Promouvoir la santé à l'école est un e-Journal destiné aux professionnels·les de la promotion de la santé à l'école et, plus largement, aux personnes intéressées par les enjeux de santé en milieu scolaire.
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Sommaire
DOSSIER : En cas de suspicion de maltraitance ou de négligence, ce numéro revient sur le réseau d’aide qu’il est possible d’activer.
EVRAS : Un exemple de collaboration fructueuse entre école, PMS et planning.
ENQUÊTE HBSC : Cette enquête sur le bien-être des élèves, réalisée en 2022 par le Sipes-ULB, met en lumière le stress lié au travail scolaire.
EN BREF : Une campagne pour prévenir les infections respiratoires – La rédaction des Projets de Service – Le programme de la journée PSE 2023
OUTILS : Deux sites de référence en matière de soutien à la parentalité
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Une situation de maltraitance, cela se gère en réseau
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Beaucoup d’équipes PSE se sentent démunies face aux limites exactes de leur prise en charge des négligences et maltraitances. Vers qui référer ? Comment gérer le secret partagé ? Comment collaborer avec des parents potentiellement maltraitants… Un mot d’ordre : un professionnel ne doit pas rester seul pour faire face à une situation de maltraitance. Ce dossier vise à donner une idée du réseau d’aide aux problèmes de maltraitance et négligence qu’il est possible d’activer.
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SOS Enfants : une collaboration en transparence avec les parents
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Le service SOS Enfants intervient en cas de problèmes de maltraitance. Il vient en aide aux enfants et accompagne les parents, les familles, les proches pour les aider à trouver une solution. Une collaboration toujours basée sur le consentement et la transparence. La psychologue de formation Virginie Plennevaux qui dirige l’équipe SOS Enfants de Charleroi, explique la prise en charge.
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Le service SOS Enfants prend en charge l’enfant et sa famille dans toutes les situations de maltraitance : maltraitances sexuelles, négligences physiques, exposition aux violences conjugales, aux séparations conflictuelles… La moitié des demandes provient des parents directement, l’autre moitié vient de professionnels comme les centres PMS, PSE, le SAJ, le SPJ ou encore les médecins traitants.
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Question Santé (Q.S.) : Comment se passe la prise en charge ?
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Virginie Plennevaux : Les demandes passent essentiellement par le téléphone avec deux plages horaires par jour durant lesquelles un professionnel de notre équipe est à l’écoute. Parfois il s’agit d’une simple demande d’avis, par exemple un médecin qui voudrait avoir des conseils par rapport à une situation, et il n’y a donc pas nécessairement d’intervention directe auprès de la famille. S’il y a de fortes inquiétudes, que la demande cadre bien avec nos missions et que l’on est en capacité de la prendre, on peut conseiller au professionnel d’orienter la famille vers notre service. On fixe un délai au-delà duquel on rappelle le professionnel si la famille ne nous a pas encore contacté. Et si les inquiétudes le justifient, on peut le réorienter vers le SAJ. Si la maltraitance est avérée et qu’il y a péril grave et imminent, comme par exemple un enfant abusé par l’un de ses parents et qui devrait retourner chez ce parent sans que l’on soit en mesure de garantir sa sécurité, il y a la possibilité de saisir le parquet.
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Q.S. : Quelle est la différence entre le SAJ et SOS Enfants, et comment collaborez-vous ?
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V.P. : Le SAJ est un service d’aide spécialisée plus généraliste, qui s’occupe de tout type de demande, des difficultés éducatives comme l’absentéisme scolaire aux situations de maltraitance. Quand ils reçoivent une demande, ils peuvent orienter la famille vers un autre service ou, si les inquiétudes sont suffisantes pour entamer des démarches d’investigation, décider d’ouvrir un dossier. Ils peuvent alors faire appel à différents services, dont les équipes de SOS Enfants, pour venir en aide à l’enfant et sa famille. Une équipe SOS Enfants va alors évaluer la situation de l’enfant, essayer de définir s’il y a maltraitance ou pas, quel est l’impact de cette maltraitance, évaluer les capacités parentales… Le SAJ a aussi la capacité d’établir un mandat pour signer un programme d’aide avec la famille. Un mandat signifie qu’il y a un contrat d’aide signé par les parents, où ils s’engagent à aller dans tel service. Au SAJ, il s’agit toujours d’une aide négociée. Si les parents marquent leur désaccord et que les inquiétudes pour un enfant restent importantes, le SAJ peut judiciariser le dossier. Il sera envoyé au Parquet qui peut le transmettre au SPJ, et les parents seront alors dans l’obligation de se soumettre aux décisions.
