Entourer les personnes en souffrance psychique
Troisième initiative épinglée : celle de l’asbl L’Autre « lieu » – RAPA2 qui s’intéresse aux liens entre la santé mentale et la société. Cette association propose différentes formules d’accueil et de soutien (accompagnement, habitats communautaires, permanences téléphoniques, groupes d’entraide), offrant aux personnes en souffrance physique la possibilité de vivre hors des structures psychiatriques, tout en comptant sur des filets de sécurité. Avec le Covid, les activités collectives dans le cadre de l’asbl ont évidemment été suspendues et une permanence téléphonique a été mise sur pied (02/230.62.60).
A côté de ces actions inhérentes au domaine de la promotion de la santé, L’Autre lieu propose également des activités propres à l’éducation permanente, sur la base de recherches-actions, de campagnes pour sensibiliser et faire réfléchir le public, les professionnels et les décideurs politiques sur la place de la folie. La créativité culturelle et sociale est également au centre des activités proposées à son public.
Pour Aurélie Ehx, chargée de projet et de recherches à L’Autre « lieu », « début 2020, nous avions lancé l’appel à projet « s’Habriter », mettant en avant les questions de l’hospitalité, de l’abri, de l’habitat. Le projet était de solliciter des associations, des écoles, des Centres d’Expression et de Créativité (CEC), des collectifs d’artistes… afin qu’ils réalisent des projets (labos philo, ateliers créatifs, d’écriture…) qui seraient venus alimenter une exposition programmée pour la fin de l’année. Un catalogue reprenant les créations devait être diffusé à 1.500 exemplaires. Avec le confinement, on a complètement réorganisé la campagne. Le thème est clairement en lien avec cette situation exceptionnelle : le confinement est l’occasion de réaliser un arrêt sur image sur notre espace personnel, avec une attention particulière sur notre intérieur et notre relation avec l’extérieur. »
L’asbl a décidé de transformer la campagne en « missions confinement » sur son abri, sa grotte, son chez-soi et le rapport aux autres. Quinze missions ont été lancées au fur et à mesure et se poursuivront tout l’été, avec le projet de pouvoir partir à la rencontre physique de collectifs pour continuer la récolte.
Le contenu de ces missions : photographier, dessiner ou décrire ce que l’on aperçoit par la fenêtre, s’interroger s’il y a un lieu « sous contrôle » chez soi, un territoire personnel, une zone spéciale, une place où le silence règne ou encore une mission « Garder ou jeter ? » qui interroge les participants sur le fait de savoir si l’on veut continuer de vivre dans un système identique à celui qui existait avant cette crise sanitaire. Les réalisations sont envoyées par mail, par courrier, déposées dans la boîte aux lettres de l’Autre lieu et peu à peu exposées sur un grand mur de l’asbl.
Aurélie Ehx met également en avant un autre projet mené dans le cadre de ce confinement : « Une émission radio est en cours d’élaboration au sein d’un petit groupe déjà constitué dans le cadre de l’émission Psylence, diffusée tous les 3e lundis du mois, sur RadioPanik (105.4, de 17 à 18h). Les membres de ce groupe, suivis à l’Autre lieu,travaillent, munis d’enregistreurs,à la réalisation de capsules radio, depuis leur domicile, en interrogeant leur entourage, des amis par téléphone ou en témoignant personnellement. Il en ressort que le confinement est finalement moins dur pour les personnes en souffrance psychique, à condition d’être bien suivies par leur thérapeute. En effet, en temps normal, elles vivent déjà assez isolées, avec une exposition à l’extérieur assez limitée et aussi avec une habitude des « craquages » et de la gestion de l’angoisse, de la panique. Leur thèse est qu’elles seraient finalement mieux armées pour réagir au choc du confinement. »
Le résultat de toutes ces récoltes sera partagé, comme prévu, en cette fin d’année. Quand la vie continuera malgré le coronavirus.