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05.03.2025

Projet ADHAirE : mobiliser toute la communauté scolaire contre le tabac

Les politiques actuelles de lutte contre le tabagisme, telles que l’interdiction de fumer dans les écoles ou les nouveaux périmètres sans fumée, sont-elles un moyen efficace d’offrir aux adolescents un environnement sûr et sain ? Et comment faciliter leur implémentation ? Il existe encore peu de données scientifiques concluantes à ce jour. Partant de ce constat, une équipe de chercheurs de l’Institut de Recherche Santé et Société (IRSS) de l’UCLouvain a lancé un projet d’étude expérimentale auprès de 20 écoles d’enseignement secondaire de la province du Hainaut.

Enfant qui respire sous un ciel bleu.

Pour ce projet baptisé ADHAirE (acronyme pour A Decent and Healthy Air for Everyone), dix écoles bénéficient d’un accompagnement de la part des chercheurs pendant deux années scolaires (2024-2025 et 2025-2026). Les résultats observés seront comparés à ceux de dix autres écoles faisant partie du « groupe contrôle ».

Etape 1 : un rapport sur la situation tabagique de chaque école

Le travail des chercheurs a été entamé bien avant cette rentrée, en août 2023, par le recrutement des écoles, la création des questionnaires, la réflexion sur l’implémentation. Entre octobre et décembre 2024, les chercheurs se sont ensuite attelés à l’évaluation de la situation de chacune des vingt écoles participantes. Les questions posées aux élèves portaient sur leur consommation de produits issus de l’industrie du tabac, leur perception des règles scolaires à propos du tabagisme et du vapotage ainsi que sur la visibilité du comportement tabagique à l’école.

Suite à cette analyse, chaque école a reçu un rapport sur sa situation tabagique, observée tant du point de vue des élèves que de celui des enseignants et des autres intervenants de l’école. Ce rapport décrit notamment la situation de l’école en termes de moments et lieux de consommation, et dresse en quelque sorte le bilan des points forts et faibles de l’école.

« La première activité que les écoles vont à présent réaliser pour ce projet, sera de lire et de s’emparer des résultats de leur rapport personnalisé », explique le professeur Vincent Lorant de l’UCLouvain, qui supervise le projet ADHAirE.

Etape 2 : mobiliser les forces vives

Pierre Laloux, chercheur travaillant sur le projet ADHAirE à l’UCLouvain, nous détaille l’étape deux : « L’étape suivante consistera à créer, dans chaque école, un groupe de travail visant à améliorer la mise en place des règles scolaires en matière de tabac, mais aussi à réduire le nombre d’élèves exposés au tabac et au vapotage. En créant une cohésion des acteurs de l’école autour de cette thématique de santé, les règles seront mieux intégrées dans le quotidien de l’école. »

Ce groupe de réflexion et d’action sera composé de représentants des élèves, des enseignants et de la direction, ainsi que d’autres membres du personnel tels que des éducateurs, des infirmiers scolaires… Le projet ADHAirE constitue donc une belle opportunité d’interaction entre les élèves, les enseignants et les services de la promotion de la santé.

Une équipe pour réfléchir, et initier des actions

« Les chercheurs de l’UCLouvain accompagneront ce groupe de travail pour le guider vers un consensus autour de la question, précise Pierre Laloux. Les pistes d’actions proposées seront le point de départ pour que chaque école puisse par la suite adapter les activités à sa propre réalité. »

Projet Adhaire pour une école sans fumée

Par exemple :

  • travailler sur le règlement d’ordre intérieur (ROI) de l’école à propos du tabagisme et du vapotage,
  • proposer des aménagements dans les endroits propices au tabagisme et travailler sur la signalétique dans et aux abords de l’école,
  • réfléchir aux sanctions appropriées,
  • organiser des sessions de formation pour le personnel…
  • Le projet prévoit aussi le soutien à l’arrêt ou à la réduction du tabagisme, pour les élèves comme pour les travailleurs de l’école.

Pour mettre en place ses actions, le groupe de travail pourra également s’appuyer sur une plateforme en ligne et des moments d’échange entre les différentes écoles participantes, organisés par l’équipe de recherche.

On a donc ici un projet global, impliquant directement les publics concernés – enfants et adultes – et une large palette d’acteurs internes et externes à l’école, pour aborder une problématique de santé dans toutes ses dimensions : sensibilisation, informations santé, soutien au sevrage, vie en collectivité, règlement, environnement…

A ma connaissance, il s’agit du seul projet de recherche expérimentale de santé communautaire en Fédération Wallonie-Bruxelles qui s’intéresse aux interventions sur le tabac, précise le professeur Lorant, qui identifie la prévention tabac comme une responsabilité collective. Le problème est social, donc la réponse doit être sociale. 

Nourrir la connaissance

Différents moments d’évaluation sont prévus afin de mesurer l’efficacité de ces interventions sur la situation tabagique de l’école. Un support sera également développé au fil du projet, sorte de boîte à outils qui grandira avec les idées de chaque école participante.

Pour mener à bien le projet ADHAirE, l’équipe de chercheurs de l’UCLouvain est entourée d’autres acteurs tels que l’Observatoire de la Santé du Hainaut, le Fonds des Affections Respiratoires (FARES) ou encore le Service d’Etude et de Prévention du Tabagisme (SEPT). Le projet est financé par un Grant prévention de la Fondation contre le Cancer (appel à projets 2022).

Pour plus d’informations sur le projet, vous pouvez contacter Pierre Laloux : pierre.laloux@uclouvain.be

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