Promouvoir la santé à l'école est un e-Journal destiné aux professionnels·les de la promotion de la santé à l'école et, plus largement, aux personnes intéressées par les enjeux de santé en milieu scolaire.
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Sommaire
DOSSIER Pendant la crise sanitaire, la maltraitance infantile a continué et s’est développée, à l’abri des regards. Sur certains points, les équipes en charge de la PSE sont mieux armées qu’auparavant pour affronter cette problématique. Mais il reste encore du chemin à parcourir… Le Dr Florence Renard balise les questions en suspens, tout en rappelant des recommandations utiles. Quant à Etienne de Maere, conseiller maltraitance à l’ONE, il parle prévention… et liens à forger avec les équipes en charge de la PSE.
RECHERCHE Comment les professionnels de l’accueil de l’enfance ont-ils vécu le premier confinement ? Une étude du FRAJE a écouté 29 d’entre eux et tracé des pistes pour restaurer le bien-être des enfants.
EN BREF Des capsules vidéos sur l’hygiène des mains et celle des dents ; une étude française alerte quant à l’impact du confinement sur les enfants.
PIPSA Des outils pour faire vivre la bientraitance à l’école.
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Pour briser le plafond de verre de la maltraitance
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En mars 2020, l’ONE s’inquiète : avec le confinement, le nombre de signalements des cas de maltraitance a considérablement chuté, allant de moins 30 à moins 50 %. Aucune illusion à avoir, et aucun des professionnels de l’enfance n’en cultive : ce n’est pas que la maltraitance diminue. Elle est juste devenue (encore) moins visible, derrière les portes closes des domiciles et des enfants qui y sont enfermés. Pis, la crise sanitaire amplifie des situations familiales déjà précaires. Ou bien elle les révèle…
A peine plus d’un an plus tard, en avril 2021, dans un communiqué, les équipes SOS Enfants envoient « un cri de détresse ». Au premier trimestre, de nombreuses équipes ont fait face à une augmentation inquiétante des signalements. Plus 50 % dans la région de Charleroi, plus 45 % dans celle de Liège-Montlégia. Débordées, complètement engorgées, les équipes sont « obligées de renvoyer ces signaleurs, familiers ou professionnels, vers un réseau de soins psycho-social saturé lui aussi ».
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L’ONE vient de mener, durant deux ans, une campagne sur les violences familiales et leurs impacts majeurs sur les bébés, les enfants et les adolescents, rappelant que chacun a besoin de se sentir en sécurité. Mais parmi les dommages collatéraux de la Covid-19, figureront forcément ceux commis sur les enfants. Et parmi ces dégâts, la maltraitance et/ou la négligence risquent d’avoir pris leurs aises. D’ailleurs, pour certaines équipes en charge de la PSE, c’est déjà une évidence.
Certes, le repérage de la maltraitance n’est pas une mission explicite de la médecine scolaire, rappelle le Dr Florence Renard (lire son intervention dans l’article ci-dessous). Pourtant, les services de la PSE sont identifiés comme des services spécifiques d’aide à l’enfance maltraitée… Alors, que faire pour repérer, plus et mieux encore ? Comment améliorer un suivi renforcé qui, souvent déjà, posait problème avant la Covid-19 ? Comment détecter ces signes subtils mais répétés, susceptibles d’éclairer objectivement une situation complexe et d’alerter en amont, avant la survenue d’une crise ? Puisque rester seul pour agir n’est pas une option, et ne pas partager les informations pas davantage, que mettre en place pour que s’organisent (enfin ?) une communication et une collaboration entre tous les intervenants concernés par la maltraitance infantile (lire ci-dessous l’interview d’Etienne de Maere, référent maltraitance auprès de l’ONE, ainsi que l’article consacré à l’étude sur la négligence) ? Ces questions ne sont pas nouvelles. Mais comment accepter qu’elles puissent rester sans réponses ?
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On le sait : l’école est à l’origine d’une proportion importante de signalements de maltraitance. Elle est, aussi, responsable d’un taux très important de sous-signalements. Et la médecine scolaire ? Bien entendu, elle dispose d’un poste privilégié d’observation de la santé de l’enfant. Mais les obstacles qu’elle rencontre ne manquent pas. En 2014, le Dr Florence Renard écrivait dans une étude (1) : « La médecine scolaire, qui s’inscrit dans le champ de la médecine préventive, est limitée en ressources humaines, temporelles et matérielles. Elle est en difficulté pour assurer adéquatement l’évaluation puis la gestion du risque repéré chez un enfant en situation de vulnérabilité. »
En quelques années, pour certains points, les choses ont évolué plutôt favorablement, estime-t-elle dans un des articles de ce dossier. Cependant, il en reste d’autres qui restent plus problématiques. Or y a-t-il d’autres options que de permettre aux équipes d’être encore plus présentes en matière de maltraitance ? Et de l’être, comme l’écrivait le Dr Renard (2), sans « excès de zèle ni attentisme et sous-estimation » ?
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(1) « Enfants en situation de vulnérabilité médico-psycho-sociale repérés par la médecine scolaire : les oubliés des réseaux de soins ? » F.Noirhomme-Renard, Q.Bullens, A.Malchair, C.Gosset. Revue médicale de liège (2014).
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(2) « Le médecin scolaire et la suspicion de maltraitance à enfant : vers des recommandations de bonnes pratiques dans l’intérêt de l’enfant » F.Noirhomme-Renard, A.Blavier, S. Lachaussée ; C.Monville, C.Nihoul, C.Gosset. Revue médicale de Liège (2016).
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La maltraitance, une priorité. La nôtre
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D’après les rapports des services PSE, il y a moins de cas de maltraitance relevés par la médecine scolaire en FWB que dans les services équivalents de France ou du canton de Genève. Que (mieux) faire pour repérer et suivre les enfants maltraités ? Le Dr Florence Renard fait le point.
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Le jour de cette interview (en juin dernier), le Dr Florence Renard avait réalisé un constat de lésions sur une élève. La semaine précédente, cela avait été deux fois le cas… « Depuis le début de l’année, dans mon antenne, c’est la 42è situation de maltraitance pour laquelle nous intervenons», soulignait-elle en précisant qu’autour d’elle, dans d’autres équipes, elle voyait des collègues médecins et infirmières préoccupés par ces situations en nombre accru et, insistait-elle, prioritaires. Le Dr Florence Renard cumule les fonctions de médecin scolaire de terrain, dans une antenne liégeoise et de conseillère médicale pour l’ONE sur cette thématique de la maltraitance en particulier. Aucun doute : ces deux « casquettes » et son expérience de recherche à l’ULg, notamment, l’ont aidée à développer une vision globale de la maltraitance.
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Pour les services PSE, être depuis plusieurs années sous tutelle de l’ONE – organisme pour lequel cette thématique est prioritaire - a permis d’instaurer un peu plus de formation sur le sujet au sein des équipes (matinées de formation, formation annuelle proposée aux nouveaux agents…), constate-elle. De plus, ajoute-t-elle, plusieurs projets actuellement en cours visent à renforcer le partenariat avec les équipes SOS Enfants, mais aussi le recensement des situations ou l’instauration de bonnes pratiques, ce qui devrait être également bénéfique. Mais cela nécessite du temps…
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En attendant, ses réflexions, ses constats et ses recommandations de bonnes pratiques sonnent comme autant de feux rouge, orange ou vert susceptibles de guider les services de la PSE.
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Le repérage, une histoire qui roule ?
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Fondamentalement, les services PSE constituent une vraie possibilité de repérage, tout d’abord lors du bilan de santé. Une faible courbe de poids, une hygiène corporelle problématique, une pédiculose non traitée… voilà autant de signes susceptibles d’alerter, tout comme les autres facteurs de risques connus (1). Des équipes ont également placé la maltraitance au centre de leur projet de service (développement de bonnes pratiques, sensibilisation au sein des écoles, suivi renforcé…) même si, pour toutes, le suivi médical inclut la maltraitance.
