A la base de la pyramide alimentaire durable de l’ONE, on trouve les féculents et les légumineuses. Pas les fruits et légumes ?
Cleo Rotunno : La recommandation est de manger des féculents à chaque repas ET des fruits ou des légumes à chaque repas. Par contre, les féculents vont apporter plus de calories. 300 grammes de légumes et 300 grammes de pain, ce n’est pas la même chose. Le pain va rassasier les enfants plus longtemps et permettre de limiter les grignotages. Manger des fruits au goûter, c’est super. Mais si l’enfant ne mange qu’un fruit à 16h, il ne va pas tenir le coup jusqu’à 19h. C’est pourquoi nous avons placé les féculents à la base.
De façon générale, l’assiette comprend de bonnes matières grasses, des fruits ou des légumes et un féculent qualitatif. Le repas de base, ce sont ces trois éléments-là, dans lesquels on peut ajouter, ou non, de la viande et des produits laitiers de bonne qualité. La composante de viande ou équivalent ne doit pas apparaître à chaque repas. Une fois par jour, cela suffit.

A la base de la pyramide, nous avons également placé les légumineuses, qu’on promotionne à raison de plusieurs fois par semaine, en remplacement de la viande ou pas. Ce sont des aliments de qualité. Ils sont aussi plus durables au niveau de la production. Dans le monde d’aujourd’hui qui est de plus en plus multiculturel, les légumineuses sont davantage présentes dans l’alimentation, ce qui est une bonne chose. C’est important de pouvoir les proposer aux enfants dès le plus jeune âge pour que, comme pour tous les aliments, ils puissent les apprécier le plus facilement possible.
Comment mettre en avant la recommandation du Conseil Supérieur de la Santé sur les céréales complètes, qui ne sont pas souvent ancrées dans les habitudes des familles ?
Cleo Rotunno : Comme pour tout aspect nutritionnel, ce qui est important, c’est de repartir de la réalité de chacun. Il y a des familles pour lesquelles certains conseils sont faciles à appliquer. Et d’autres pour qui ça ne sera jamais atteignable. Il faut aussi en être conscient et penser de manière progressive. Partir de ce qui semble le plus simple pour les familles et éviter les injonctions. Prenons par exemple le fait de manger du poisson une à deux fois par semaine. Si on n’a jamais cuisiné un poisson, ou qu’on trouve que c’est trop cher ou que ça ne sent pas bon, on ne va pas le faire. C’est un travail qui nécessite plus de subtilité plutôt que de bombarder les enfants et les parents d’infos nutritionnelles ou théoriques.
Pour les céréales complètes, c’est la même chose. Manger du quinoa peut être impensable pour une famille, mais par contre du pain gris de temps en temps pourquoi pas ? Ce sera déjà très bien. Mine de rien, quand on creuse, on trouve toujours quelque chose et il y a ensuite une marge de progression.