Répondre à l’urgence sociale, concrètement
Si, déjà pour toute une série de personnes dont la situation juridique, économique et sociale était établie, les problèmes financiers se font ressentir, c’est sans parler de tous ceux qui connaissent des conditions de travail, de séjour ou d’existence nettement plus souterraines.
En effet, des milliers de personnes qui, jusqu’ici travaillaient au noir, survivaient grâce à l’aide alimentaire et autres sytèmes D, se retrouvent du jour au lendemain sans aucune ressource. C’est le constat que Céline Nieuwenhuys, secrétaire générale de la Fédération des services sociaux et membre du groupe d’experts désignés pour préparer la sortie du confinement, nous livre : « Ce sont des dizaines de milliers de personnes qui vont ainsi se retrouver dans une précarité sévère : tous ceux dont les revenus relèvent de l’économie souterraine, que l’on sait exister, mais que la société préfère occulter, trinquent et il va bien falloir en tenir compte. Les mesures que l’on met en place aujourd’hui concerne la vitrine de la société, mais les travailleurs au noir de l’horeca, de la construction, les prostituées, les mendiants, les sans-abri… ne rentrent pas dans les cases. »
Pour cette responsable de fédération qui rassemble les services sociaux associatifs de Bruxelles et de Wallonie, il est urgentissime de réagir pour aider ces personnes « car c’est de faim qu’elles vont souffrir très bientôt, si ce n’est pas déjà le cas. A cet égard, le secteur de l’aide alimentaire est complètement désorganisé depuis le début de la crise. Il était déjà sous pression face aux demandes d’aide émanant non seulement des personnes très précarisées, mais aussi d’une frange de plus en plus large de la population, comme les personnes émargeant au CPAS, des étudiants, des travailleurs à très bas revenus… Aujourd’hui, le nombre de demandes est démultiplié alors que le secteur, en grande partie basé sur le volontariat, la collecte d’invendus et qui n’est ni reconnu, ni financé, est complètement désorganisé. Et ce ne sont pas les 286.000 euros accordés par le ministre Ducarme qui vont changer la donne. Il faut imaginer un système de chèques alimentaires (comme c’est le cas en France, depuis le 7 avril – NDLR) qui permettrait d’aller se fournir en magasin et non de faire la file devant les points de distribution de colis alimentaires. »
Céline Nieuwenhuys met également en avant le numéro d’urgence sociale, le 0800 35 243, accessible pour toute personne résidant en Région bruxelloise et nécessitant une aide sociale urgente (alimentation, logement, dettes, chômage, situation professionnelle ou familiale ou isolement) : « Nous avons organisé ce numéro d’appel avec les services sociaux généralistes, qui répondent aux appels, décryptent la première demande et réorientent vers un opérateur de terrain susceptible de venir en aide à la personne en difficulté. Des centaines d’appels arrivent depuis sa mise en service, ce qui démontre bien et les besoins et la détresse des personnes impactées par cette crise sans précédent. »