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En pratique, presque toutes les équipes sont confrontées à des situations de maltraitance, à des degrés divers, rappelle le Dr Florence Renard. Cependant, d’après les données PSE, certains services semblent ne pas en rencontrer, ou alors très peu. Ou bien, ils n’en font pas mention. « Il est vrai que la définition de la maltraitance est difficile, et que si l’on ne considère que les constats de lésions réalisés, par exemple, les chiffres sont relativement faibles par rapport à la population scolaire. »
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Certes, les facteurs de risque susceptibles d’attirer l’attention, comme les difficultés familiales chez des parents jeunes, la précarité, des familles plus nombreuses ou fragiles (1), sont davantage concentrés dans certains établissements que dans d’autres. Ces écoles aux indices socio-économiques faibles sont plus fréquemment situées au sein de certaines régions (dans certaines communes bruxelloises, dans le Hainaut ou le bassin sidérurgique liégeois). Néanmoins, si toutes les équipes ne sont pas confrontées de la même façon à cette problématique, toutes le sont, insiste-t-elle. Il s’agit donc d’y être attentifs et repérer les signes pouvant l’indiquer. En effet, la maltraitance (y compris sexuelle) concerne tous les milieux sociaux et ce même si, pour certains intervenants, cette réalité n’est pas toujours aisée à envisager.
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Dans les rapports établis par les équipes mentionnant les « situations auxquelles l’équipe a été confrontée », les constats de lésions sont les plus « faciles » à indiquer et à chiffrer. Actuellement, d’après ces rapports, on obtient approximativement un résultat d’1 élève sur 1000 qui serait concerné par une maltraitance (toutes formes confondues), soit bien moins que ce qui est indiqué par des services équivalents en France (3 pour 1000) ou dans le canton de Genève (3,5 pour 1000) (2). « De plus, en FWB, certaines antennes concentrent beaucoup des cas recensés », remarque le Dr Renard. Malgré les formations mises en place et la sensibilisation autour de cette problématique, assisterait-on toujours à une sous-estimation des cas de maltraitance ?
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Un autre facteur peut expliquer les différences de nombre de cas déclarés par les équipes. « Nous ne nous trouvons pas dans un cadre unique, avec une procédure d’appel standardisée vers les services PSE, fait remarquer le Dr Florence Renard. En effet, le directeur de l’établissement concerné par une suspicion de maltraitance sur un enfant peut faire appel à nous… ou bien ne pas le faire : la PSE n’est pas la seule voie de recours. »
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De fait, le décret maltraitance de 2004 implique les équipes en charge de la PSE mais, aussi, les équipes PMS (qui n’ont pas non plus une mission explicite en matière de repérage de la maltraitance et dont la mobilisation, dans ce genre de situation, s’avère très diverse), les équipes SOS Enfants et le SAJ. « Ce décret ne prévoit pas une démarche-type, transposable aux différentes situations. Il y a un manque, constate-t-elle. En fait, il y a trop de flou par rapport à ce que peuvent faire les écoles, un manque au niveau de l’articulation des différents professionnels autour de l’enfant. Souvent, les services PSE ne sont alertés que tardivement, alors qu’il y avait déjà des signes d’alerte en amont. Ou bien le directeur va vers l’un ou vers l’autre, y compris en fonction de ses propres ressources, puisque certains disposent d’éducateurs mais avec, peut-être, une façon de travailler différente des PSE et des PMS. »
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Le Dr Renard a découvert récemment une circulaire de l’Enseignement (7714) adressée aux directeurs des établissements avec un document type à adresser au SAJ en cas de suspicion de maltraitance. Ce document figure donc parmi les outils des directeurs, « mais les équipes PSE n’en ont jamais été informées, constate-t-elle. Aux yeux du milieu scolaire, le SAJ est-il un organe contactable pour tout signalement avant le service en charge de la PSE ? Ou bien en même temps que lui et la PMS ? De plus, cette circulaire n’est pas très cohérente avec une autre (7449) mentionnant les équipes PSE et PMS comme première ligne. C’est à s’y perdre », constate-t-elle.
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En tout cas, « un état des lieux intersectoriel permettant de savoir où la FWB se situe en matière de maltraitance infantile (données issues de chaque secteur, clarification du 'qui-fait-quoi ?'…), serait le bienvenu », assure-t-elle. « Il n’existe en effet, actuellement, aucun recensement exhaustif. Les seules données diffusées chaque année sont celles du SAJ et des équipes SOS Enfants, mais elles ne représentent que la partie émergée de l’iceberg. Et l’on sait par ailleurs que ces services sont débordés… »
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Autre point négatif : les moyens humains sont très variables en fonction des équipes PSE. « Ce constat fait actuellement l’objet d’une étude afin d’envisager un refinancement là où cela s’avère nécessaire, pour que toutes les équipes PSE puisse offrir les mêmes services aux élèves », précise le Dr Florence Renard. De quoi, peut-être, permettre à terme la présence d’assistantes sociales dans tous les services ? Actuellement, la législation ne l’impose pas. Certaines équipes en ont, d’autres pas. « Ce serait, il est vrai, un plus en matière de repérage et de suivi de la maltraitance », estime-t-elle.
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« En général, on appelle l’équipe PSE pour une situation qui pose question et/ou pour un constat de lésions, puisqu’un constat médical est alors nécessaire. L’équipe tente d’évaluer l’urgence et la gravité de la situation, ce qui n’est pas facile. Pour la nature de l’intervention PSE, c’est toujours au cas par cas : il faut comprendre si l’on est dans un contexte de ‘pétage de plomb’ ponctuel, susceptible d’arriver dans une famille lors d’un contexte particulier, ou une maltraitance chronique, bien différente, avec un enfant qui grandit dans un climat de stress, d’humiliations, de brimades, de menaces… Ou encore une situation de suspicion de maltraitance sexuelle… », détaille le Dr Florence Renard.
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En réalité, les définitions de la maltraitance sont larges et les situations-types très diverses. Elles peuvent être ponctuelles, chroniques, récurrentes… et leur impact sur l’enfant peut varier fortement. Que compter et comptabiliser dans les rapports ? « Très souvent, les équipes PSE rencontrent des situations d’enfants victimes de 'négligence de soins' ou d’autres négligences par rapport à leurs besoins : une pédiculose chronique, des soins dentaires non effectués, une hygiène problématique. On voit aussi des enfants sous-stimulés, en retard dans l’apprentissage de la propreté, du langage, sur le plan de la psychomotricité ou des relations sociales. L’envoi vers un neuropédiatre pour un bilan approfondi est parfois nécessaire pour objectiver le retard plus précisément et permettre une intervention précoce. En pratique, actuellement, dans le contexte sanitaire que nous vivons, on observe des enfants de maternelle qui présentent de gros retards de développements. Certaines institutrices le constatent aussi », assure-t-elle.
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Pour affiner les repérages, le Dr Florence Renard pointe plusieurs situations de nature à alerter les intervenants de la PSE :
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- un absentéisme inquiétant (il touche souvent les milieux défavorisés) et un décrochage scolaire, qui débute parfois dès la 3ème maternelle. Ces phénomènes sont plus perturbants encore lorsqu’ils sont couverts par des certificats médicaux, une situation loin d’être rare (elle en voit plusieurs par an) et qui existait déjà avant la Covid-19. « Ces certificats, qui couvrent souvent des fragilités sociales, ne rendent pas service à l’enfant, insiste-t-elle. De plus, quand on finit par faire appel à l’équipe PSE et que nous appelons le médecin concerné, il est déjà très tard. Il faut conscientiser les médecins généralistes, parfois embobinés par les discours parentaux cachant des maltraitances. »
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Problème : bien que l’absentéisme soit un signal d’alarme, les équipes PSE ne sont pas en 1re ligne pour en être informées. L’inspection scolaire, les centres PMS et même, parfois, des équipes scolaires mobiles le sont avant elles. Résultat : l’information ne parvient pas toujours aux services, ou alors tardivement.
