101AlimentationDossier
25.09.2025

Une alimentation saine ne se résume pas à la composition de l’assiette

A l’ONE, cette rentrée scolaire s’accompagne de la sortie des nouveaux objectifs prioritaires de l’alimentation chez l’enfant (OPA). Dix d’entre eux concernent plus spécifiquement les enfants en âge scolaire, de 2 à 12 ans. Nathalie Claes et Cleo Rotunno, conseillères diététiques à l’ONE, reviennent sur la naissance de ces objectifs et leur récente mise à jour.

Des objectifs prioritaires de l’alimentation, pour quoi faire ?

Ces recommandations fondamentales en matière d’alimentation servent notamment à outiller les professionnels de la santé scolaire. Ils peuvent servir de repères afin de se faire une idée sur l’environnement scolaire et conseiller les responsables pour faire évoluer celui-ci vers un mode plus sain et durable.

Il s’agit en fait d’une révision d’objectifs qui existaient déjà à l’ONE depuis 1998. Nathalie Claes conseillère diététique à l’ONE : « Il y a 30 ans, quand on parlait d’alimentation, ça partait dans tous les sens. Les conseils n’étaient pas toujours justifiés. Il y avait beaucoup d’interdits mais les recommandations indispensables n’étaient pas toujours proposées. Nous avons donc souhaité rédiger des priorités alimentaires validées de manière scientifique. Ces premiers objectifs résultaient d’une collaboration avec plusieurs spécialistes dans le domaine de la nutrition. Le but était d’apporter plus de cohérence au niveau des messages diffusés aux parents, en mettant l’accent sur les éléments importants. »

La nouvelle mouture s’intéresse davantage aux comportements autour de l’alimentation

Dans la première édition de 98, la plupart des objectifs étaient étroitement liés à la nutrition. « Mais bien manger, c’est plus que le contenu de l’assiette, complète Cleo Rotunno, également conseillère diététique à l’ONE. Les nouveaux objectifs tiennent davantage compte de différents aspects psychopédagogiques. Ils visent à encourager un environnement sain et bienveillant autour de l’alimentation des enfants. »

C’est pourquoi cinq des anciens objectifs en lien avec la composition de l’assiette ont été rassemblés en un seul point : l’alimentation durable et adaptée aux besoins des enfants. « Les anciens objectifs n’ont pas disparu, précise Cleo Rotunno, mais ont été rassemblés en un objectif qui est illustré par la pyramide alimentaire durable. » Par ailleurs, cinq nouveaux objectifs ont été ajoutés. Ceux-ci sont davantage en lien avec le temps de repas, par exemple, ou encore avec les sensations alimentaires de l’enfant…

Afin de mettre en lumière ces éléments de contexte, l’ONE propose d’ailleurs d’utiliser de façon complémentaire les deux supports pour diffuser les recommandations. Une affiche présentant la pyramide alimentaire, et une seconde mettant en lumière différents conseils :

  • quatre repas par jour,
  • bouger tous les jours,
  • favoriser des temps de repas sans écran,
  • privilégier les préparations maison,
  • et avoir un bon sommeil.
2 affiches ONE pour promouvoir une alimentation saine et durable

L’obésité et sa prise en charge

Selon l’Unicef, 2025 marquerait un « tournant historique » : « Pour la première fois, la prévalence mondiale de l’obésité chez les enfants et adolescents en âge scolaire dépasse celle de l’insuffisance pondérale (9,4 %, contre 9,2 %). » Un phénomène qui serait lié à l’influence massive de la publicité et l’essor des aliments ultra transformés. (Lire ici l’article complet du journal Le Monde à ce sujet.)

En Fédération Wallonie-Bruxelles, l’obésité infantile demeure une préoccupation de santé publique. Selon l’enquête HBSC 2022 (ULB-SIPES) menée en Wallonie et à Bruxelles, 17,5 % des élèves étaient en excès de poids (13,3 % en surpoids, 3,3 % obèses et 0,9 % en obésité morbide) ; les prévalences sont comparables entre régions et en hausse depuis 2010. Un gradient social est observé : la proportion d’élèves en surpoids/obésité augmente dans les filières moins favorisées.

Les enfants âgés de 2 à 17 ans atteints d’obésité peuvent bénéficier d’un trajet de soins multidisciplinaire, en fonction du seuil de leur indice de masse corporelle (IMC). L’enfant et sa famille pourront être orientés vers un centre multidisciplinaire pédiatrique pour l’obésité (CMPO) par leur médecin généraliste ou par un pédiatre, ou encore par un médecin de l’ONE, d’un centre PMS, etc. L’enfant y bénéficiera, sans ticket modérateur, d’un suivi coordonné par une équipe composée de pédiatres, diététiciens, psychologues, kinésithérapeutes et assistants sociaux. Ce dispositif vise à offrir un accompagnement personnalisé, alliant rééquilibrage alimentaire, activité physique, soutien psychosocial et orientation vers des soins résidentiels si nécessaire. (Plus d’infos sur le site de l’INAMI.)

L’ONE propose des formations aux nouveaux agents des services PSE, dans le cadre de la prévention du surpoids. On y aborde notamment quatre axes de travail :

  • l’alimentation,
  • le sommeil, qui doit être de qualité, réparateur et suffisant pour ne pas perturber le système hormonal,
  • le fait de poser des limites, donc l’importance de mettre un cadre aux enfants par rapport à leur alimentation,
  • et l’activité physique.

Nathalie Claes : « Il est important aussi de bien connaître l’existence de ce trajet de soins pour les enfants dont le BMI est trop élevé. L’enfant doit être orienté vers son médecin généraliste, qui deviendra coordinateur du projet. Il pourra ensuite bénéficier de toute une série de consultations en fonction du degré de son surpoids. Toutes ces consultations sont remboursées. »
« Les services PSE peuvent suggérer de rentrer dans ce trajet de soins, ajoute Cléo Rotunno. Bien sûr, cette question n’est pas simple à aborder avec les familles et le bilan de santé ne permet pas de recueillir beaucoup d’informations de contexte qui seraient pertinentes. Mais il est important de transmettre les informations aux familles. »

Le diabète chez l’enfant

En Fédération Wallonie-Bruxelles, le diabète de type 2 chez l’enfant reste rare mais préoccupant : il représente moins de 10 % des cas pédiatriques de diabète, contre seulement 1 à 2 % il y a deux décennies (source : huderf.be). En Belgique dans son ensemble, la prévalence estimée de tous types de diabète (adultes et enfants compris) atteint 10 %, dont plus d’un tiers ignorent qu’ils en sont atteints (source : www.belgiqueenbonnesante.be, chiffres de 2022).

Cette progression s’inscrit dans le contexte du surpoids et de l’obésité croissante, identifiés comme facteurs de risque majeurs, en particulier lorsqu’ils s’associent à une alimentation trop riche en calories, graisses saturées et sucres, et à une sédentarité marquée.

Les objectifs prioritaires de l’alimentation chez l’enfant de 2 à 12 ans (ONE)

  • Offrir chaque jour 4 repas
  • Favoriser une alimentation durable et adaptée aux besoins de l’enfant
  • Augmenter la consommation d’aliments riches en acides gras OMÉGA-3
  • Développer le goût afin de faire apprécier une alimentation variée et saine
  • Privilégier les préparations faites maison
  • Continuer à donner le goût de l’eau
  • Être attentif aux sensations alimentaires de l’enfant
  • Profiter des repas sans écran
  • Faire du repas un moment de plaisir partagé et de détente pour tous
  • Favoriser l’autonomie dans un cadre bienveillant proposé par l’adulte

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