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Q. S. : Faites-vous aussi un suivi thérapeutique ?
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V.P. : Notre particularité est d’être une équipe pluridisciplinaire. Si à la fin de notre évaluation et diagnostic, on voit qu’un suivi en individuel chez un psychologue suffit, on renvoie vers un autre service plus généraliste, comme un psychologue privé ou un centre de santé mentale par exemple. Ceux qu’on garde après évaluation, c’est parce qu’on peut leur proposer de participer à des groupes spécialisés pour les enfants pris dans les séparations parentales conflictuelles ou les abus sexuels par exemple, ou encore un suivi de fratrie. On peut aussi prendre en charge des situations dès la grossesse. Il s’agit d’un suivi beaucoup plus long où l’on travaille la question du lien et de l’attachement.
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Q.S. : Comment développer une collaboration avec des parents potentiellement maltraitants ?
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V.P. : L’important est d’agir avec le plus de transparence possible et ne pas oublier qu’il y a deux parents. Il faut prendre le temps de rencontrer chacun d’eux, de leur faire prendre conscience des difficultés, de mettre en avant leurs ressources et de réfléchir à ce que l’on peut mettre en place. Cela peut prendre la forme d’une aide à domicile de style AMO, qui ne demande pas nécessairement un mandat du SAJ. Ou si c’est plus conséquent, on peut conseiller aux parents de demander de l’aide au SAJ. Si la maltraitance est avérée, avec par exemple un dévoilement de coups lors de la visite scolaire et que l’enfant incrimine l’un des deux parents, on rencontre d’abord l’autre parent qui n’est pas incriminé. On lui fait part de notre inquiétude pour son enfant, des suspicions de maltraitance physique, on voit comment il réagit et s’il peut mettre en place quelque chose pour protéger son enfant. Dans tous les cas, c’est toujours mieux de faire un signalement en transparence avec les parents, tout en évaluant le risque de nouveaux passages à l’acte.
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Q.S. : Quel est le rôle des services PSE ?
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V.P. : Les services PSE peuvent contacter SOS Enfants ou le SAJ. Mais l’idéal est que le professionnel du service PSE reste impliqué le temps que la situation soit prise en charge. L’idée est d’assurer un suivi et d’accompagner la famille. Le plus important est d’impliquer directement les parents, et si un signalement est nécessaire, de le faire en toute transparence avec eux pour ne pas qu’ils aient l’impression que les choses se fassent dans leur dos. Si on n’est pas clair avec eux dès le départ, ils seront méfiants et cela met en péril la collaboration future avec les autres services. Les PSE peuvent donc confier leur inquiétude aux parents en disant « on vous en parle, on vous demande de mettre des choses en place et on le signale à SOS Enfants ou au SAJ en disant que l’on vous a contactés », c’est beaucoup moins violent pour les parents. Dans tous les cas, n’importe quel professionnel ne doit jamais rester seul face à des situations de maltraitance. C’est toujours important de prendre un avis, de partager, de réfléchir à plusieurs et nos équipes SOS Enfants restent toujours des partenaires possibles pour réfléchir à la meilleure façon d’agir dans l’intérêt de l’enfant.
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Service PSE de la ville de Charleroi : l’assistante sociale, relais central pour le signalement des situations de maltraitance ou de négligence
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Le service PSE de la ville de Charleroi compte au sein de son équipe une assistante sociale qui s’occupe exclusivement des situations de maltraitance et de négligence, une fonction centrale qui permet d’assurer un relais avec les autres membres du réseau.
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Sophie Wart travaille depuis plus de vingt ans comme assistante sociale au service PSE de la ville Charleroi. Si au début de sa carrière, ils sont passés de quatre employés à un mi-temps qu’elle occupe actuellement, elle souligne tout de même des évolutions positives. Dans la prise en charge d’une part, qui se fait davantage en transparence avec les parents. Et dans le travail en lui-même, qui s’appuie davantage sur la collaboration au sein du réseau.