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- Des modèles d’éducation « différents », qui utilisent la « violence éducative », avec des punitions (à coup de ceinture ou de bâton, par exemple, parce que « dans la famille on a toujours fait comme ça »), peuvent poser problème. Cette situation est d’autant plus délicate qu’aucune autre maltraitance n’est exercée sur l’enfant. « Les directions sont mal à l’aise face à de tels cas et, parfois, elles préfèrent fermer les yeux, constate-t-elle. La maltraitance est parfois révélée à la faveur d’animations à l’école (par exemple sur le bien-être) au cours desquelles l’enfant parle. »
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- Les enfants au centre de difficultés conjugales ou qui vivent dans un contexte familial à risque (problèmes de santé mentale d’un ou des deux parents, alcool, toxicomanie, prison pour l’un des parents…) doivent faire l’objet d’une attention particulière. Il en va de même lorsque dans la famille, les parents sont dépassés. Cette situation survient notamment dans des fratries très nombreuses, vivant dans des logements exigus ou lorsqu’il y a de fréquents changements de compagnons ou lorsque la mère est seule… Enfin, il s’agit d’être vigilant aussi lorsqu’une nouvelle situation « compliquée » vient s’ajouter aux difficultés précédentes…
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Conclusion ? De manière générale, on doit considérer que les enfants à risque le restent. Cela signifie qu’un suivi renforcé peut être requis ou nécessaire, le PSE étant un peu « vigie ». C’est le principe de « l ’universalisme proportionné » : le suivi médical préventif pour tous, mais une attention accrue pour les enfants les plus vulnérables. « Souvent, lors d’une intervention, on retombe sur des situations pour lesquelles il y en avait déjà eues », remarque le Dr Florence Renard.
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Pourquoi croire aux forces de la PSE
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Malgré toutes les difficultés, et il en y a, les services en charge de la PSE disposent de nombreux avantages en matière de repérage et de suivi de la maltraitance.
« Le caractère obligatoire du bilan de santé, qui entraîne l’existence d’un dossier médical (parfois le seul dont dispose l’enfant), et le contact individuel avec chaque élève sont des atouts certains », estime le Dr Florence Renard.
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De plus, souligne-t-elle, les services en charge de la PSE se trouvent au carrefour de beaucoup d’informations : « Ils disposent de celles fournies par les parents. Les questionnaires qu’ils remplissent, s’ils englobent des items relatifs à la santé ‘globale‘ et pas seulement au côté biomédical, peuvent nous alerter quant à leurs inquiétudes concernant leurs enfants, mais aussi nous informer de leur mode de vie et de leurs comportements. Les constats des enseignants, et ceux de l’équipe PMS parfois, constituent autant d’alertes possibles sur des situations complexes vécues par certaines familles. On dispose donc d’une vision globale de l’enfant, y compris de son bien-être, et d’un suivi dans le temps. En effet, on voit l’enfant dans la durée et dans l’espace puisque le dossier ‘suit‘ l’enfant ou devrait le suivre. » D’ailleurs, il s’agit d’un point d’attention pour des familles qui ont bénéficié d’un suivi spécifique : si, lors d’un changement d’école ou du passage au secondaire, le nouveau PSE ne réclame pas le dossier, il faut s’en inquiéter. « Trop de dossiers sensibles restent dans des tiroirs en attente d’être demandés : même s’il est parfois compliqué de trouver dans quelle école se trouve l’élève, il s’agit d’être pro-actif sur ce point pour les enfants à risque, et ce dans l’intérêt de l’enfant », précise-t-elle.
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En revanche, le temps est l’ennemi des services, un ennemi renforcé par l’absence de moyens. En effet, le temps est une donnée essentielle afin de pouvoir accorder un suivi optimal. En pratique, remarque le Dr Renard, lorsque seuls les services de la PMS et ceux en charge de la PSE sont impliqués, ce suivi peut s’avérer difficile : « On revoit l’enfant un an plus tard, en bilan sélectif, mais on aimerait faire davantage…, dit-elle. Le décret de 2001 sur la PSE prévoyait une baisse de la fréquence de bilans généraux au profit de bilans sélectifs de santé, spécifiques. Cette possibilité est globalement peu utilisée et c’est peut-être quelque chose à prioriser. »
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Une série de bonnes pratiques
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Plusieurs balises permettent de mieux repérer la maltraitance et d’assurer le suivi des situations.
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- « Sur le plan global, une rencontre annuelle avec chaque direction d’école et en présence du CPMS permet de se connaître et de voir de quelle manière on fonctionnera en cas de situations de maltraitance, et/ou comment les actions des uns et des autres seront articulées, recommande le Dr Florence Renard. Cette rencontre est d’ailleurs prévue par le décret sectoriel des écoles. Mais souvent, les équipes PSE manquent de temps… Sur le plan coût-bénéfice, c’est pourtant certainement très rentable. »
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- Par ailleurs, sur le plan de la prévention, « il faut peut-être pouvoir se donner de la souplesse afin d’adapter les priorités du service en fonction des caractéristiques de la population sous tutelle. Cela implique par exemple de réfléchir au fait de prioriser des bilans spécifiques par rapport à d’autres missions lorsque c’est nécessaire », ajoute-t-elle. Cette priorisation s’applique aussi lors de toute situation dans laquelle un enfant se confie, ce qui conduit médecins et infirmiers à se focaliser aussitôt sur ce cas. Cette recommandation est évidemment plus difficile à suivre dans les services qui ne disposent pas des mêmes moyens que les autres (voir 25 enfants sur une matinée plutôt que 12 ou 14, c’est très différent…) ou qui, souvent, fonctionnent avec un seul médecin, ce qui ne permet pas d’entraide « entre circuits ». Il n’empêche : il peut arriver d’annuler une consultation pour gérer la situation, la maltraitance étant parfois une urgence ». Une des difficultés, c’est qu’il n’y a pas toujours de médecin tous les jours dans les antennes…
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- La transmission des dossiers entre équipes PSE doit être effectuée dès un changement d’école et, donc, pour tout enfant qui arrive dans une école. Par ailleurs, de fréquents changements d’école peuvent être le signe d’enfants à risque… Voici une piste à suivre : questionner systématiquement la direction et ce, de manière récurrente sur l’année scolaire, afin de savoir si ses listes d’élèves sont à jour…
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- Par ailleurs, même si le travail de lecture d’un dossier prend du temps, préparer le bilan de santé, sans omettre, dans certains cas à risque ou éveillant la suspicion, de remonter à quelques années précédentes, est un atout important.
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- En début de consultation, un entretien avec l’enseignant, sur le développement global de l’enfant (obligation légale en 1ère maternelle) est un temps précieux. Il permet d’entendre ses inquiétudes, d’écouter parler des fragilités familiales. « Systématiquement, je les reçois au cabinet, détaille le Dr Florence Renard. Ils sont des experts, au regard bienveillant et précis (lire l’encadré ci-dessous). Cette rencontre leur permet, aussi, de déposer leurs inquiétudes. Certains ont des carnets où ils notent ce qu’ils remarquent. D’autres ne sont pas très à l’aise avec ce regard préventif, ils disent ne pas pouvoir ‘avoir toutes les casquettes’, ne pas vouloir ‘entrer dans la vie privée’ mais, quand ils ont des inquiétudes, ils les partagent. Ce moment est parfois 'pivot' pour l’instauration d’un suivi renforcé. »
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- Statistiquement, les frères et sœurs d’un enfant maltraité ont plus de risques, eux-aussi, d’être victimes : il s’agit donc d’avoir « le réflexe fratrie » et, au moins, de noter l’alerte dans leur dossier. Une « fiche fratrie » (document en début de dossier mentionnant la fratrie sous la tutelle du PSE) est très utile : « Si l’équipe est appelée pour un enfant, tous les dossiers médicaux des frères et sœurs sont sortis aussi, consultés et annotés », explique-t-elle.
