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17.12.2024

Intelligence artificielle, santé et société : Carnet de notes

Retour sur les ateliers participatifs qui se sont déroulés l’après-midi du 14 novembre dernier.

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Les ateliers participatifs de l’après-midi avaient pour objectif d’évoquer les besoins et les pistes en matière d’utilisation de l’IA dans les pratiques professionnelles du secteur social-santé. 

Répartis en trois sous-groupes, les participants étaient invités à prendre d’abord un temps individuel pour répondre à la question suivante : Quels sont les besoins que j’identifie en matière d’utilisation de l’IA dans les trois volets dimensionnels suivants : 

  • dans mes pratiques professionnelles (moi) et au sein de mon équipe/ma structure. 
  • au sein de mon public (mes publics). 
  • dans la société (ou autrement dit : quels points d’attention au niveau collectif et sociétal).

A l’aide de post-it déposés sur trois affiches différentes, les participants déposent les points identifiés et échangent. 

Dans un second temps, en regard des différents besoins émis, il s’agissait d’imaginer et de proposer ensemble des pistes/réponses/solutions. Ces pistes pouvaient être des outils, des expériences vécues, des conseils, de nouvelles propositions, des points d’attention. 

Nous avons synthétisé les besoins et pistes dégagés par les 3 groupes. Le constat est que dans la plupart des groupes, les besoins identifiés sont presque similaires et/ou se rejoignent. Pour l’ensemble des groupes, l’atelier a fait ressortir (très souvent en première idée instinctive), un ressenti de connaissances limitées sur la manière d’utiliser les outils IA au quotidien. Il en ressort donc qu’il serait intéressant pour les participants de pouvoir en savoir plus et de prendre davantage en main les outils.

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MOI/MA STRUCTURE/MON EQUIPE : 

Il a été mentionné à plusieurs reprises que les besoins mis en avant et pressentis au regard de l’item « moi et ma structure/mon équipe » relèvent de plusieurs ordres :  

  • Le gain de temps : L’IA permettrait de nous faire gagner du temps, ce dont on a de plus en plus besoin dans le monde professionnel et dans le secteur social-santé plus particulièrement. 
  • La facilitation la  gestion administrative : Au niveau administratif, l’IA peut apporter de l’aide pour rédiger les rapports d’activité, les dossiers de subventions. Cela peut permettre une simplification administrative, de manière générale. Exemple : aide à l’encodage de données récurrentes. Plus largement, soutien à la rédaction, traduction… 
  • L’aide/ le support enplanificationet gestion de projets, une aide au niveau du travail en équipe, dans un contexte où « on a de moins en moins de temps mais de plus en plus à faire ». 
  • La « mise à jour » des travailleurs et travailleuses et le temps qui doit y être consacré.
  • Le besoin de lever le tabou autour de l’utilisation de l’IA dans les équipes. 
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Les pistes évoquéespour tenter de répondre à ces besoins sont :  
  • Laformation : mentionnée de manière récurrente, afin de connaître et de s’outiller aux outils d’IA existants (ChatGPT, Gemini, Perplexity, IA Canva…), éveiller son sens critique, rédiger de prompts pertinents. 
  • L’utilisation d’outils basés sur l’IA permettant de vulgariserles propos et de s’adapter aux différents publics lors de la préparation en interne dans les équipes : l’IA pourrait adapter des contenus et en faciliter la communication et la compréhension au sein de l’équipe interne. 
  • La collaboration, avoir la possibilité de partager les « tips » relatifs à ces nouveaux outils et pouvoir les appliquer de manière transversale et commune. 
  • Le développement de son propre système (le cas pour l’une des structures présentes) au sein de son équipe / pour répondre à des besoins spécifiques (ex: créer une veille parlementaire en social-santé, collecte et compilation d’informations, etc).
  • La mise en place de moyens pour développer l’IA dans une optique de santé communautaire, notamment.  
  • La reconnaissance des « nouveaux métiers » liés à l’IA. 

 Les participants émettent cependant des craintes vis-à-vis de la fiabilité des sources et de la confidentialité et la protection des données. 