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L’assistant social, relais essentiel entre l’école et les services d’aide
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Des traces de coups, des problèmes d’hygiène tels que des vêtements sales ou inadaptés à la saison, de la nourriture avariée ou une absence de repas, un mal-être de l’enfant lié à des dysfonctionnements familiaux… Voilà le genre de signes de négligence et de maltraitance qui amènent l’école ou le médecin scolaire à contacter Sophie Wart. Dans un premier temps, elle se rend à l’école, analyse la demande, rencontre l’enfant et fait un constat avec le médecin si nécessaire. « Si la situation est grave, on contacte directement le parquet. Sinon, on se tourne vers les parents pour évaluer l’incident et mettre en place des solutions. J’interpelle aussi les enseignants pour voir ce qu’ils connaissent de la famille. On voit si un dossier est déjà ouvert au SAJ et si les parents ont besoin d’aide. » Mais la situation se complique quand il n’y a pas de coups visibles sur lesquels on peut s’appuyer mais que l’enfant exprime quand même un mal-être, ce qui est le cas dans les suspicions d’abus sexuels. Il s’agit alors d’écouter l’enfant autant que l’adulte. « On prend vraiment le temps de discuter avec l’enfant et surtout, on essaie d’être très transparents avec les parents. On joue franc-jeu. »
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L’assistante sociale souligne l’importance de la présence des médecins scolaires et de l’équipe infirmière, qui ont été formés au sujet des maltraitances et négligences. « Quand on rencontre les parents et que ce sont des situations graves, leur présence apporte un soutien de taille. » En cas de maltraitance physique, le médecin PSE fera un constat de lésion qui constituera un élément important pour la suite de la prise en charge.
Le service PSE travaille aussi beaucoup en réseau, en collaboration avec les services extérieurs de type SAJ, PMS, APEP (Aide et Prévention Enfants-Parents) et SOS Enfants concernant les cas graves, pour avoir un avis et échanger. « Avant on bénéficiait de supervisions par des psychologues extérieurs. Aujourd’hui ce n’est plus le cas, et c’est précieux de pouvoir échanger avec une équipe spécialisée. C’est toujours intéressant d’avoir un avis extérieur, même s’il n’y a pas de prise en charge. Parfois ils estiment qu’ils doivent prendre le dossier en charge, et j’accompagne alors la famille et l’enfant vers ces autres services. » L’assistante sociale joue ainsi un rôle de relais central. Elle reçoit les signalements de l’école, contacte les parents, discute avec les enfants et les accompagne dans les démarches. « On est un service de première ligne. La prise en charge ne se fait pas sur du long terme. Je vois les enfants et les parents une à plusieurs fois selon la situation. On essaie de faire prendre conscience du problème dans un premier temps, et d’inciter ou d’accompagner le parent pour porter plainte s’il s’agit d’un autre parent maltraitant, ou d’aller vers un service comme l’APEP. » Le service PSE de la ville de Charleroi est aussi régulièrement en contact avec le réseau hospitalier, où une équipe médicale peut assurer une prise en charge multidisciplinaire avec des médecins, des gynécologues, des psychologues, etc. « Il est important en tant que professionnel de la santé de ne pas rester isolé et de ne pas hésiter à prendre contact avec les autres services pour échanger et avoir un autre avis », conseille Sophie Wart.
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Maltraitance et négligence : comment gérer le secret professionnel ?
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Face à une suspicion de maltraitance, une confidence d’un élève, que dire à qui ? Aurore Dachy, responsable du service CAPP à l’ONE (Coordination et Appui en matière de Prévention et de Protection de l’enfant) et Virginie Plennevaux directrice de l’équipe SOS Enfants de Charleroi rappellent quelques balises juridiques pour préserver le secret professionnel, bien gérer le secret partagé et savoir quand s’en délier.
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Pour Aurore Dachy, le rôle des services PSE est primordial et il faut continuer à les former au sujet des maltraitances. « L’école est quand même le premier lieu de vie de l’enfant. C’est parfois le seul moment où il est extrait de son milieu familial et peut se confier. Il faut donc outiller cette première ligne pour qu’elle puisse repérer les signes et nommer les choses pour pouvoir aborder le sujet avec l’enfant, les parents et le réseau d’aide. Car il ne faut jamais rester seul face à une situation de maltraitance. » Voilà tout l’enjeu : comment récolter la parole de l’enfant, demander un avis, faire part à des collègues d’une situation de maltraitance tout en respectant le secret professionnel ?