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« L’équipe peut aussi, si c’est possible, inviter les parents à venir avec les enfants (comme en consultation ONE), précise-t-elle. Parfois, un contact avec l’ONE ou avec le service en charge de la PSE précédent s’avère également utile ou pertinent. Ensemble, on partage ses inquiétudes, on voit si un suivi avait déjà été mis en place, on considère le type d’orientation possible (le SAJ ? le Parquet si la situation est grave ?). »
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- Lorsque des inquiétudes émergent à propos d’un enfant au sein de l’équipe PSE ou sont rapportées par l’école ou le PMS, le Dr Renard recommande de l’inscrire pour un bilan sélectif afin de ne pas laisser un délai trop long avant de le revoir. « Tout cela est fait en toute transparence avec les parents : ils reçoivent un courrier disant que tous les enfants ne sont pas revus cette année scolaire-là, mais qu’un bilan de santé est prévu pour leur enfant, afin de réévaluer la situation, précise le médecin scolaire. Les parents s’y opposent rarement. »
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- Si un enfant est absent à la consultation, il s’agit de savoir pourquoi et de s’y intéresser activement. Il arrive que l’enseignant dise : « C’est justement de lui dont je voulais vous parler », ou bien s’étonne ou trouve cela « bizarre ». A défaut d’avoir demandé le motif de l’absence, on prend donc le risque de laisser certains enfants échapper au regard du médecin deux ans de plus…
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« Il ne s’agit pas de voir de la maltraitance partout, mais l’hypothèse d’un enfant à risque doit être exclue, les enfants à risque de maltraitance étant proportionnellement plus nombreux parmi les absents », souligne-t-elle. Après avoir demandé à l’enseignant, il peut être utile de reprogrammer un autre moment pour revoir le ou les enfants concernés. Comme pour le décrochage scolaire, un refus de bilan de santé ou une soustraction à son déroulé peut être un signe d’appel face à une situation de maltraitance. Un contact avec les parents est parfois nécessaire pour rappeler le caractère obligatoire du bilan et les inviter à présenter l’enfant. À défaut, et en cas de forte inquiétude, cela peut aller vers le signalement au SAJ. »
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- Une bonne communication et coordination entre les services est bien entendu une force. Mais nul ne l’ignore : dans la « vraie vie », ce point reste une difficulté, tout comme le manque de ressources des services. Face à la maltraitance, trois secteurs (la jeunesse, l’enseignement, la petite enfance) et donc plusieurs ministres, sont impliqués, et chaque intervenant (PSE, PMS, SAJ, SOS Enfants) dispose de textes légaux différents. En pratique, « la communication fait souvent défaut, y compris par manque de temps des services, comme par exemple parfois entre la PSE et les centres PMS ».
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« Lorsqu’un cas de maltraitance survient de manière imprévue à l’agenda, la collaboration avec le CPMS est recommandée mais elle reste parfois restreinte selon les disponibilités, admet le Dr Renard. Quant au feed-back des SAJ lorsque l’enfant leur a été orienté, il est rare, mais cela peut être variable selon les régions. Les équipes PSE quémandent des informations (tout comme auprès du service hospitalier dédié à la maltraitance). Généralement, le service en charge de la PSE ignore quand l’enfant a été de retour à l’école, et le suivi éventuel qui a été mis en place… mais il arrive que l’établissement nous appelle de nouveau pour cet enfant, quelque temps plus tard. Nous sommes encore des alerteurs et des orienteurs trop souvent oubliés. »
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(1) Pour en savoir plus sur ce point (et beaucoup d’autres), lire le dossier : « Le Constat de lésions. Recommandation pour la médecine scolaire », publié en 2018 par l’ONE avec le soutien de la FWB.
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(2) Réf. France : Anne Tursz, Pascale Gerbouin-Rérolle, « Enfants maltraités – Les chiffres et leur base juridique en France », INSERM 2008, 215 p. Réf. Genève : Maneff C. et collaborateurs, « Maltraitance repérée dans le cadre scolaire à Genève : regard sur ces dix dernières années », Revue médicale Suisse 2014 ; 10 : 1517-21.
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« Si nous ne le faisons pas, qui le fera ? »
Dans une étude, 19 enseignants de la région liégeoise ont raconté leurs vécus, leurs ressentis et leurs difficultés face aux négligences dont sont victimes trop de leurs élèves. Leurs récits passionnants devraient parler aux médecins scolaires…
Pour les 19 enseignants d’écoles à indices socio-économiques faibles qui ont témoigné dans une étude publiée en 2017 (1), les négligences dont sont victimes certains de leurs élèves (de la 1ère maternelle et jusqu’à la 2ème primaire) sont loin d’être rares. En moyenne, ce phénomène touche de 3 à 4 de leurs élèves sur 20, avec des conséquences multiples potentiellement graves.
Que constatent ces enseignants ? Le plus souvent, en premier lieu, ils évoquent des négligences physiques (avec un manque d’hygiène), par des négligences alimentaires, vestimentaires, éducatives, mais aussi par un manque d’intérêt des parents pour l’école et pour le développement de l’enfant (l’enfant accumule les absences injustifiées, les parents ne sont jamais présents), des négligences affectives et de soins (dents non soignées, poux non traités). De la violence et des coups ont également été mentionnés.
Des signes évocateurs sautent parfois au nez (problème d’odeur) et aux yeux, avec des vêtements inadaptés, un enfant chétif. Parfois aussi, « Il suffit de l’écouter », rapporte un enseignant. En revanche, pour un enfant triste, introverti ou au contraire rebelle et violent, comment être sûr d’un lien avec une négligence ? Le comportement des parents en public (« Ils lui parlent comme à un chien ») met parfois la puce à l’oreille.
En tout cas, ce repérage est « délicat », confie un témoin. Et il l’est d’autant plus qu’en majorité, les instituteurs n’ont pas été formés aux signes auxquels ils devraient être attentifs et ils craignent de « passer à côté ». Le refus de dialogue de l’enfant, ou ses mensonges, un contact difficile avec les parents lorsque les enseignants demandent à les voir - et qui mentent, manipulent ou refusent le dialogue - compliquent encore parfois les situations. Bardés de multiples casquettes, certains admettent aussi se sentir parfois dépassés par ce rôle…
Ce qui ressort aussi de leurs témoignages, c’est qu’ils se sentent démunis et limités dans leurs champs d’action. Pourtant, ce n’est pas faute d’essayer d’agir. La plupart pallient eux-mêmes aux besoins de l’enfant lorsqu’ils peuvent les combler. Ils donnent des collations, débarbouillent, apportent des vêtements de leurs propres enfants (ou en collectent), font des petites leçons d’hygiène en classe… Ceux qui essaient de rencontrer les parents précisent aussi que la tâche s’avère difficile.
Certains instituteurs en parlent à leurs collègues, d’autres à leur direction. Souvent, le problème est géré en interne. L’idée de perdre la famille, avec la crainte d’un retrait de l’enfant ou d’une fratrie, peut gêner toute intervention lorsque le quota du nombre d‘enfants inscrits à l’école risque d’être mis en péril… Dans ce cas, raconte un enseignant, on « ferme les yeux ». Toutefois, il arrive aussi que la direction interpelle un service extérieur.
Les instituteurs·trices assurent mal connaître les rôles des services médico-sociaux qui gravitent autour de l’école. En pratique, disent-ils, il y a peu de contacts avec eux. Souvent, le recours à ces intervenants est tardif. En fait, confrontés à des cas de négligences répétés, les enseignants ne savent pas vers qui se tourner et ils ne connaissent pas les limites de leurs rôles. De manière plus précise, les services en charge de la PSE et du PMS sont perçus comme lents, débordés, en manque de personnel. « Les équipes PSE convoquent parfois les parents… qui ne viennent pas toujours », rapportent les témoins.
