ou à préciser qu’une chute de vélo est souvent bien plus douloureuse !
Bref, l’idée est de s’adapter à chaque élève. Ce qui implique de prendre parfois un peu plus de temps avant de piquer… afin d’éviter de devoir en prendre davantage pour calmer.
Mais le stress ne concerne pas seulement les jeunes. Certaines infirmières des services de la PSE ont dû, doivent ou devront se remettre aux vaccinations, alors qu’elles n’en pratiquaient pas ou plus, et parfois depuis un certain temps. Or cette situation est loin de les mettre toutes à l’aise (d’autant que certaines craignent, mais à tort, de ne pas être assurées en cas de problème). Là encore, Wendy Gioia et Elodie Koch rappellent qu’il est possible de faire appel à la cellule de soutien : elles peuvent vous accompagner en séance vaccination pour aborder les techniques de vaccination, et cela permet généralement de (re)trouver la confiance nécessaire. Il y a aussi la possibilité de suivre la journée de formation pratique à la vaccination subventionnée par l’ONE. https://www.one.be/fileadmin/user_upload/siteone/PRO/Brochures/Formations-PSE-2021-2022.pdf
Il y a encore des dates disponibles début 2022.
|
|
|
Prévenez les professeurs !
L’organisation de rencontres/moments d’échanges en classe est un moyen efficace de répondre aux questions des jeunes, même en une dizaine ou une quinzaine de minutes, assurent Wendy Gioia et Elodie Koch. Mais certains professeurs peuvent hésiter à y consacrer du temps : ils « ont un programme à finir », ou « pas le temps pour cela » et il est donc parfois compliqué d’intégrer ces séances d’informations dans leur temps de cours. De plus, dans la majorité des cas, les directions ne veulent pas aller à l’encontre de ce que les professeurs demandent, afin de ne pas les mettre dans l’inconfort et pour respecter leur personnel.
Pourtant, ces animations constituent de bons outils de sensibilisation. Et lorsqu’elles se déroulent en présence des professeurs, c’est mieux encore. Ne serait-ce que parce que ces figures d’autorité connaissent leurs élèves, peuvent initier le sujet au travers de leurs cours (français, sciences, mathématique…) tout en suivant le programme, et sont également parfois utiles pour assurer le calme de la séance…
|
|
|
Pour les jeunes, crise à tous les étages ?
|
|
Sur le plan de la santé mentale, les jeunes ont lourdement trinqué durant la pandémie. Ils ont et auront besoin de soutiens. Un avis du Conseil Supérieur de la Santé a fait le tour de la question et montre à quel point il est crucial de continuer à se préoccuper du bien-être de ce groupe d’âge.
|
|
En mai 2020 déjà, dans un avis sur la prise en charge psychosociale pendant la Covid-19, le Conseil Supérieur de la Santé (CSS) avait estimé que les jeunes constituaient un groupe particulièrement à risque quant à l’impact possible de la pandémie en matière de santé mentale. L’avis 9662 du CSS, en juillet dernier, a enfoncé le clou. Plusieurs études, rappelle cet avis, ont montré qu’en ces temps de pandémie, « la situation des enfants belges et particulièrement des adolescents et des jeunes adultes est très préoccupante en ce qui concerne leur développement scolaire, académique, social et leur santé mentale. »
|
|
En fait, les jeunes constituent un groupe « disproportionnellement vulnérable aux effets négatifs des restrictions mises en place pour lutter contre le virus ». En effet, les interactions sociales et les relations sociales avec les pairs constituent un besoin fondamental pour leur développement. Pour les étudiants du supérieur, les relations et les interactions sociales sont même estimées cruciales pour la réussite de leurs études.
|
|
Les inégalités sociales et d’apprentissage ont été aggravées par la crise. Pour les élèves déjà faibles avant le confinement, la fermeture des écoles a amplifié la perte des apprentissages scolaires. La perte ou la disparition des liens sociaux, entre enfants tout comme entre enfants et enseignants, a plongé certains jeunes dans l’isolement social et la solitude, avec la probabilité de niveaux élevés de symptômes dépressifs et anxieux, ou de comportements à risque.
|
|
L’avis publié en juillet dernier s’appuie sur l’inventaire des études concernant l’impact de la pandémie sur la santé mentale : ces études sont recensées par le Belgian Mental Health (care) Data Repository, créé par le CSS. Elles montrent qu’être jeune est un facteur de risque pour un impact plus important de la pandémie sur la santé mentale. Ce que soulignent aussi, par exemple, des recherches espagnoles et italiennes, c’est que l’adaptation de l’enfant a dépendu largement du climat général et des relations au sein de la famille.