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L’article 458 du code pénal aborde le secret professionnel et l’article 458 bis les situations dans lesquelles on peut s’en délier, notamment lorsqu’on a décidé que la situation était trop grave pour garder le secret et qu’il faut saisir le parquet. « Qu’est-ce qu’un danger grave et imminent ? Cela reste une discussion sans fin dans le secteur. Il y a des balises, mais on reste dans l’humain et ce genre de jugement reste à l’appréciation d’une personne, de sa sensibilité… D’où l’importance de demander un avis à SOS Enfants. » Lorsqu’un professionnel appelle SOS Enfants pour avoir un avis, il doit veiller à préserver l’anonymat de l’enfant et de sa famille. « Evidemment l’âge est une information essentielle, mais nous ne sommes pas obligés d’avoir le nom de l’enfant », précise Virginie Plennevaux de SOS Enfants à Charleroi. Quant au secret professionnel, c’est une obligation de se taire pour protéger le lien de confiance entre l’enfant et l’intervenant, même si l’enfant autorise à parler. Sont tenus au secret professionnel le médecin, l’infirmière, le psychologue, l’assistant social et tous les membres du personnel administratif, juridique ou de direction qui assistent, contribuent ou participent à l’exercice des missions psycho-médico-sociales.
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Le secret professionnel partagé
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Dans certaines circonstances, les professionnels peuvent partager des informations indispensables à la prise en charge avec d’autres intervenants du monde psycho-médico-social, parce qu’ils travaillent en équipes pluridisciplinaires ou en réseaux. La notion de secret professionnel partagé n’a aucune valeur légale, mais tout le secteur PMS admet les règles de cette doctrine. « Il s’agit d’un secret que l’on ne peut partager qu’avec des professionnels qui poursuivent la même mission. On ne partage pas plus que ce qui est nécessaire avec les gens qui sont tenus au même secret », explique Aurore Dachy. Il faut alors informer les bénéficiaires des informations qui seront partagées et obtenir leur accord, sauf si cela porte atteinte à l’intérêt de l’enfant. Un service PSE ou PMS et SOS Enfants peuvent par exemple discuter d’un enfant sans mettre à mal le secret professionnel. Virginie Plennevaux ajoute : « SOS Enfants partage avec le service PSE le même cadre de secret professionnel partagé. Ce qui n’est pas le cas entre SOS Enfants et un enseignant par exemple, ce dernier ayant un devoir de discrétion sans être tenu au secret professionnel. En tant que service spécialisé qui effectue des évaluations des situations de maltraitances, SOS Enfants peut recueillir des informations mais ne peux pas en donner. »
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Se délier du secret professionnel
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Si un professionnel est face à un enfant en situation de danger imminent, il peut saisir le parquet. Un acte délicat qui n’est pas anodin car, ce faisant, il se délie de son secret professionnel. « Cela peut être considéré comme un acte punissable par la loi, une infraction pénale, s’il n’était pas dans les conditions pour le faire. Et en même temps on pourrait être poursuivi pour non-assistance à personne en danger si on ne réagit pas face à un enfant en situation de péril grave et imminent. Donc on ne le fait pas de manière anodine, il y a des conditions. » Pour pouvoir solliciter les autorités judiciaires et rompre le secret professionnel, il faut qu’il y ait un danger grave et imminent pour l’intégrité physique et mentale de l’enfant, et faire le constat de son incapacité ainsi que celle des autres services (SAJ, PMS) à protéger l’enfant.
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Autres sources d'infos sur la thématique de la maltraitance :
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EVRAS : une collaboration fructueuse entre PMS et plannings au Lycée Émile Jacqmain
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Cette école secondaire bruxelloise prend les animations EVRAS très au sérieux et organise une collaboration fructueuse avec son centre PMS, les centres de planning familial d’Ixelles, et celui d’Aimer à l’ULB. Interview avec sa directrice, Agnès Hermans.
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Question Santé (Q.S). : Comment organisez-vous les animations EVRAS dans votre école ?
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Agnès Hermans : Dans notre école, les animations de l’Education à la Vie Relationnelle, Affective et Sexuelle (EVRAS) sont données dans les classes de 1ère et de 4ème secondaire. Il y a d’abord une rencontre d’une petite heure entre les directions, le PMS et les acteurs externes qui sont soit le planning familial d’Ixelles pour nos petits de 1ère et Aimer à l’ULB pour nos 4ème. On discute aussi bien de l’organisation globale, des jours, des moments et du temps disponible pour les animations, que des sujets qu’il nous semble important d’aborder, du ressenti qui nous parvient de nos élèves. C’est tout le principe de l’EVRAS. La demande vient toujours du questionnement des élèves, contrairement à ce qui a pu être relayé de manière maladroite dans certains médias et sur les réseaux sociaux. Son but n’est pas de donner des informations, mais bien de recevoir des interrogations, des préoccupations et de travailler là-dessus avec les élèves concernés. Le tout, dans un environnement sain, sécurisant et indépendant de l’école, puisque durant les animations EVRAS, il n’y a pas d’acteurs scolaires présents.