De plus, ces derniers déplorent un manque de suivi et de communication entre les services compétents et parfois, au bout du compte, « l’essoufflement » des enseignants. L’étude tranche : « Il y a beaucoup d’acteurs, peu de collaboration, peu de concertation, les rôles sont mal définis : au final, la prise en charge est défaillante. »
L’étude souligne aussi que les enseignants restent en attente : ils aimeraient mieux connaître les services des 1ère et 2ème ligne, clarifier les rôles, avoir un retour quand ils contactent les services extérieurs et être impliqués dans le suivi, sortir de cette frustration (et du découragement qui peut en découler) de repérer puis de ne pas être impliqué. En fait, confrontés à des situations de négligences, ils ont besoin de soutien.
Le bilan de cette étude ? L’école, lieu stratégique de repérage précoce pour une aide adaptée aux enfants et aux familles vulnérables, abrite des experts souvent motivés. « Si nous ne le faisons pas, qui le fera ? », interroge un enseignant. De quoi renforcer cette impression que le vécu des enseignants ressemble, sur beaucoup de points, à celui des équipes de la PSE et qu’il y a, entre eux, encore plus de ponts à construire ?
(1) « Les enfants négligés : le regard d’enseignants de classes maternelles et primaires », F.Noirhomme-Renard, A.Lafalize, C.Gosset. Elseviere (novembre 2017).
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De pompier de la maltraitance
à promoteur de bientraitance
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Les onze référents maltraitance de l’ONE occupent une place « à part ». L’un d’entre eux, Etienne de Maere, explique leur rôle. Et plaide pour intensifier les contacts avec les équipes PSE, dans l’intérêt des enfants.
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L’histoire des référents maltraitance de l’ONE a commencé il y a une quinzaine d’années. A cette époque, un audit montre que les TMS (travailleurs médico-sociaux, devenues les PEP’s, pour Partenaires Enfants -Parents-) disposent d’une très grande autonomie. Mais - revers de la médaille - ils travaillent dans une grande solitude et affrontent des situations parfois très lourdes. Alors que les PEP’s ont la responsabilité de décider de la nécessité d’un suivi renforcé, exercé dans ou en dehors de la famille, l’audit révèle qu’il leur arrive de se sentir comme englués au sein de certaines histoires familiales. « Il a alors été décidé de leur proposer le soutien d’un référent, spécialiste de la maltraitance et des situations de vulnérabilités », explique Etienne de Maere.
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Actuellement, l’ONE compte onze référents maltraitance répartis sur l’ensemble de la FWB. Ils n’ont pas pour mission d’évaluer les PEP’s, ne font pas partie de leur cadre hiérarchique et respectent le secret de ce qu’ils leurs confient. Tiers appelables à tout moment, les référents maltraitance soutiennent ces intervenants de terrain et leur offrent un temps d’arrêt et d’élaboration sur leurs pratiques. Leurs regards extérieurs aident à l’élaboration d’un projet dans lequel l’enfant est au centre des interventions. Mais le rôle de ces « ex-pompiers de la maltraitance », selon l’expression d’Etienne de Maere, consiste aujourd’hui principalement à éviter ou à prévenir négligences et maltraitances grâce à des actions les plus préventives possibles. Enfin, les situations de négligence ou de maltraitance rencontrées étant émotionnellement très prenantes, le référent veille à canaliser et soutenir les émotions des intervenants de premières lignes.
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« On sait que l’ONE peut intervenir en période prénatale, en périnatal et dès la naissance lorsqu’une situation de vulnérabilité est repérée, poursuit-il. Il est alors envisageable de proposer des balises telles des aides-familiales, le soutien de sages-femmes ou l’inscription de l’enfant dans une crèche pour prévenir le risque de maltraitance. Lorsque les PEP’s remarquent des situations à risque ou constatent que des vulnérabilités multiples s’accumulent au sein d’une famille (problèmes d’argent, violences conjugales, toxicomanie…), un suivi renforcé peut aussi être mis en place. »
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Le référent maltraitance rencontre régulièrement les PEP’s effectuant ce suivi renforcé. Ensemble, ils font le point de la situation. « La photo familiale de départ est-elle la même ? S’est-elle embellie ? Au contraire, la situation est-elle plus délicate ? Nous réfléchissons pour, parfois, réorienter les actions », détaille Etienne de Maere.
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Le questionnement de base des PEP’s et de son référent maltraitance porte sur les besoins de l’enfant : la majorité d’entre eux sont-ils comblés ? « Lorsque ce n’est pas ou plus le cas, il est possible de soutenir voire de pallier aux compétences parentales en faisant appel aux services de 1ère ligne (le CPAS, une crèche, un planning…) ou, si cela ne suffit pas, et que nous sommes inquiets, en contactant l’aide spécialisée des SAJ ou de SOS Enfants, poursuit-il. Avec l’ensemble de ces mesures de prévention, les cas graves ou très graves pour lesquels on me contactait en urgence au début de mes fonctions ont largement décru. Ici, en Province de Namur, ce système fonctionne vraiment bien. »
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Il comporte pourtant des limites. La première est celle posée par les parents qui n’expriment pas tous le désir ou le besoin d’être suivis par l’ONE après la naissance de leur enfant, ou qui le refusent ultérieurement… L’entrée à l’école est également un moment crucial au cours duquel le contact s’achève souvent avec les familles.
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Soigner le passage de relais
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« Dans un modèle idéal, la fin de la prise en charge devrait être soignée et organisée, par exemple en organisant une réunion comprenant la famille, le PEP’s et l’infirmière du futur PSE. En pratique, c’est évidemment plus compliqué, d’autant qu’il arrive que l’on ignore dans quelle école ira l’enfant. Dans ce genre de situation, et pour autant qu’une prolongation de notre travail paraisse être une plus-value pour l’enfant, nous tentons de trouver cet établissement, une activité très énergivore. Nous proposons alors une rencontre au service PSE concerné, toujours avec la famille. »
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Selon Etienne de Maere, « un contact avec le service en charge de la PSE pour parler d’un enfant ayant fait l’objet d’un suivi renforcé devrait entrer dans les pratiques, ne serait-ce que pour signaler un retard de langage auquel il est important de rester attentif. » Cette piste à creuser est-elle encore plus intéressante en raison des conséquences de la crise due au Covid 19 ? Ce n’est pas à exclure.
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Pour les PEP’s, le confinement a bien souvent obligé à assurer des contacts avec les familles par téléphone, plutôt que des visites à domicile. « Il y a eu une perte de visibilité de situations qui étaient ‘sur le fil’ juste avant la pandémie, admet Etienne de Maere. Nous sommes partis sur l’hypothèse selon laquelle des situations s’étaient sans doute dégradées. De fait, beaucoup de problématiques sont apparues lors des déconfinements. Actuellement, de nombreuses questions se posent. Comment ces enfants vont-ils rebondir après avoir vécu dans un climat de stress ou, parfois, sans aucune stimulation ? Quel sera l’impact de cette crise sur le développement psychique de ces jeunes enfants ? »
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De surcroît, les familles les plus vulnérables sont souvent celles qui semblent avoir eu le plus de mal à remettre les enfants à l’école. « Or l’absentéisme scolaire et l’irrégularité de la présence d’un enfant à l’école sont des indicateurs qui doivent attirer notre attention, poursuit-il. De même, lors de l’examen médical, les cassures de courbes sont un élément parlant. » Voilà pourquoi aussi il considère que les équipes PSE sont de véritables partenaires.
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« Qu’elles agissent en 1ère ou en 2ème ligne, elles forment un maillon dans la chaine contre la maltraitance et constituent un relais pour les enseignants, assure-t-il. Il y a tout à gagner à ne pas rester seul, à se parler et à travailler, ensemble, les possibilités destinées à assurer le futur d’un enfant, en s’inscrivant dans une chaîne de bientraitance. » De là à imaginer que la généralisation de la fonction de référents maltraitance pourrait être un soutien efficace pour les équipes PSE, il n’y a qu’un pas. A franchir bientôt ?