LES PUBLICS : 

Les besoins et les pistes du point de vue des différents publics ont été exprimés selon différentes thématiques : 

  • La performance : l’IA pourrait-elle aider à la création de contenus, avec les outils audiovisuels et pallier la rapidité d’évolution des logiciels de réalisation de vidéos en permettant de produire plus simplement des contenus vidéos, qui seraient aussi plus faciles à transmettre ? 
  • L’identification des publics : l’IA pourrait-elle aider à identifier plus précisément les différents publics, ainsi que leurs besoins ?
  • L’accessibilité : l’IA pourrait-elle améliorer et faciliter l’accès à des informations de qualité en réorientant correctement les différents publics en matière de ressources et de services ?  
  • Le développement et l’accès à des supports d’IA faciles d’utilisation et inclusifs. La formation à l’IA devrait contribuer à limiter l’impact de la fracture numérique et les inégalités qu’elle engendre.
  • La sensibilisation – éducationformation: les publics ont besoin de connaître les possibilités des plateformes d’IA et de se les approprier.  L’éducation à son utilisation appropriée et aux enjeux éthiques qu’elle sous-tend devrait également garantir l’autonomie des publics.
  • L’implication des publics « précarisés » dans l’évolution de l’IA. 
  • Le besoin d’infos ciblées et fiables : les publics en proie à beaucoup d’infos, l’IA pourrait leur permettre un « tri » plus facile vers l’info recherchée. Il faut cependant garantir que les infos proposées par l’IA soient fiables, ce qui ne semble pas être le cas actuellement.

 

Parmi les publics spécifiques qui devraient avoir accès à l’IA ont été nommés : les médecins, les familles, les femmes. 

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Les pistes évoquéespour tenter de répondre à ces besoins sont :  
  • La formation pour connaître et utiliser les nouveaux outils disponibles. 
  • La connaissance d’outils existants en la matière est une fois de plus l’une des pistes mentionnées par les participants. 
  •  Le développement d’un système améliorant la prévention permettant d’envoyer des appels au dépistage personnalisés et à renvoyer vers des professionnels de la santé situé à proximité. 
Les outils/moyens suggéréspour répondre à ces besoins sont :  
  • Des logiciels facilitant la création de contenus inclusifs : (Canva propose des polices plus lisibles, sous-titres, etc).
  • Des agences de formation en IA et medias (Mooc, Virtura, Wemanity). 
  • Des outils d’aide à la personnalisation des contenus proposés sur les réseaux sociaux (Feedly). 
  • Des centres de compétences comme Technofuturtic.be ou Mister IA en France.  
  • Des associations d’éducation aux médias… 
LA SOCIÉTÉ : 

Les besoins mis en lumière par les échanges lors de l’atelier au regard du collectif et de la société dans sa globalité sont principalement :  

  • La réduction des inégalités. Veille à avoir pour ne pas creuser davantage encore les inégalités sociales et en santé. Risque de fracture numérique accru avec l’IA. 
  • L’attention portée à la notion d’éthique. 
  • L’accessibilitéaux informations relatives à l’IA, aux algorithmes et nouvelles technologies. 
  • La fiabilité des données générées par l’IA revient également à ce niveau. 

 

Chaque participant a pu s’exprimer en ayant ses propres intentions et questionnements au regard de l’utilisation personnelle, collaborative ou plus globale pour et au sein de la société, comprenant les intérêts à court et moyen terme, mais aussi ses points de vigilance face à des outils encore peu connus dans leur entièreté de fonctionnement et d’application. 

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Les pistes évoquéespour tenter de répondre à ces besoins sont :  
  • La mise en avant de la prépondérance et du rôle clé de léducation face à la création et l’utilisation de nouveaux outils basés sur l’IA pour l’ensemble de la société, qui va de pair avec la formation souhaitée par bon nombre de participants. 
  • Un regard aiguisé et une attention particulière à ce besoin de conserver l’humain dans l’utilisation et la création des outils. 
  • Un cadre législatif rassurant permettant de faire face aux défis de partage et d’utilisation des données privées à grande échelle, et d’autant plus lorsqu’il s’agit du domaine de la santé. Un cadre légal plus développé est nécessaire et essentiel. 
  • Une occasion de repenser les métiers du soin et le système de santé. 

Pour l’un des 3 groupes, l’atelier s’est terminé sur un débat. Le gain de temps sur le plan administratif (grâce à l’IA) devrait permettre de remettre l’humain au cœur des projets et non de « perdre le temps gagné » à utiliser ou à se former à de nouveaux outils. Il faut que l’IA et ses outils soient profitables pour veiller à conserver les relations humaines au cœur du secteur de la santé.

Dans cette optique, l’un des 3 groupes de l’atelier s’est posé cette question : dans certains contextes, l’IA ne vient-elle pas pallier des problématiques préexistantes, en évitant d’en résoudre la cause (sociologique, structurelle…) fondamentale ?Par exemple, le temps gagné grâce à l’IA sur le plan administratif, ne pourrait-il pas contribuer à réduire la charge de travail du personnel soignant (notamment, en augmentant les effectifs), afin qu’il puisse assurer une présence qualitative auprès des patients ? En ce sens, poster un agent conversationnel aux côtés des résidents en maisons de repos et de soins n’est-il pas une fausse réponse à la solitude vécue par ce public ?  

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