Se former en prison, une galère
La deuxième surprise de la matinée a été le documentaire :« La formation comme levier de réinsertion ? » dont la projection a suivi le speed dating. Ce film de trente-huit minutes donne la parole aux personnes détenues, aux acteurs judiciaires, à la direction et au personnel des établissements pénitentiaires, à des formateurs, etc., qui parlent de la formation et de la réinsertion. Si la formation est un droit et que la réinsertion professionnelle des (ex-)détenu·e·s semble faire consensus, la réalité montre cependant l’existence de nombreux freins et obstacles.
Le film commence avec un détenu qui se présente devant le Tribunal d’Application des Peines (TAP). Dans ce cas précis, le TAP est chargé d’examiner sa demande de bénéficier d’une surveillance (bracelet) électronique. Il doit ensuite fixer une date de passage du détenu devant cette juridiction et cette démarche peut prendre un temps relativement long. Le jour J, le détenu, accompagné de son avocate, doit présenter un plan de reclassement qui comprend l’inscription à une formation. Il doit s’agir d’une inscription définitive et non d’une inscription sur une liste d’attente. Dans ce dernier cas de figure, il y a beaucoup de chance pour que le TAP refuse la demande de libération conditionnelle. Or, pour une inscription effective, les centres de formation demandent souvent que les demandeurs soient déjà sortis de prison…
Les places de formation sont chères et le planning des centres de formation ne coïncide pas souvent avec celui des établissements pénitentiaires. En cas de refus par le TAP, le détenu peut refaire une nouvelle demande, trois ou quatre mois après. En proposant d’entamer une autre formation parce que, la plupart du temps, celle qu’il convoitait aura déjà commencé. Il n’est pas rare qu’il doive repasser trois à quatre fois devant le tribunal avant de voir son plan de reclassement accepté.
Si la formation est un droit et que la réinsertion professionnelle des (ex-)détenus semble faire consensus, la réalité montre cependant l’existence de nombreux freins et obstacles.