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La prévention, un parcours au long cours…
Ce n’est pas une fatalité ni une malédiction à laquelle on n’échappe pas. Néanmoins, la maltraitance passant de mères en mères vient d’être mise en lumière par une étude australienne…
Devient-on maltraitant de mère en mère ? Pour mieux le savoir, une étude australienne a suivi plus de 38 500 couples mères-enfants de 1986 à 2017. L’objectif était de « tenter de comprendre plus finement la transmission intergénérationnelle de la maltraitance sur les enfants », explique l’une des chercheures impliquées.
Résultat : 83 % des cas de négligence ou de maltraitance constatés sur les enfants (2 631 en tout) concernent ceux dont les mères avaient eu des antécédents de contacts avec les services de protection de l’enfance australien. Un enfant dont la mère a fait l’objet d’au moins une « information préoccupante » durant son enfance a 2,47 fois plus de risque d’être maltraité qu’un enfant d’une mère inconnue par les services compétents. Ce chiffre atteint 6,25 si la mère a été placée jeune, et un temps significatif, hors de son foyer familial. Bref, l’étude montre « un très fort risque de maltraitance familiale pour les enfants dont la mère a été maltraitée enfant »(1).
La transmission intergénérationnelle de la violence, facteur de risque connu et pressenti par les spécialistes, serait donc confirmée et objectivée. Un des résultats de l’étude pointe également un risque considérablement accru pour l’enfant si sa mère a été victime de violences ou d‘abus avant l’âge de 1 an (bébés secoués, violences graves…) ou entre 13 et 17 ans (violences sexuelles).
Les chercheurs australiens soulignent également d’autres facteurs aggravant le niveau de maltraitance des enfants : une maternité précoce, le fait d’être seule pour gérer le quotidien, d’avoir au moins 4 enfants ou d’avoir été hospitalisée pour des problèmes de santé mentale. Autant de pistes pour travailler autrement la prévention du côté des familles et pour améliorer les placements des enfants ?
Réalisé d’après l’article « Rompre le cycle de la maltraitance intrafamiliale », paru dans Le Monde (26 mai 2021. Rubrique Science & Médecine, p.25).
(1) Ces résultats ont été publiés dans The Lancet Public Health, le 30 avril 2021.
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Les leçons (pratiques) d’un confinement
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A partir de témoignages de professionnels, le FRAJE a mené une étude (1) sur l’accueil de l’enfant pendant le premier confinement. Ce travail ouvre les portes de la réflexion et propose des suggestions découlant du vécu de terrain. Instructif et inspirant…
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Pourquoi avez-vous recueilli 23 témoignages de professionnels travaillant dans 19 structures de l’accueil de l’enfant (de 0 à 12 ans) avec, entre autres, 7 écoles et 2 écoles de devoirs ? Quels étaient les objectifs de la recherche (1) que vous avez menée pour le FRAJE ?
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Mathilde Van Bol (psychologue et formatrice au FRAJE, le centre de Formation permanente et de Recherche dans les milieux d'Accueil du Jeune Enfant) : Durant cette crise sanitaire, un vrai silence radio et médiatique a entouré ces professionnels (et surtout ceux de la petite enfance). Via cette étude, nous avons voulu rester proches d’eux et, surtout, les écouter, entendre leurs vécus et leurs ressentis, appréhender leurs réalités lors du premier confinement mais aussi, de manière plus indirecte, celles de leurs publics, c’est-à-dire les familles et les enfants. Nous avons aussi souhaité savoir quelles pratiques d’accueil ils avaient alors mis en place, y compris pour la moitié des répondants en télétravail.
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Ce travail permet de mettre en valeur leurs efforts, leur flexibilité, leur créativité. Il vise également à susciter la discussion autour de leurs constats, à réfléchir aux enseignements qui pourraient être retirés de cette crise, tout en distinguant ce qui était propre à cette période de ce qui est plus transversal ou habituel au niveau des pratiques d’accueil
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La crise Covid nous a encore plus fait prendre conscience qu’il y avait des fondamentaux à maintenir dans l’accueil de l’enfant, qu’il soit petit ou grand, et ce dans tous les secteurs. Ces évidences, nous les connaissions déjà avant. Mais disons que la crise nous a permis de dégager l’essentiel du superflu, tant au niveau de l’accueil des enfants, des familles, que pour le travail et le bien-être des professionnels.
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Qu’ont raconté ces témoins concernant leurs vécus durant le confinement ?
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Malgré des vécus variés (y compris en raison des structures différentes de travail), les témoignages permettent de prendre conscience de points communs. Tout d’abord, en majorité, ces professionnels sont demeurés actifs durant la crise sanitaire : les personnes travaillant en distanciel ont maintenu un travail partiel ou total. Elles se sont surtout consacrées à conserver un lien, la plupart du temps virtuel, avec les familles confinées. Pour y parvenir, elles ont lancé plein d’initiatives, souvent très inventives, allant jusqu‘à créer un spectacle virtuel avec des familles, mais aussi parfois à envoyer des colis aux enfants ou à leur rendre visite à vélo (et masqués).
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Pour ceux qui se trouvaient en présentiel, le plus énergivore a été de devoir adapter continuellement leurs pratiques aux exigences du cadre sanitaire, au niveau des horaires, des espaces, des missions, des équipes. Mais le fait de se voir masqué dans les milieux d’accueil avec les parents ne suffisait pas, et il a fallu redoubler d’efforts pour les contacter autrement et maintenir un lien de qualité. Dès lors, par exemple, certains ont modifié leurs horaires de travail pour maintenir en virtuel des contacts devenus trop brefs ou lacunaires avec les familles. Par ailleurs, en raison des aménagements des activités, d’autres professionnels ont été contraints de rester enfermés avec les enfants, de les laisser assis sur leurs bancs, de prévoir un tour pour se rendre aux toilettes, etc., ce qui a entraîné des situations particulièrement difficiles.
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L’ensemble des professionnels a également rapporté avoir vécu un stress prolongé, un sentiment de solitude, de responsabilité mais aussi de non-reconnaissance professionnelle. Ils ont ressenti une grande souffrance liée au fait d’être contraints de respecter des règles sanitaires qu’ils jugeaient insensées ou non pertinentes (sinon nocives) pour le bien-être des enfants. Leur sentiment d’utilité sociale et l’amour de leur métier ont été leurs principaux motivateurs, malgré leurs peurs importantes (tomber malade, transmettre le virus à un proche, perdre son emploi, ne pas garder ses propres enfants, etc.).
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L’un des axes de votre étude concerne les vécus des enfants et l’adaptation des pratiques d’accueil. Quels sont les traits saillants rapportés par les professionnels ?
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Au niveau de l’impact de la crise sanitaire sur les enfants, certains ont constaté chez ces derniers des troubles de l’alimentation, du sommeil, de l’attention, de l’activité motrice, de la communication, du langage, etc. Ces perturbations comportementales ont pu aller jusqu’à des régressions développementales chez les plus jeunes (perte passagère de la propreté, mutisme, etc.). La somatisation dans les troubles comportementaux a été davantage présente chez les plus jeunes. Au niveau de l’humeur, il y a eu une possible recrudescence d’angoisses, de tristesse ou de pleurs continuels, une irritabilité, une hypersensibilité, un repli sur soi, des questionnements existentiels et de l’agressivité (dirigée vers soi ou vers autrui).
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Au niveau relationnel, ils ont remarqué un isolement possible, une fuite relationnelle, un repli sur soi, du mutisme ou, à l’inverse, une demande accrue de contact ou de réassurance, des angoisses de séparation, un surinvestissement du lien à l’autre. Certains grands enfants ont réclamé des câlins ou du contact alors qu’ils en étaient moins demandeurs auparavant, d’autres ont été plus facilement vers le conflit ou l’opposition ou vers une apparente indifférence protectrice.
