Les premiers constats remontés du terrain
Fin 2020, le Comité de pilotage et d’appui méthodologique (CPAM) des Stratégies concertées a procédé à un état des lieux et des connaissances, ainsi qu’à une collecte des données de terrain auprès d’un panel d’associations. En attendant la présentation finale de cette recherche prévue pour l’année prochaine, les participants du webinaire ont eu la primeur des premiers résultats. Il ressort ainsi par exemple que : les horaires de consultations de dépistages sont inadaptés ; l’organisation de certains services découragent les personnes (les femmes, par exemple, lorsque leur présence dans certains milieux peut être perçue négativement) ; les frais de transport ; la fracture numérique (prise de RDV via ordinateur), etc.
Outre ces difficultés, il s’avère aussi que les informations sur les services disponibles dans certains milieux (tels que le milieu carcéral ou les centres d’accueil pour migrants), et même pour la population générale, sont insuffisantes. Par conséquent, de nombreuses personnes ne savent rien de l’existence de nouveaux outils de prévention du VIH. Ainsi en est-il par exemple de la PrEP, le traitement pré-exposition qui est généralement pris lorsqu’on sait être à risque d’infection VIH. Si les hommes ayant des relations avec les hommes, par exemple, utilisent largement ce traitement, c’est rarement le cas des femmes migrantes d’origine africaine qui constituent le deuxième groupe de population le plus exposé. Cependant, il arrive aussi que les personnes disposent de l’information, mais se heurtent au personnel des centres d’accueil qui perçoivent certaines consultations, pour avoir une prescription pour la PrEP par exemple, comme un luxe.
De manière générale, il apparaît que la santé globale des personnes vulnérables – comme des personnes étrangères sans statut de séjour légal – est moins bonne que celle du reste de la population… La couverture des soins de santé devrait normalement aider, mais comme l’explique Christian Dongmo, chargé de projet à l’Observatoire du sida et des sexualités/ULB, « le droit à la santé reste théorique. En pratique, les renoncements aux soins et besoins médicaux sont observés en Belgique. C’est par ailleurs le cas dans la grande majorité des pays de l’Union Européenne où les inégalités de santé stagnent ou s’aggravent. Et par rapport aux autres pays européens, les dépenses qui restent à la charge des patients sont élevés en Belgique. »