|
|
En Belgique, une étude qui évaluait l’impact du premier confinement avait fait état d’une situation de détresse chez 35 % des enfants de 8 à 18 ans (pour 51,6 % des parents) : une association significative avait été relevée entre le stress péri-traumatique des parents (en particulier celui de la mère) et celui des enfants. Ce constat a été confirmé par une étude de l’université de Liège : il existe une corrélation entre la détresse des parents et celle des enfants, surtout chez les garçons.
|
|
|
Du côté des étudiants, l’étude menée en 2021 dans 6 universités, 19 hautes écoles et 16 écoles supérieures auprès de 23 307 adultes de 18 à 25 ans, fait état de symptômes d’anxiété et de dépression élevés (50 %). On remarque aussi 60 % de répondants faisant état d’insomnie, de perte d’appétit, d’isolement. Parmi ces jeunes, 20 % ont admis des pensées suicidaires et 57 % une perte de confiance dans l’avenir. L’émotion la plus fortement ressentie était la colère. On note aussi que 15 % avaient fait appel à une aide et que 18 % ont déclaré vouloir le faire… Mais comme le rappelle le CSS, les listes d’attente sont longues et il n’est actuellement pas possible de proposer à chacun les soins dont il aurait besoin.
|
|
Dans ses recommandations, le CSS souligne la nécessité de créer des conditions adéquates pour soutenir les jeunes, et surtout les plus vulnérables d’entre eux. Le CSS pointe aussi l’importance de restaurer le plus rapidement possible les interactions sociales et le soutien social, des facteurs essentiels au maintien d’une bonne santé mentale chez les jeunes. Les experts évoquent également la nécessité d’une communication positive, qui redonne du sens, reconnaît les difficultés traversées par ce groupe d’âge ainsi que leurs efforts.
|
|
L’adaptation (et la cohérence) des discours sanitaires au sein des écoles est également un élément utile à la reconstruction. Le CSS met en avant l’importance de la promotion de la santé, en particulier au sein de l’école, lieu structurant, encadrant, et socialisant pour les apprentissages sociaux et psycho-sociaux. Les acteurs scolaires, assurent les experts, devraient donc être impliqués dans la prévention en matière de santé mentale et soutenir la résilience (par exemple en permettant de gérer et d’exprimer ses émotions). Selon cet avis, le bien-être devrait être inscrit dans l’ensemble du processus académique.
|
|
Et si les lignes bougeaient enfin ?
|
|
Des lumières, malgré tout
Des études citées par l’avis 9662 du Conseil Supérieur de la santé montrent que l’enseignement à distance a permis à certains enfants de gagner en autonomie, malgré l’exigence d’un haut degré d’autodiscipline et de motivation pour maintenir les routines. Pour les plus timides, ce type d’enseignement aurait favorisé la communication et la spontanéité.
Selon l’étude Roskam & Mikolajczak, réalisée en 2020 sur 1221 parents francophones (dont 90 % de mères), un tiers des parents ont vu le confinement comme une opportunité : ils ont pu passer davantage de temps avec leurs enfants. L’étude SIGMA (KULeuven) menée en 2020 montre également que les adolescents ayant des interactions de qualité en famille ont mieux résisté. Ce constat confirme une autre réalité : un soutien social et de bonnes compétences sociales sont deux facteurs associés à une meilleure santé mentale. A l’adolescence, le bien-être mental est également très étroitement lié au bien-être social.
|
|
|
Un tableau pour les maux
Le Conseil Supérieur de la Santé a également publié, fin septembre dernier, un aperçu visuel de l'impact de la COVID-19 sur la santé mentale en Belgique en 2020. Il se fonde sur les données du Belgian Mental Health Data Repository (BMHDR). Cette infographie est téléchargeable via le site Web du CSS (info.hgr-css@health.fgov.be).