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Nous pensons qu’il va falloir être attentifs à ces manifestations indiquant plus ou moins d’angoisse et de mal être, ne pas les sous-estimer et y répondre adéquatement. Pour revenir à davantage de stabilité, on sait qu’il importe de travailler sur ses émotions… et cela vaut également pour les professionnels qui ont pu également beaucoup souffrir de la suppression des espaces d’échanges habituels (communication avec les collègues et/ou le staff, réunions ou supervisions d’équipes, etc.).
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Sur le plan des apprentissages scolaires ou non scolaires, les professionnels ont parfois fait état de désinvestissement ou de décrochage scolaire, d’une perte d’intérêt et de sens, de remise en question des perspectives futures pour les plus grands. Dans une moindre mesure, ils ont également signalé des évolutions plus positives chez les enfants, avec entre autres des bonds développementaux dans diverses sphères (langagière, cognitive, motrice, etc.) et dans les apprentissages, notamment concernant l’usage des nouvelles technologies.
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Quels ont été les aspects les plus nocifs au développement et au bien-être des enfants ?
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Les enfants semblent surtout avoir été impactés par le confinement prolongé, le port du masque, la limitation des contacts physiques, la désinfection et la limitation d’accès aux espaces et matériaux. Plus largement, les désorganisations et discontinuités institutionnelles et intrafamiliales engendrées par les bouleversements sociaux, le contexte sociétal anxiogène, la rupture des liens sociaux et la surcharge de travail parental ou encore l’émergence ou l’accentuation de certains comportements parentaux inadéquats problématiques ont été cités.
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Face aux défis engendrés par la crise, votre étude détaille les initiatives mises en place par les professionnels de l’accueil, tout comme l’adaptation de leurs attitudes et valeurs éducatives. Quelles sont les pistes essentielles à l’accueil et qui méritent d’être poursuivies ou initiées ?
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La crise sanitaire nous a aussi, et paradoxalement, offert des occasions de mieux être ou de mieux faire avec et pour le bien des enfants, des parents (voir l’encadré ci-dessous), et des professionnels. Par la force des choses, certaines attitudes, des pratiques ou des dispositifs ont pu être expérimentés et se sont avérés bénéfiques à plus d’un titre. Nous avons voulu mettre en exergue ces adaptations évoquées par les professionnels et élaborer une série de recommandations pour optimaliser l’accueil de l’enfant en général.
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En tout cas, avant de mettre le focus sur les apprentissages scolaires en tant que tel, il est essentiel de favoriser le bien-être des enfants lors du retour en milieu d’accueil.
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Ils ont vécu beaucoup d’insécurité sur le plan de la santé physique mais, également, au niveau de la sécurité affective, au contact d’adultes relativement inquiets et confinés. Pour les professionnels, une observation attentive des enfants peut révéler des signes (parfois subtils) de cette insécurité affective : un évitement du lien, un isolement ou, à l’inverse, une recherche de fusion, des angoisses de séparation ou une peur de l’abandon, un rapport aux règles problématique, etc.
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De manière générale, il faudrait renforcer le sentiment de sécurité affective. Parmi les différentes manières qui y mènent, on devrait, tout particulièrement, permettre l’expression, l’écoute et l’élaboration des émotions au sein d’espaces-temps spécifiques ou bien à la demande des enfants : ils doivent être rassurés après ce qu’ils ont traversé. Cet objectif passe aussi par le fait de limiter le nombre de règles sanitaires ou sécuritaires au strict nécessaire. Paradoxalement, en surnombre, elles renforcent le sentiment d’insécurité. Ces règles doivent également être argumentées et non contradictoires…
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En tout cas, les enfants ont besoin aussi de rééprouver un contexte stable, serein et sécurisant, dans une continuité spatiale, temporelle et relationnelle réhabilitée dans leur quotidien. Cela passe par exemple par le fait de (ré)instaurer des habitudes, des rituels, des repères sécurisants pour petits et grands, en douceur.
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La ré-élaboration de liens sociaux authentiques est également importante. Il conviendrait de multiplier les occasions de se rencontrer « en chair et en os », dans la réalité, et répondre ainsi au besoin d’interactions sociales de sociabilisation des enfants : ils ne peuvent être substitués par des échanges virtuels ou distants. Pour revenir à des contacts réels, on pourrait laisser davantage de place aux jeux libres, dans lesquels les enfants sont à l’initiative de leur propre projet de jeu, sans l’intervention des adultes ni attente de résultats. Les professionnels remarquent que lors du confinement, certains enfants ont pu souffrir de l’omniprésence parentale. Ils n’étaient jamais isolés et cette surveillance permanente a surtout pesé sur les plus grands, alors qu’à l’inverse, d’autres étaient livrés à eux-mêmes.
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Par ailleurs, il est important de laisser les enfants rééprouver des contacts physiques, tactiles, confiants et sereins avec leur environnement, ainsi que réinstaurer progressivement la découverte de l’apprentissage par le sens du toucher. Dans la mesure où les masques vont probablement continuer à faire partie de nos vies, il peut être intéressant de cultiver d’autres manières de communiquer, via les regards, les expressions et les mimiques, ou en accentuant le dialogue des corps à destination des « lésés du sourire »…
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Par ailleurs, une étude de la KUL vient de montrer à quel point le lien avec la nature est crucial pour les enfants : le déficit de contacts avec la nature et l’extérieur a eu un impact sur leur développement. Ce constat rejoint nos conclusions : nous devons encourager l’accès aux espaces extérieurs et aux apprentissages qui peuvent s’y dérouler. Sur ce point, une des difficultés se manifeste par la tendance à une hyper-protection des enfants. Présente avant la Covid, elle peut avoir été accentuée depuis lors dans le chef des parents. Or la notion de risque mérite d’être pensée (y compris avec eux) et relativisée, surtout quand on réfléchit à tout ce qu’une ouverture plus grande sur l’extérieur et sur la nature peut apporter.
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Une dernière remarque, plus générale : au FRAJE, nous sommes persuadés aussi qu’il faut prendre soin des professionnels de l’accueil : ce point est, aussi, une des conditions sine qua non de l’accueil de l’enfant par des professionnels épanouis, autonomes mais encadrés et réunis par un projet vivant, en évolution, et dont l’utilité sociale est reconnue.
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(1) L’accueil de l’enfant en temps de Covid 19. Témoignages et réflexions. Vécus des professionnels de l’accueil de l’enfance 0-12 ans pendant le premier confinement belge. Mathilde Van Bol, FRAJE 2021.
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Familles, je vous vois…
L’étude du FRAJE aborde la perception des familles par les professionnels. Cherchez les points communs avec les vécus des équipes de la PSE !
Les professionnels de l’accueil qui ont témoigné dans l’étude du FRAJE remarquent que lors du premier confinement, certaines familles ont complètement disparu de leur champ de vision : il s’avérait difficile, sinon impossible, de maintenir le lien à distance avec elles, alors qu’on savait qu’elles vivaient des situations difficiles, déjà présentes avant la Covid. D’autres ont été confrontées à des situations terribles (pertes d’emploi, précarité, maladie ou deuil d’un proche, etc.).
Par ailleurs, certains enfants ne sortaient pas du tout de leurs quatre murs et étaient confinés en permanence, 7 jours/7, avec des parents omniprésents. A l’inverse, d’autres étaient livrés à eux-mêmes quand les parents ne parvenaient pas à les gérer tout en travaillant… « Pour les professionnels de l’accueil, il a parfois été très très pénible de percevoir ces détresses à distance, tout en se sentant impuissants à leur venir en aide. Ce point devrait faire l’objet d’anticipations dans l’avenir… », assure Mathilde Van Bol, la psychologue qui a mené cette recherche.
En ce qui concerne les relations familles-professionnels, elles ont largement dépendu des attitudes et des volontés réciproques à maintenir le lien. « Souvent, précise Mathilde Van Bol, ces dernières se répondaient en écho de part et d’autre : la volonté et l’énergie consacrées par les professionnels à investir le lien positivement et durablement a souvent provoqué une réciprocité chez les parents, et vice-versa. A l’inverse, lorsque s’installait un climat de peur, de jugement et de méfiance, la relation s’étiolait et s’appauvrissait. » Pendant la crise sanitaire, la qualité de la relation familles-professionnels semble avoir découlé aussi de la propension des professionnels à octroyer une importance fondamentale au care des familles. Quand les professionnels ont démontré une grande sollicitude, une préoccupation et une attention soutenue au bien-être global des familles, quand ils se sont appliqués à écouter, à dialoguer, à soutenir les relations familles-professionnels, elles se sont maintenues, épanouies ou renforcées.
