Au PSE, comment soutenir ces étudiants travailleurs ?
Valérie Hanozet : « Lors de nos bilans de santé obligatoires avec les étudiants du supérieur, il est prévu dans notre anamnèse de demander s’ils ou elles ont un job. C’est une porte d’entrée pour la discussion : ‘Tu travailles x heures par semaine, comment ça se passe ? Comment t’organises-tu ?’
Ensuite, par l’écoute active, nous essayons de jauger où en est la personne par rapport à ses propres limites, si elle est bien entourée, et s’il y a lieu de suggérer un changement dans son organisation ou pas. Il nous est par exemple déjà arrivé de faire réfléchir l’étudiant à la possibilité de reporter son mémoire à l’année suivante, ou d’échelonner certaines échéances. Mais c’est toujours l’étudiant qui prend ses propres décisions. »
« Le bilan obligatoire est le début d’une relation qu’on espère durable, précise Valérie Laureys. Nous insistons sur le fait que nous sommes disponibles pour eux et qu’ils peuvent revenir nous voir durant toutes leurs études en haute école. C’est pourquoi nous accordons beaucoup de soin à l’accueil. L’accueil de chacun, de la même manière, avec bienveillance. »
Quand le salaire devient nécessité
Quand le travail rémunéré devient nécessité pour payer les études, subvenir à ses besoins ou aider financièrement sa famille, il peut engendrer une fatigue physique et psychique. Avec le risque que ce job prenne progressivement le pas sur les études elles-mêmes, autre « travail » mais non rémunéré et donc moins valorisé. Ainsi, selon plusieurs études, la précarité étudiante et le fait de devoir travailler pour financer ses études a clairement un impact sur la réussite scolaire. (Lire à ce propos : Jobs étudiants : quand le travail pénalise, analyse FUCID, et Les études vont-elles devenir un luxe que certains jeunes ne sauront plus se payer ?, article RTBF.)
Selon une enquête de 2023 menée par l’Observatoire de la vie étudiante de l’ULB, la précarité impacte la réussite et les conditions de la réussite :
- Parmi les étudiantes et étudiants salariés les plus précaires, près d’1 personne sur 2 manque les cours plusieurs fois par semaine à cause de son emploi. Cette proportion est d’1 sur 7 chez les plus aisés.
- Les plus précaires sont 7,9 % à ne pas avoir accès à un ordinateur ou une tablette dans leur domicile, alors qu’aucun étudiant et étudiante aisé ne se déclare dans cette situation.
- On constate un écart de 2,3 points entre les moyennes annuelles des étudiants et étudiantes les plus précaires et celles des étudiants les plus aisés.