|
|
|
Consentement - « Si c’est pas oui, c’est non » (NDLR : la faute de syntaxe est d’origine…) : autour de ce slogan, l’ULB a lancé, en septembre dernier, une campagne de sensibilisation afin de contribuer à l’éducation au consentement. L’objectif des initiateurs ? Faire des sites universitaires et festifs estudiantins des lieux sûrs pour tous et toutes. Dans ce but, outre la campagne déclinée via des flyers, des affiches, une présence sur les réseaux sociaux, une vidéo et des stickers, une formation au consentement a été organisée. Elle a visé, en premier lieu, les comitard·e·s des cercles reconnus, les délégué·e·s des associations et les agents de sécurité de l’ULB. Une safe zone a également été instaurée, afin de pouvoir accueillir toute personne se sentant insécurisée ou harcelée. Quant à la cellule Cash-e (le centre d’accompagnement et de soutien dans les risques de harcèlement des étudiant·e·s), elle a été renforcée. Plus d’infos sur https://www.ulb.be/fr/sante-et-bien-etre/si-cest-pas-oui-cest-non
|
|
De l’air, tout le temps ! - Les discussions autour de l’intérêt de disposer de capteur de CO2 dans les salles de classe afin d’améliorer leur sécurité en période de pandémie de Covid-19 a permis de remettre en lumière des études concernant les bienfaits de l’aération des locaux. Un article paru dans Le Figaro (1) rappelle que plusieurs recherches ont démontré que la quantité de gaz carbonique accumulée dans une pièce par la respiration est un bon indicateur de la qualité de la ventilation mais qu’elle a, aussi, des effets directs sur les performances psychomotrices.
Les chercheurs assurent que les résultats scolaires ou les capacités psychomotrices sur les lieux de travail baissent quand le taux de CO2 augmente. Une étude de 2016, réalisée à Harvard, a prouvé que les scores cognitifs sont supérieurs de 101 % dans un local bien aéré… ce qui n’est pas le cas d’un très grand nombre de salles des établissements scolaires. La même année, une autre étude, danoise cette fois, avait également conclu qu’une mauvaise ventilation, souvent due à la crainte de « refroidir » une classe en hiver, faisait baisser en moyenne de 30 % les performances scolaires des enfants.
(1) « L’aération bénéficierait aussi aux élèves à plus long terme », Cyrille Vanlerberghe, jeudi 2 septembre 2021.
|
|
Des outils pour (faire) parler
Parce que la parole et l’expression de soi, dans un cadre bienveillant, constituent de puissants leviers pour mieux se connaître ;
Parce que se connaître permet le dépassement de ses frontières intérieures ;
les outils présentés ci-après pourraient vous soutenir pour travailler l’expression avec les groupes.
|
|
Pour être informés des nouveaux outils et des nouveaux avis de PIPSa, cliquez ci-dessous.
|
|
|
La parole magique
Jeu d'éducation émotionnelle pour aider les enfants à exprimer leurs émotions, révéler leurs forces et découvrir leurs potentiels.
Le jeu valorise les qualités propres à l’enfance (enthousiasme, confiance, imagination…) pour développer/incarner l’humain en chacun. Les émotions partagées offrent des bienfaits immédiats : sentiment d’appartenance au groupe, empathie, renforcement du lien social.
Public : de 7 à 12 ans
|
|
|
Chaises et tables
Une série d'images de tables et de chaises, support de réflexion sur ma place et celle des autres : la place que j’occupe, et comment je l’occupe, celle que je veux prendre, celle que je dois partager, celle que je suis prêt·e à partager, celle dont je ne veux plus …
Utilisation individuelle ou collective
Public : à partir de 8 ans.
|
|
|
Dis ta vie
#Distavie permet aux adolescents de s’exprimer sur des sujets variés qui les concernent (la société, les relations, l’avenir, les souvenirs et l’identité).
Il développe la capacité à communiquer, exprimer son avis, et, par l’écoute, apprendre à respecter celui des autres.
Public : à partir de 12 ans
|
|
|
Dis, raconte
Support pour raconter, se parler, démarrer un groupe, amorcer une réflexion, initier un travail d’écriture...
Les cartes plongent au cœur de l’expérience vécue par chacun. Elles permettent l’expression de soi, à partir d’expérience vécue ou de rêves/préférences. Elles permettent d’exercer l’écoute et de découvrir la richesse/la spécificité de l’autre – dans sa différence.
Public : à partir de 7 ans
|
|
|
Vous avez utilisé un outil ? Qu’en pensez-vous ?
Qu’en avez-vous pensé ? Était-il adapté à votre groupe ? Quels aménagements avez-vous dû réaliser ?
Votre avis peut intéresser des collègues !
Sur www.pipsa.be, entrez le nom de l’outil que vous avez utilisé, onglet « avis des utilisateurs » et laissez un commentaire.
Les futurs utilisateurs vous remercient ! :-)
|
|
|
Vous souhaitez aborder des thématiques particulières ? Vous travaillez avec des publics spécifiques ? Vous souhaiteriez être orienté.e.s dans le choix d'outils intéressants ?
|
|
|
|
|
|