L’inclusion numérique est devenue un sujet d’actualité, particulièrement avec la crise du Covid-19. Dès 2010, avec la Stratégie numérique pour l’Europe, le mouvement de la numérisation de l’ensemble des activités et des démarches de la vie quotidienne est en marche. En 2020, avec la crise sanitaire, l’utilisation du numérique s’est clairement intensifiée, avec, dans le même temps, la mise en évidence de disparités quant à l’accès à cet outil.
Une étude réalisée par plusieurs centres de recherches de l’UCL (CIRTES, FTU, institut IACCHOS) et la VUB a notamment mis en évidence les inégalités face à la numérisation des services essentiels. Si l’utilisation des services bancaires (e-banque) et des achats en ligne (e-commerce) ont progressé en 2020 et atteint 82% des internautes pour les premiers et 71% pour les seconds, le recours aux services publics numériques (e-administration) stagne, avec un peu plus de 68% de personnes qui disent les avoir utilisés au cours des douze derniers mois. Du côté de la prise de rendez-vous médicaux en ligne et de l’e-santé, ce sont 39% des internautes qui déclarent y avoir recouru l’an dernier ; la consultation en ligne du dossier médical global ne concerne que 13% d’entre eux.
Le niveau d’éducation et de revenus sont un frein pour l’utilisation des services publics dans leur format numérique. Selon le diplôme, cet usage va du simple au double : 43% parmi les personnes disposant d’un diplôme de l’enseignement secondaire inférieur contre 83% pour les diplômés de l’enseignement supérieur. Idem pour l’e-santé, où l’écart est de 24% selon le niveau de diplôme. Autre constat : le fait d’utiliser Internet ne garantit pas l’appropriation des services numériques essentiels. Or une série de démarches administratives en ligne sont devenues incontournables et sont donc discriminantes.
Le rapport DESI 2020 (Digital Economy and Society Index – Commission européenne) confirme cette stagnation de l’usage des services publics numériques en Belgique.
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Espaces publics et inégalités de genre
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Dans le cadre des missions de l’Iweps (Institut wallon de l’évaluation, de la prospective et de la statistique), celui-ci donne l’opportunité à des chercheurs de diffuser des résultats de recherches portant sur une question d’intérêt pour la Wallonie. C’est le rôle de la revue Dynamiques régionales qui, dans son numéro 12 paru fin novembre 2021, fait écho à des travaux sur l’espace public et les inégalités de genre.
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Comme le soulève Rébécca Cardelli, rédactrice en chef invitée et membre de l’Iweps, « en Belgique les travaux articulant genre et géographie sont encore peu nombreux (…). L’intérêt de cette articulation est de souligner la dimension genrée de l’espace public, mais aussi de proposer une lecture spatiale des rapports sociaux de genre afin de mieux comprendre les expériences des femmes dans les espaces publics et de multiplier les possibilités de lecture des rapports de pouvoir. »
Il s’agit de mieux comprendre comment les femmes trouvent leur place dans l’espace, comment elle s’y déplacent, les stratégies qu’elles mettent en œuvre pour l’occuper, mais aussi pour le transformer. La question du droit à la ville est dès lors posée en mettant l’accès sur la perspective de genre.
Plusieurs contributions de chercheur.e.s viennent alimenter ce numéro, dont un article d’Irène Zeilinger et Laura Chaumont, de l’asbl Garance, sur le quartier Casernes à Namur, qui se veut un nouveau quartier pour plus d’égalité de genre. Après des marches exploratoires avec des groupes de femmes de différents âges, statuts socio-économiques et situations familiales, un cahier de recommandations a été émis et inclus par la ville de Namur dans le cahier des charges pour l’aménagement de cette portion de territoire. Parmi les aménagements retenus, une meilleure visibilité et un meilleur éclairage de certains espaces pour plus de contrôle social, une meilleure accessibilité des espaces verts pour les personnes accompagnant des enfants, un local d’allaitement... Il s’agit d’une première en Wallonie : le permis de bâtir a été délivré en août 2020 et la fin des travaux prévue en 2023.
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Préserver la santé des aidants proches
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Les aidants proches sont plus de 12% en Belgique, mais bien des constats de terrain montrent qu’un certain nombre d’entre eux ne se considèrent pas comme tels. Alors qu’ils s’occupent d’un parent âgé, d’un conjoint malade, d’un enfant handicapé, tous ne perçoivent pas la charge physique, mentale, émotionnelle que cette prise en charge, à géométrie variable selon les situations, représente. Or, on l’a vu avec le Covid, la santé de ces aidants proches peut être mise en danger à force d’être sollicités. Et s’ils ne se reconnaissent pas comme tels, comment les aider ? Tel est le fil conducteur que l’asbl Aidants proches a voulu mettre en avant par le biais d’une campagne visant toutes les personnes engagées dans une relation d’aide à leur entourage, afin de se reconnaître comme tels et de bénéficier d’un soutien ad hoc.