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Q.S. : Quelle différence d’approche entre les classes de 1ère et celles de 4ème ?
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A.H. : Pour les 1ère, le centre de planning familial d’Ixelles vient une première fois pour une session d’une heure dans les classes entières. Il présente son rôle, ce qu’est l’EVRAS puis interroge et bavarde avec les élèves sur les thématiques qu’il semblerait nécessaire d’aborder. Ensuite, vient une autre séance de deux heures dans des groupes séparés filles/garçons durant laquelle le planning aborde les sujets définis par la classe elle-même. Les thématiques varient très fort d’un groupe classe à l’autre. L’une abordera plutôt les problématiques de harcèlement, comment on se comporte avec les autres, les problèmes des réseaux sociaux dans la relation à l’autre. Et dans une autre classe on parlera des règles, du regard de l’autre, du genre. En 4ème, c’est le PMS qui va d’abord à la rencontre des classes, toujours avec le même principe de se présenter, d’expliquer ce qu’est l’EVRAS et d’identifier les thématiques que les élèves souhaiteraient aborder. Ils le font de manière anonyme sur des petits bouts de papier. Lors d’un moment d’échange et de discussion, le PMS transmet toutes les thématiques au planning Aimer à l’ULB qui prendra le relais pour deux séances de deux heures, une première séance en groupe classe complet, puis la deuxième séance de deux heures en groupes séparés. Aimer à l’ULB assure ainsi une transition, car certains élèves retrouveront ce planning lors de leurs études supérieures, ils sauront qu’il existe.
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Q.S. : Quelle est l’approche de votre centre PMS par rapport l’EVRAS ?
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A.H. : Le centre PMS qui est rattaché à notre école y est très bien implanté et a des connexions aussi bien avec les élèves, qu’avec les professeurs et l’infirmière scolaire du service PSE. Il jouit donc d’un panorama assez large des préoccupations des élèves. Il a d’abord l’avantage de les rencontrer en tête à tête durant les visites médicales, ce qui lui permet d’être au plus proche des préoccupations individuelles des élèves. Un rendez-vous particulier avec les enfants que n’ont d’ailleurs pas les centres de planning familial, même si les élèves prennent parfois directement contact avec eux car ils ont aussi un rôle d’orientation scolaire. Le centre PMS est aussi présent lors de nos conseils de classe durant lesquels les professeurs peuvent rapporter certaines angoisses familiales, sociales ou relationnelles des élèves. Le centre PMS est donc impliqué de manière globale dans les questions de bien-être à l’école, aussi bien les soucis de santé, relationnels que familiaux.
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Q.S. : Quid du service PSE ? Comment faites-vous collaborer ces différents acteurs ?
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A.H. : Notre infirmière scolaire est en excellente relation avec notre PMS et transmet certaines informations récoltées lors des visites médicales. Je rencontre le service PSE et le centre PMS au moins une fois tous les 15 jours, si pas chaque semaine. C’est l’occasion pour eux de me partager des préoccupations globales, que l’on peut reporter ensuite aux centres de planning familial avec qui nous collaborons lors de séances particulières EVRAS.
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Q.S. : Menez-vous des actions particulières autour de l’EVRAS dans votre école ?
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A.H. : Dans le plan de pilotage de notre école, on travaille sur l’implantation d’une cellule « bien-être » et, entre autres, sur une série de thématiques liées au genre et à la lutte contre toutes formes de discrimination. On organise par exemple une journée LEJ Pride (pour Lycée Emile Jacqmain) qui revendique le droit de chacun de choisir qui il aime, une journée des droits de la femme, etc. Et le Comité des Élèves du Lycée Émile Jacqmain présidé par des rhétoriciens travaille aussi à mettre en place des actions qui favorisent le bien-être, y compris le bien-être relationnel, affectif et sexuel.
