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25.04.2025

Quand les parents hésitent à faire vacciner leurs enfants

Rougeole, coqueluche, RSV, Mpox, Covid-19… les maladies infectieuses à prévention vaccinale font régulièrement parler d’elles. Heureusement, les programmes de vaccination belges ont permis de réduire fortement l’incidence de nombreuses maladies infectieuses dans notre pays. Mais des efforts restent à fournir, notamment en matière d’information. Et par information, on ne parle pas tant de convaincre que de permettre à chacun de prendre des décisions pour sa santé – ou celle de ses enfants – en toute connaissance de cause.

Cela a été dit et redit pendant le Covid, la vaccination est un acte collectif autant qu’une mesure de protection individuelle. Sur le plan de la santé publique, il est en effet nécessaire de dépasser un certain seuil de personnes vaccinées afin de réduire la circulation de la maladie. C’est ce que l’on nomme le seuil d’immunité collective.

Paloma Carrillo-Santisteve, Médecin et Gestionnaire du Programme de vaccination la Fédération Wallonie-Bruxelles : « L’immunité collective correspond à un pourcentage d’une population qui est protégé, ou immunisé, contre une infection. Pourcentage à partir duquel un sujet infecté qui est introduit dans cette population va transmettre le pathogène à moins d’une personne en moyenne. Ce qui amène de fait l’épidémie à l’extinction, puisque le pathogène rencontre trop de sujets protégés. Cette immunité de groupe, ou collective, peut être obtenue suite à l’infection naturelle ou par la vaccination (s’il existe un vaccin bien entendu). »

Le vaccin contribue ainsi à protéger le plus grand nombre de personnes possible, y compris les personnes les plus faibles ou qui ne peuvent pas se faire vacciner, et à éviter les épidémies.

Vaccination : ce que disent les statistiques

Où en sommes-nous au niveau des vaccinations recommandées en Fédération Wallonie-Bruxelles (FW-B) ? Selon le rapport de Sciensano sur la « Couverture vaccinale des vaccinations de base » publié en 2021, les taux de vaccination étaient en hausse pour tous les vaccins inclus dans les programmes de vaccination. Des efforts restent cependant à fournir.

Par exemple, le rapport pointait une couverture vaccinale inférieure au seuil de 95 % recommandé par l’OMS pour la deuxième dose du vaccin rougeole-rubéole-oreillons (RRO), dans les trois régions du pays.

Dans un autre rapport de 2023 portant sur « L’épidémiologie des maladies infectieuses à prévention vaccinale », Sciensano précisait encore que : « l’augmentation du nombre de cas de rougeole était prévisible car la couverture vaccinale contre la rougeole est encore trop faible. (…) La Belgique, comme d’autres pays européens et l’OMS, s’est engagée à éliminer la rougeole, mais cette couverture vaccinale insuffisante (< 95 % pour deux doses) rend difficile la réalisation des objectifs de l’OMS. »

Concernant le HPV, les résultats de l’enquête sur la couverture vaccinale 2022-2023 chez les élèves de 2ème secondaire de la FW-B révélaient une augmentation du nombre d’adolescents vaccinés depuis l’enquête précédente (2020) :

  • 59,7 % d’élèves vaccinés pour la 1ère dose (54 % en 2020)
  • et 52,4 % pour la 2ème dose (47,6 % en 2020).

Pour tous les résultats des enquêtes de couverture menées par l’ONE en FW-B, rendez-vous sur le site vaccination-info/pro.

L’influence du COVID-19 sur la vaccination

La « période Covid » a conféré à la vaccination une certaine visibilité sur la place publique, avec son lot de fake news à propos des vaccins. Avec quelle influence sur la couverture vaccinale ?