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Hygiène - Dans le cadre d’un projet transfrontalier mené dans les écoles fondamentales de Comines et visant à promouvoir l’hygiène auprès des élèves, le Service de Promotion de la Santé à l’Ecole Hainaut Picardie (1), a créé deux capsules vidéo très réussies à destination des enfants. L’une aborde l’hygiène des mains, l’autre traite de l’hygiène des dents. Pour partager les bonnes pratiques, préserver la santé et prévenir les maladies, les capsules sont disponibles sur :
https://www.youtube.com/watch?v=0ocT30zNDt8&list=PLS1uUmG9kTw0iJtHbXim2tWcLz8Qm25BU&ab_channel=PromotiondelaSant%C3%A9%C3%A0l%27EcoleHainautPicardiePromotiondelaSant%C3%A9%C3%A0l%27EcoleHainautPicardie.
Vous voulez en savoir plus ? Un reportage a été consacré au projet. Il est accessible depuis le site internet www.psehainautpicardie.be
(1) en partenariat avec une association française (APESAL) et avec le soutien du Fonds Européen de Développement Régional (INTERREG),
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Sédentarité - Une baisse sensible des capacités physiques mais aussi intellectuelles chez des enfants de 7 à 8 ans : voilà le constat d’une étude française qui a testé, en septembre 2019 puis en septembre 2020, les effets des confinements successifs auprès de 90 élèves du Puy-de-Dôme. En un an, des enfants sportifs, sans problème de santé ni de poids, ont grossi de 5 à 10 kilos du fait de l’arrêt du sport. En moyenne, l’IMC des enfants testés avait augmenté de 2 à 3 points. Leur condition physique s’est fortement dégradée, avec des enfants rapidement essoufflés lors de courses entre des plots ou incapables d’atteindre ces derniers dans les temps demandés. Quant aux capacités cognitives, elles auraient baissé de 40 %. Ainsi, un exercice demandant aux élèves de relier des lettres aux chiffres correspondants dans l’ordre alphabétique dans un temps imparti avait été réussi par tous en 2019. Mais par une minorité en 2020.
(Rédigé d’après un article paru dans Le Monde, le 30/6/2021)
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De la maltraitance à la bientraitance, de la négligence au « prendre soin » : des outils pour faire vivre la bientraitance à l’école.
Le programme de prévention de la maltraitance de la FWB « Yapaka », l’affirme clairement : l’exemple c’est nous !.
En effet, il nous revient, en tant qu’adultes référents, de promouvoir des attitudes et des comportements soutenants, de respect et d’écoute, de manifestation de confiance et d’encouragement, de repères structurants dans cette époque déboussolée. Attitudes et comportements souhaitables envers les enfants et les jeunes, mais aussi nécessaires et porteurs entre adultes !
Voici quelques outils créateurs de bientraitance, pour soi et pour le groupe.
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Pour être informés des nouveaux outils et des nouveaux avis de PIPSa, cliquez ci-dessous.
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Pour les professionnels… car tout commence par soi
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Petit cahier d’exercice de bienveillance envers soi-même
Cahier d'activités pour soutenir une réflexion personnelle, individuelle voire de groupe, sur la bienveillance, une des composantes de l’estime de soi.
Définition de la bienveillance envers soi et mise au travail des talents nécessaires pour la cultiver (présence à soi, se faire plaisir, mettre ses limites, s’exprimer et écouter, développer l’auto-empathie et lâcher les jugements sur soi).
Au fil du cahier, nombreux exercices (certains créés par Marshall Rosenberg, fondateur de la Communication non violente) d’auto-observation, tests, quizz, etc.
Public : adultes
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La boîte à émotions de Zatou
Ce magnifique outil propose une démarche et des supports pour aider les élèves et les enseignants de maternelle à prendre en compte et à gérer les émotions de la classe au quotidien, en favorisant un climat serein, calme et bienveillant.
L'objectif est de permettre à l’enseignant et aux enfants de comprendre, nommer, accueillir et gérer leurs émotions, avec bienveillance et calme, tout en développant leurs propres ressources (confiance, estime de soi, empathie, responsabilisation, autonomie…).
Public : de 3 à 5/6 ans
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Apprendre et vivre ensemble à la maternelle
A partir de divers jeux (observation, tri, langage, etc.) et d'activités autour de thèmes liés au vivre ensemble (l'égalité, les stéréotypes, l'environnement, la solidarité, etc.), les enfants construisent les compétences qui leur permettent de s'adapter aux divers aspects de la vie en communauté ainsi qu'aux contraintes de l'environnement particulier qu'est l'école.
Public : 3 à 5/6 ans.
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Pour se donner du « bon »
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Totem
Un jeu de cartes qui permet de vous amuser tout en découvrant vos forces et qualités à travers le regard des autres.
Intéressant lorsqu’on souhaite "faire groupe", construire sur base des qualités, de l’éducation positive. Attention à ce que les participants soient disponibles à s’exprimer avec authenticité, ce qui suppose un climat préexistant de confiance.
Public : à partir de 8 ans.
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Pour impliquer les enfants dans la qualité de la vie en groupe
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Respecto Differencia
Les enfants, répartis en équipes, devront composer une potion qui aura pour effet de rendre tout le monde tolérant, respectueux et honnête avec les autres. Ensuite à l’inverse, il composeront une potion de magie noire. Troisième étape : faire comprendre aux enfants qu’ils ont le pouvoir de faire de leur groupe une vie commune positive ou un enfer pour tous.
Les thèmes abordés : le vivre ensemble, l’acceptation de l’autre dans sa différence, porter de l’intérêt à l’autre, être bienveillant à l’égard de l’autre, les émotions. Il est également possible de développer les thèmes suivants : l’égalité des genres, les discriminations sociales, présenter et accepter des excuses, reconnaître ses erreurs.
Public : à partir de 8 ans.
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Boîte à outils pour une éducation positive
Pour développer les compétences du bien-être et du vivre ensemble. Chaque activité peut être proposée de manière indépendante pour répondre à des besoins ponctuels dans la classe.
Les activités sont déclinées en quatre catégories : jouer/bouger, échanger, écrire, travail intérieur. Elles sont conçues pour demander peu de préparation préalable et être réalisables en classe en maximum 15 minutes.
Public : à partir de 8 ans.
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Pour le plaisir d’échanger et de mieux se connaître
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Des récits et des vies
Libérer la parole, créer du lien, trouver ses ressources sont les 3 objectifs de cet outil accessible à tous.
Il est fondé sur les valeurs de bienveillance, respect, estime de soi, reconnaissance.
Public : enfants à partir de 8 ans et adolescents.
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Bon à savoir
Le programme Yapaka propose un mooc (https://mooc.yapaka.be/ ), une formation en ligne à suivre individuellement ou en équipe, à son rythme. Ce module vise, à partir de situations concrètes, à donner des points de repères pour prévenir la maltraitance.
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Vous avez utilisé un outil ? Qu’en pensez-vous ?
Qu’en avez-vous pensé ? Était-il adapté à votre groupe ? Quels aménagements avez-vous dû réaliser ?
Votre avis peut intéresser des collègues !
Sur www.pipsa.be, entrez le nom de l’outil que vous avez utilisé, onglet « avis des utilisateurs » et laissez un commentaire.
Les futurs utilisateurs vous remercient ! :-)
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Vous souhaitez aborder des thématiques particulières ? Vous travaillez avec des publics spécifiques ? Vous souhaiteriez être orienté.e.s dans le choix d'outils intéressants ?
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