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Enquête sur les comportements des ados : stress scolaire en augmentation
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Des adolescents qui se perçoivent globalement en bonne santé mais qui se sentent très stressés à l’école. C’est l’un des paradoxes mis en lumière par l’enquête sur le bien-être des élèves réalisée en Belgique francophone en 2022 par le Sipes-ULB. La professeure d’épidémiologie Katia Castetbon à la tête de ce service invite à ne pas s’alarmer, sans pour autant être naïf face aux résultats.
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Tous les quatre ans, le Service d’Information, Promotion, Éducation Santé de l’ULB (Sipes-ULB) réalise l’enquête « Comportements, bien-être et santé des élèves » auprès des élèves scolarisés de la 5ème primaire à la fin du secondaire. Il s'agit du versant belge francophone de l'enquête internationale « Health Behaviour in School-aged Children » (HBSC).
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Le stress lié au travail scolaire
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L’enquête menée en 2022 sur plus de 13.000 élèves entre 10 et 20 ans révèle que les jeunes sont affectés par le stress lié au travail scolaire. Maux de ventre, maux de dos, nervosité… Bien qu’ils affirment par ailleurs aimer l’école, les adolescents déclarent de plus en plus des symptômes multiples fréquents, des symptômes de type psychosomatique qui ne sont pas uniquement liés à cette période turbulente de la vie. « Depuis 2010, le stress scolaire augmente. Et ces dernières années, on observe une accentuation qui devrait alerter à la fois les équipes scolaires et les services de PSE », note Katia Castetbon. L’épidémiologiste souligne d’ailleurs que le stress scolaire en Belgique est plus élevé que la moyenne internationale, notamment par rapport à d’autres pays proches qui participent aussi à l’enquête HBSC (Allemagne, France, Pays-Bas, Suisse, Luxembourg, etc.). « Le système scolaire belge exerce une forte pression sur ses élèves, avec ses examens très réguliers, son très haut taux de redoublement… La moitié des élèves de 15 ans ont déjà redoublé une fois, un taux énorme qu’on ne voit pas dans les autres pays. Les jeunes le vivent comme un échec, ça altère leur confiance en eux. Et, d’une manière générale, ils ressentent une anxiété par rapport à l’avenir et une inquiétude sur la capacité de l’école à les y préparer. Avoir un diplôme va-t-il les protéger du chômage, des problèmes sociaux ? »
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Alimentation et activité physique toujours dans le viseur
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Les constats concernant les comportements alimentaires et physiques ne sont pas non plus satisfaisants, mais restent plutôt stables depuis 2010. La dégradation a été amorcée dans les années 80 et 90 avec l’avènement de la télévision, puis des jeux vidéo et d’internet dans les années 2000, qui ont fait diminuer l’activité physique et augmenté la sédentarité de manière très nette. L’alimentation s’est aussi détériorée entre les années 90 et 2000, avec l’augmentation des boissons sucrées et la diminution de consommation de fruits et légumes. « Il y aurait clairement des actions à mener pour favoriser le petit déjeuner qui peut être bénéfique pour la concentration en classe le matin. A peine la moitié des jeunes déjeune tous les jours scolaires. » Si cette enquête se focalise sur les comportements à l’adolescence, c’est que cette période est déterminante dans la façon dont les habitudes vont s’ancrer dans la vie des futurs adultes. Au-delà de l’effet immédiat de certaines actions comme manger le matin, Katia Castetbon rappelle l’importance à long terme des habitudes acquises à l’adolescence. « Il n’y a pas mort d’homme si on saute le petit déjeuner à l’adolescence. C’est une mauvaise habitude en partie liée au décalage des rythmes chronobiologiques des adolescents, qui peut être réintégrée plus tard dans la vie. En revanche, on sait que s’ils commencent à fumer très tôt, à 15 ans par exemple, ils ont de fortes chances de continuer à fumer tout au long de leur vie et là, les conséquences seront bien sûr plus graves. » Pareil pour l’activité physique, à laquelle on constate que les adolescents renoncent souvent, en particulier les filles. « Si on n’a pas l’habitude de l’avoir intégrée dans sa vie quotidienne dès l’adolescence, il sera plus difficile de le faire plus tard avec des conséquences à long terme sur la survenue de maladies non transmissibles. »
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Moins de drogues, plus d’écrans