Paloma Carrillo-Santisteve : « Cette surinformation a entraîné des réactions très différentes d’une personne à l’autre. Certains se méfient plus des vaccins qu’avant, tandis que d’autres se font davantage vacciner. On manque d’études récentes pour avoir une vision claire sur le sujet. D’autant plus que couverture vaccinale et hésitation vaccinale sont deux informations distinctes à ne pas confondre. »

Hésiter, ce n’est pas rejeter tout vaccin

Pour définir l’hésitation vaccinale, commençons par ce qu’elle n’est pas. A côté des pro-vaccins et des antivax (qui rejettent systématiquement toute vaccination), on rencontre une série de personnes que l’on peut considérer comme hésitantes, car elles ont des doutes et/ou des questions en suspens. Parmi celles-ci, certaines acceptent tout de même de faire tous les vaccins proposés, tandis que d’autres vont refuser ou postposer certains vaccins.

Ejpse99 Hesitation Vaccinale

S’interroger, exercer son regard critique est une posture tout à fait positive. Et si, dans une optique de promotion de la santé, on ne peut que reconnaître la légitimité de se poser des questions, il ne faut pas négliger l’importance de la réponse ! Fournir une information claire et scientifique ou orienter vers des sources d’information fiable est ici primordial.

L’hésitation vaccinale : un phénomène multifactoriel

Selon l’article L’hésitation vaccinale : un état des lieux, publié par le RESO en 2020 : « L’hésitation vaccinale résulte de réflexions complexes incluant des facteurs émotionnels, culturels, sociaux, spirituels, politiques et cognitifs ». Il n’y aurait donc pas un hésitant-type, mais bien une multitude de personnes qui se posent une multitude de questions pouvant aboutir au fait de refuser ou postposer une vaccination.

Ces trois composantes importantes de l’hésitation vaccinale sont fréquemment identifiées dans la littérature :

  • La sous-estimation du danger, lorsque la maladie est peu présente dans le pays – et paradoxalement, c’est souvent grâce à la vaccination ! – et sa prise en charge efficace, et que la vaccination n’est alors plus perçue comme nécessaire.
  • Les problèmes de commodité : horaires des médecins, prix, accès géographique.
  • Un manque de confiance envers le vaccin, le système de santé, le politique…

Plus d’infos sur les composantes de l’hésitation vaccinale

Les Belges et l’hésitation vaccinale

Un projet subsidié par l’Organisation mondiale de la Santé étudie le phénomène d’hésitation vaccinale dans plusieurs pays, dont la Belgique, depuis 2016. Selon les derniers chiffres de 2022, dans notre pays :

  • 76,4 % des répondants considèrent les vaccins comme importants ;
  • 82,6 % les considèrent comme efficaces ;
  • 78,5 % les considèrent comme sûrs.

Notons que ces trois chiffres connaissent une diminution générale depuis 2018.

Des réponses basées sur des informations fiables

Face à la méfiance, les auteurs de l’article résumé par le RESO avancent quelques pistes : « communiquer efficacement, en diffusant des messages clairs au public et aux prestataires de soins, s’avère fondamental pour gagner la confiance. Plus spécifiquement, il s’agit d’assurer la transparence des décisions politiques concernant la vaccination, de fournir davantage d’information au public et aux professionnels de santé au sujet de procédés rigoureux, fiables et sûrs d’approbation des nouveaux vaccins et d’adapter les discours en prenant en compte les préoccupations de la population. »

L’hésitation vaccinale et les services PSE

Comment les services de promotion de la santé à l’école peuvent-ils se positionner face à l’hésitation vaccinale ? Caroline Montoisy, conseillère en santé publique pôle PSE de l’ONE : « La meilleure façon de travailler l’hésitation vaccinale est de répondre et rassurer les parents des élèves. Cependant, encore faut-il avoir un contact avec les parents. »

Répondre aux questions et rassurer, dans le respect des choix de chacun, c’est en effet la posture qu’adoptent la plupart des services. Nicolas Henri, récemment arrivé à la direction du service PSE Xavier Francotte à Liège : « Pour mes premiers contacts avec les parents, il s’agissait de répondre à des questions sur la vaccination : ce qu’apportaient les différents vaccins, comment étaient gérés les risques. L’occasion de rappeler aux parents le suivi des médecins, l’importance du vaccin et sa gratuité. A terme, notre nouveau site comportera aussi des informations sur la vaccination. »

Sources et ressources pour aller plus loin sur l’hésitation vaccinale :

En 2025, la Semaine européenne de la vaccination se déroulera du 27 avril au 3 mai.

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