Les trois associations sœurs soutenant les aidants proches en Belgique francophone (asbl Aidants Proches Bruxelles, Wallonie et Jeunes aidants proches) ont donc lancé une campagne de sensibilisation avec un spot radio et télévisé où de petites scènes de la vie courante doivent permettre aux aidants de s’identifier comme tels et prendre conscience de leur rôle. L’impact de cette campagne a permis d’augmenter sensiblement (X 6) les appels auprès de l’asbl. Des affiches et des dépliants ont également été imprimés reprenant les messages de la campagne. Un livret sous format numérique et papier rappelle également que la santé des aidants proches n’est pas seulement à appréhender sur le plan physique, mais également psychologique, émotionnel, relationnel.
Un colloque a également eu lieu en octobre dernier, intitulé « Déconfinement made in Aidants Proches », afin de réfléchir à l’impact du Covid, partager les savoirs et mettre en lumière ces invisibles. Des enregistrements et des documents sont disponibles en ligne.
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Emotika, pour la santé émotionnelle des enfants
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La santé mentale des enfants et des jeunes a été marquée par la période du Covid, mais c’est dès avant cette période que le Centre local de Promotion de la santé de Charleroi-Thuin a planché sur un outil permettant de développer l’intelligence émotionnelle des enfants de 9 à 12 ans, à savoir identifier, exprimer, réguler, utiliser ses émotions, tout en tenant compte de celles des autres. Il s’agit donc d’amener les enfants à se poser la question de ce qu’ils ressentent, de la place à laisser aux émotions, comment les reconnaître, identifier les ressources pour agir ou encore comment associer ses émotions et ses besoins. Cet outil a donc pour ambition de les aider à répondre à ces questions et à développer de l’empathie dans le groupe.
Le jeu se déroule sur l’archipel Emotika composé de cinq îles, que les enfants vont découvrir une à une en six séances d’animation. Chacune des séances permet d’atteindre un objectif spécifique. Le jeu peut être utilisé en contexte scolaire et extra-scolaire, mais aussi dans le secteur socioculturel, la promotion de la santé ou encore l’aide à la jeunesse.
L’outil est entièrement téléchargeable et demande une mise en forme et une construction des supports. Tout est détaillé dans le dossier pédagogique. Des vidéos explicatives existent pour chaque séance d’animation. Pour obtenir les supports, le dossier et les vidéos, il faut en faire la demande auprès du CLPS Charleroi-Thuin – coordination@clpsct.org. Une vidéo de présentation d’Emotika est accessible sur le site du CLPS Charleroi-Thuin et un accompagnement est possible.
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Renforcer la littératie en santé organisationnelle
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Un des fers de lance du Fonds Docteur Daniël De Coninck, géré par la Fondation Roi Baudouin, est le développement et le renforcement des compétences en santé. Or la littératie en santé organisationnelle constitue un niveau crucial entre les compétences en santé des citoyens et celle à l’échelle de toute la société.
Il s’agit pour les organisations de première ligne de faire en sorte que les gens puissent facilement trouver de l’information et les services ad hoc, afin de mieux prendre en charge leur santé.
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Autrement dit, le fonds Daniël De Coninck souhaite renforcer les organisations au sens large (pouvoirs locaux, services de soins à domicile, mutualités, maisons médicales, associations de patients…) afin que celles-ci soient attentives au développement des compétences en santé de leur usagers. Pour cela il faut que l’organisation concernée ait un management qui fasse des compétences en santé un objectif à part entière, en y allouant du temps et des moyens. Et ce, par le biais de la formation de son personnel, par un environnement physique adéquat, par la diffusion de contenus compréhensibles dans les médias imprimés, audiovisuel et les réseaux sociaux ou encore dans ses collaborations avec d’autres organisations.
Le fonds DD propose à ces organisations de se lancer au moins un des défis suivants : inscrire durablement les compétences en santé dans la mission, la structure et le fonctionnement de l’organisation, construire des relations axées sur les compétences en santé entre les professionnels et les usagers, développer la littérature en santé par la langue, les actions, le vécu. Autres défis possibles : co-créer avec des usagers tout au long du trajet de soins et apprendre et évaluer ensemble par-delà les frontières des organisations.
Un appel à projets a donc été lancé en ce sens début novembre et court jusqu’au 24 février 2022. Le soutien financier peut aller de 20.000 à 75.000 euros.
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