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Point positif, la consommation d’alcool, de tabac et de drogues diminue globalement. Une évolution entamée depuis 2010. Elle peut s’expliquer par les politiques publiques qui finissent par avoir leurs effets, le prix prohibitif des cigarettes qui régule l’achat, l’effet modèle des parents qui eux-mêmes fument de moins en moins, et les normes sociétales qui évoluent. « Dans les années 80, fumer était une façon d’entrer dans l’âge adulte. Aujourd’hui, ce n’est plus autant le cas. » L’épidémiologiste énonce une autre explication avancée par les chercheurs, intéressante mais à double tranchant. « On se plaint de l’usage des écrans et des réseaux sociaux, mais le résultat, c’est aussi que les adolescents sortent beaucoup moins et se retrouvent donc moins souvent dans des conditions où ils seraient amenés à boire, fumer ou prendre des drogues. » Que penser de cette consommation massive des écrans chez les adolescents ? Si on s’en tient aux résultats de l’enquête, la situation n’est pas alarmante. « Plus de 85 % des élèves n’ont pas un usage problématique des médias et des réseaux sociaux. On a une échelle avec une dizaine d’affirmations qui mesurent leurs effets délétères sur la vie, notamment les relations sociales, s’ils se disputent avec leur famille à cause des réseaux sociaux, etc. La plupart des élèves sont effectivement connectés, mais ils savent gérer et ça ne les empêche pas d’avoir des relations sociales et de maintenir leurs activités par ailleurs. » Katia Castetbon plaide pour une régulation des usages des écrans chez les jeunes enfants dans la sphère privée, tout en restant réaliste. « Les outils connectés sont là, on ne reviendra pas en arrière. Ce qui est important, c’est que les familles et l’école les aident à en faire un bon usage et sensibilisent sur les risques et les dangers. »
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Automne en santé : prévenir les infections respiratoires
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Le SPF Santé Publique et les entités fédérées se sont associés afin de créer une campagne de sensibilisation commune sur les mesures de prévention des infections respiratoires, notamment les gestes barrières contre des maladies saisonnières telles que la grippe et la Covid-19. Cette campagne rassemble des conseils concernant l’hygiène des mains, l’usage de mouchoirs en papier, l’aération des espaces, la vaccination et le port du masque, notamment au moyen d’affiches synthétisant des gestes concrets de prévention.
L’ONE, qui a contribué à cette campagne, a fait parvenir les affiches à différentes structures et aux établissements scolaires de la Communauté française.
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Rédaction des Projets de Service
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Depuis février dernier, le nouveau Projet de Service a vu le jour en vue de permettre l’agrément des services PSE pour la période 2024-2030. Il permet de définir la politique de promotion de la santé et de fédérer les équipes autour des priorités définies par les services. Il vise aussi à stimuler la réflexion des équipes sur le sens et l’impact des actions menées au regard de ces priorités. L’équipe du Pôle PSE soutient les professionnels du secteur dans l’élaboration de leur Projet de Service. Un guide de rédaction du Projet de Service a notamment été réalisé afin de les aider dans la conception de celui-ci, et le canevas du Projet de Service est également disponible sur Excellensis.
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Le programme de la journée PSE 2023
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La Journée PSE organisée par l'ONE se tiendra cette année le 28 novembre. Elle aura lieu au CEME de Charleroi de 9h à 16h, et les inscriptions sont encore possibles.
Découvrez le programme
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Le site du programme Yapaka de la Fédération Wallonie-Bruxelles rassemble une multitude de ressources utiles pour lutter contre la maltraitance : des capsules vidéo, des webinaires, des formations gratuites en ligne, des articles, la possibilité de télécharger les livres « Temps d’arrêt »…
Pointons notamment l’affiche « Que faire en cas d'inquiétude de maltraitance », qui reprend des services auxquels s’adresser en cas de doute, et l'outil de cartographie pour trouver un organisme à proximité.
Le site yapaka.be comporte également une partie grand public pour accompagner les parents, les soutenir, prévenir leur épuisement et les valoriser dans leurs compétences.
www.yapaka.be/professionnels
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Parentalite.be est un site coordonné par l’ONE, dans l'objectif de répondre aux questionnements des (futurs) professionnels en matière de soutien à la parentalité. Un site particulièrement utile pour faire grandir son réseau : trouver d’autres professionnels actifs sur les mêmes thématiques, échanger et alimenter sa réflexion, notamment via l’espace DéPaR (Débats Parentalité en Réseau).
Il reprend aussi des informations et vidéos sur différentes thématiques telles que l’isolement social, la santé mentale, le handicap… ou encore la maltraitance.
https://parentalite.be/
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