102DossierLa vie des PSE
25.11.2025

L’accueil de l’élève : le stress en situation de bilan de santé

Dans les écoles, le bilan de santé est un passage obligatoire pour tous les élèves. Jusqu’à présent, ce moment était surtout envisagé sous son angle médical. Les dimensions émotionnelles – appréhension, malaise, inquiétudes – étaient encore parfois peu prises en compte. Or, pour certains jeunes, cette visite peut susciter des interrogations ou un stress marqué, et dans de rares cas, être vécue comme une expérience difficile.

La crise du Covid a mis davantage en lumière la santé mentale des enfants, adolescents et jeunes adultes. Dans ce contexte, les services PSE ont intensifié la réflexion : quelle est leur place face aux émotions et au vécu des élèves lors du bilan de santé ?

Cette réflexion a mis en évidence un point essentiel : la manière d’accueillir un élève influence fortement la façon dont il vit son bilan. L’attention portée à la posture professionnelle, au ton et à l’écoute peut réduire l’appréhension et faciliter le déroulement de la visite.

Dans le cadre de ce dossier sur le stress, nous avons interrogé le SPSE de L’UCLouvain. Leurs réponses nous permettent de comprendre comment ce stress se manifeste lors des bilans santé et comment leur équipe le prennent en compte.

L’équipe du SPSE, coordonnée par la docteure Yasmine Seré, distingue plusieurs formes de stress auxquelles les élèves peuvent être confrontés lors d’un bilan de santé.

1. Le stress lié au contexte organisationnel

Il s’agit du stress qui découle des conditions dans lesquelles se déroulent les échanges avec les élèves ou étudiants.
L’équipe observe l’état de stress dans lequel arrivent les jeunes et leurs accompagnants lors du bilan de santé. Ces états peuvent être influencés par divers éléments organisationnels :

  • un trajet en bus long, chaotique ou fatigant ;
  • des difficultés pour trouver le lieu du rendez-vous ;
  • un temps d’attente perçu comme trop long ;
  • la pression des professeurs soucieux de repartir rapidement pour respecter les horaires scolaires, etc.

2.  Le stress lié au bilan de santé lui-même

C’est le stress verbalement ou non verbalement formulé par l’élève, à travers ses questions ou ses inquiétudes : « Quel examen vais-je devoir passer ? », « Devrai-je me déshabiller ? », « Vais-je croiser d’autres élèves ? », « Vais-je être vacciné ? », « Va-t-on me mettre un bâton dans la bouche ? », « Devrai-je monter sur la balance ? », etc.

Enfin, le stress observé et mesurable, à travers des signes physiques ou comportementaux : larmes, tremblements, tachycardie, pâleur, mutisme, agitation, etc.

Ces manifestations permettent d’objectiver l’état émotionnel du jeune et d’ajuster la posture et les interventions.

Dans ce contexte de bilans de santé obligatoires, l’équipe du SPSE met en place différentes stratégies pour réduire le stress lié à l’examen lui-même. Cela passe essentiellement par l’explication du déroulement de la visite, la réponse aux questions dès l’accueil, et l’adoption d’une posture rassurante et bienveillante. Ces aspects font l’objet de nombreuses réflexions au sein de l’équipe et constituent une partie du projet de service.

Parallèlement, lorsque l’élève est reçu individuellement, que ce soit par l’infirmier·ère ou par le médecin, le stress peut se percevoir, se ressentir, s’observer ou s’exprimer de différentes manières.

Les principaux outils sont alors :

  • l’évaluation du niveau de gravité (par exemple, à l’aide d’une échelle de bien-être permettant d’estimer le degré de stress tout en amorçant le dialogue).
  • l’écoute active, bienveillante et sans jugement.
  • le dialogue empathique,
  • les conseils généraux ou personnalisés,
  • la mise en contexte.

Les réponses qui en découlent varient entre rassurer, alerter, orienter, ou parfois proposer un suivi complémentaire.

L’équipe attire toutefois l’attention sur le fait qu’il est difficile d’évaluer l’efficacité réelle de ces interventions, car elle a peu de visibilité sur ce qui se passe par la suite. Néanmoins, il semble que ces stratégies facilitent le dialogue et la confiance.

Le rôle des PSE est d’aborder la santé des jeunes de façon globale. Aujourd’hui, on reconnaît que le bilan de santé peut être une source de stress, et que ce stress peut limiter la possibilité d’aborder d’autres aspects importants de la vie et de la santé de l’élève. En travaillant sur ces freins, il devient possible d’ouvrir davantage le dialogue.

En effet, lorsqu’un climat accueillant est installé, cela permet des échanges plus ouverts sur différents aspects de la vie de l’élève et notamment sur les questions de santé mentale. Dans ces situations, le rôle du PSE est d’orienter l’élève vers les services ou les professionnels les plus adaptés.

Le stress et ses conséquences sur l’équilibre psychologique

Pour situer ces enjeux de santé mentale, il est utile de rappeler ce qu’est le stress, comment il fonctionne. Le stress est une réponse physiologique et psychologique de l’organisme face à une contrainte ou à une situation perçue comme dépassant ses capacités d’adaptation. Cette réaction est normale et même utile à court terme (stress aigu : ponctuel, lié à une situation immédiate, ex. un examen), mais elle devient problématique si elle persiste dans le temps ou devient excessive (stress chronique : prolongé, souvent lié à des problèmes persistants, ex. pression scolaire, soucis familiaux, etc.).

