Pour une meilleure appréhension des outils
Ce dossier, qui se construit au fur et à mesure des consultations et des différentes interventions et examens en soins de santé, nécessite que les différents protagonistes de cette relation de santé soient au courant des possibilités et utilisent de manière optimale les ressources ainsi créées autour de ce partage informatique des données.
A cet égard, le dernier plan e-Santé 2019-2021 a prévu un eHealthMonitoring afin de recueillir un aperçu quant aux données et attitudes subjectives des utilisateurs des services d’e-santé. Des enquêtes en ligne auprès des 9.000 prestataires de soins et citoyens ont été effectuées en 2019 et des focus groupes pour une approche qualitative, en septembre 2020. Un premier rapport a été publié fin 20201. Il en sera désormais ainsi chaque année.
Il en ressort que la transition du système de santé belge vers l’ère numérique ne se fera pas en un jour. Cette première version de l’eHealthMonitor montre que les prestataires de soins et les citoyens manquent de connaissances relatives aux possibilités de l’e-santé. Les MG, les pharmacien.ne.s, les infirmier.e.s et les aides-soignant.e.s utilisent des logiciels comme Recip-e pour les prescription électroniques, ou MyCareNet, une plateforme électronique utilisée par les prestataires et institutions de soins avec les mutualités. Selon leur spécificité, certaines applications sont davantage utilisées par les MG comme eFact (facturation électronique) ou eAttest (attestation électronique) ou pour les pharmacien.ne.s, le Dossier pharmaceutique partagé qui recense les médicaments prescrits à un patient, avec son consentement. Quant à la confiance qu’ils accordent aux applications numériques, elle est relativement élevée chez les soignants, mais deux prestataires sur dix éprouvent tout de même des résistances dans l’utilisation des services e-santé, ce qui n’est pas rien. Les relations entre prestataires de soins ou des demandes de tâches spécifiques (examen en laboratoire, mission à une autre prestataire ou renvoi vers un spécialiste), se déroulent encore très peu de manière numérique : la demande écrite sur papier reste le modus operandi le plus utilisé.
La première version de l’eHealthMonitor montre que les prestataires de soins et les citoyens manquent de connaissances relatives aux possibilités de l’e-santé.
Côté patients, la question du consentement éclairé donné par les citoyens à l’échange numérique de données médicales pose problème car si le nombre de consentements enregistrés officiellement en 2019 était supérieur à 82%, moins de la moitié des citoyens interrogés (46,3%) indiquent avoir donné ce consentement éclairé. Cela tend à démontrer que ce sujet a été traité à la hâte puisque les patients ne s’en souviennent plus. Autre sujet d’inquiétude : le fait que seuls 35,1% ont utilisé un portail officiel de santé national ou régional (entre octobre 2018 et septembre 2019) et une minorité ont consulté leurs données médicales en ligne. Ces chiffres ont sans doute évolué avec la crise sanitaire et notamment la possibilité de récupérer les données relatives aux tests PCR sur un portail de santé, même sans avoir consenti au partage de ses données de santé.