Le stress peut avoir des conséquences importantes sur la santé physique (système cardiovasculaire, immunitaire, digestif), mentale (anxiété, dépression, burnout) et sociale (absentéisme, baisse des résultats scolaires, isolement).
En somme, un peu de stress peut stimuler, trop de stress finit par bloquer.

Repérer les signes du stress chronique

Chez les enfants et les adolescents, le stress se manifeste de multiples façons :

  • Physiques : maux de ventre, maux de tête, troubles du sommeil, fatigue, plaintes somatiques diverses.
  • Émotionnelles : manque de confiance ou d’estime de soi, peur de l’échec, irritabilité, pleurs, découragement, déprime, anxiété.
  • Comportementales : agitation, refus d’école, baisse de motivation, isolement, difficulté de positionnement dans l’environnement social, assuétudes, automutilations, agressivité.
  • Cognitives : perte de concentration, trous de mémoire, baisse des résultats.

Ces manifestations varient selon l’âge, le contexte scolaire, le contexte familial et les appuis disponibles autour de l’élève.

En primaire, lors des apprentissages fondamentaux (lecture, écriture, calcul) ou du CEB, le stress est souvent lié à la peur de décevoir les adultes. En secondaire, le stress augmente face aux examens, à la pression, à la charge de travail et aux changements sociaux et physiques de l’adolescence. En supérieur, les sources de stress peuvent être importantes également : la nouveauté, la charge de travail, les travaux de groupes, les blocus prolongés, les nouvelles exigences, les trajets, la charge horaire, la nécessité de jober pour certains, les craintes d’être non finançable, etc.

Des pics de stress peuvent être observés lors de périodes de transition : passage primaire-secondaire, choix d’orientation, examens certificatifs, passage en enseignement supérieur.

Mais au-delà de ces différences, le rôle du cadre – enseignants, parents, pairs – reste déterminant : la bienveillance, la pédagogie et le soutien social influencent fortement la capacité d’un jeune à faire face à la pression.

Encourager des comportements positifs

Pour prévenir un stress excessif, le SPSE UCLouvain insiste sur l’importance des gestes du quotidien :

  • L’hygiène de vie : le sommeil, l’alimentation, la pratique sportive ou toute autre activité physique favorisant l’équilibre quotidien.
  • Le bien-être personnel : la mise en place d’exercices de respiration, de cohérence cardiaque, de yoga, de relaxation, ou encore d’activités « exutoires » telles que l’expression orale ou écrite, le dessin, les sorties nature ou le sport.
  • Le cadre de travail : l’importance d’un environnement propice aux apprentissages, des conseils d’organisation et de planification, ainsi que des techniques de mémorisation et de restitution adaptées.
  • Le recours à l’aide et aux ressources disponibles : encourager la parole, l’expression des émotions et la recherche de personnes ressources — qu’elles soient issues de l’entourage familial, amical, scolaire ou du réseau professionnel.

Quand le stress devient trop lourd

Lorsque les signes s’intensifient, le SPSE joue un rôle d’aiguillage vers les ressources adaptées : parents, professionnels de santé, PMS, équipe éducative, services sociaux ou psychologiques. « Pouvoir orienter le jeune de la manière la plus adaptée et la plus efficace possible constitue un enjeu central pour des services comme les nôtres », souligne la docteure Séré, responsable du SPSE. L’orientation et la collaboration représentent les piliers essentiels au fonctionnement du SPSE : repérer, accompagner, orienter.

Selon la situation, cette orientation peut concerner les parents, les professionnels de la santé, les services PMS, l’équipe éducative, les organismes de soutien, les plannings familiaux, ou encore les points-santé et services sociaux présents dans les hautes écoles, etc.

À noter que le regard du SPSE se distingue de celui du PMS. Là où le PMS accompagne l’élève individuellement sur le plan psychologique et pédagogique, le PSE tente de gérer le stress avant qu’il ne devienne excessif, en favorisant un équilibre global.

Mini-Portrait du service

Le Centre de Santé UCLouvain SPSE est une asbl dont le Pouvoir Organisateur (PO) est issu de membres de l’UCLouvain, membres cliniques, académiques et de l’École de Santé publique, mais aussi des représentants de PO des écoles sous tutelle.

Pour encadrer le travail journalier du service, le PO a missionné deux membres de direction : le coordinateur général et le coordinateur médical. L’équipe de direction supervise l’ensemble du service, appuyée par une équipe administrative, une équipe d’infirmier.es ainsi qu’une équipe médicale. Cette équipe pluridisciplinaire réunit des profils issus de la santé publique, de la pédiatrie, de la santé communautaire, de la nutrition, de l’informatique médicale, et de la gestion administrative et financière.

Le Centre de Santé UCLouvain travaille avec 47 écoles primaires, 25 écoles secondaires, 8 écoles spécialisées et 5 Hautes Écoles.

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