PréventionProjets
09.09.2024
Numero: 19

Le CeRAPSS, un nouveau venu en promotion de la santé ?

« Centre de Recherches et d’Actions pour des Projets en Social-Santé », tel est le nom de l’association qui se cache derrière l’acronyme du CeRAPSS. Cette nouvelle structure est le fruit du rapprochement des asbl Le CAIRN (Maison de quartier à Forest), Forest Quartiers Santé (FQS) et Santé, Communauté, Participation (SACOPAR), qui a eu lieu en début d’année. Une fusion stratégique qui intervient à un moment clé pour les associations, comme l’expliquent Bruno Vankelegom et Vanessa Makola, respectivement directeur et chargée de projets au CeRAPSS.

La santé à Bruxelles en 2050

Bxl santé : Qu’est-ce qui a poussé trois associations bien établies dans le paysage associatif bruxellois à fusionner ?

Bruno Vankelegom : Depuis quelques années, nous avons affaire à une professionnalisation, voire à une deuxième vague de professionnalisation du monde associatif. Les associations ont été versées au Code des sociétés et des associations il y a peu et elles ont dû se mettre en ordre au tout début de cette année (Voir encadré). Il existe cependant toute une série d’obligations légales que les toutes petites associations ont du mal à rencontrer. Essentiellement parce qu’il y a de plus en plus de travail administratif qui les détourne de leur premier objectif, à savoir porter une série d’activités qui constituent principalement leur raison d’être. Face à ces nouvelles obligations, SACOPAR, Le CAIRN et FQS ont commencé à s’interroger : se mettre ensemble ne réduirait-il pas le nombre de conseils d’administration, d’assemblées générales, de réunions, etc. ? Comment le faire en restant cohérent ?… Nous voulions certes fusionner, mais il s’agissait également de nous donner plus de chance de faire vivre notre projet associatif dans un cadre que nous maîtrisons plus aisément, un peu plus solide que quand nous étions trois entités distinctes.

Cette démarche était indispensable. Plusieurs associations sont déjà venues nous voir pour nous confier : « Nous sommes dans la même difficulté, comment faire parce que nous ne nous en sortons pas. Nous sommes trop petites, confrontées à beaucoup d’exigences, cela nous tue… ». A terme, c’est la mort ou la disparition des petites associations qui se profile, d’autant plus que les associations peuvent faire faillite actuellement.

B.S. : Quand cette idée de fusion est-elle née ?

B.V. : Il est difficile de le dire, mais la procédure a bien duré plus d’un an. Une fusion implique beaucoup de travail, mais celui-ci en vaut réellement la peine. Nous sommes passés par plusieurs étapes : il a fallu passer par nos assemblées générales pour voir s’il était possible de fusionner, elles devaient ensuite donner leur accord. Il a fallu vérifier les dispositions légales et, à cet égard, nous avons respecté le cadre le plus rigoureux : nous sommes passés par un expert-comptable qui a tout étudié, puis chez un notaire. Tout a été nettoyé : n’importe quel expert peut venir regarder, tout est limpide. Cette fusion a non seulement été une occasion pour tout remettre en ordre administrativement et financièrement, mais elle a aussi été une occasion pour revisiter à fond l’ensemble des projets, et pour nous poser des questions qui sont parfois difficiles : par exemple, jusqu’où va la participation des gens dans les structures ? Comment est-ce qu’on fait ? Etc.

Un nouveau Code des sociétés
et des associations

Depuis le 1er janvier 2020, le Code des sociétés et des associations a définitivement remplacé la loi du 27 juin 1921 sur les associations sans but lucratif, les associations internationales sans but lucratif et les fondations. Cette réforme a modifié le paysage associatif, apportant de nombreux changements auxquels il convient d’être vigilant. Les associations existantes au 1er janvier 2020 avaient jusqu’au 1er janvier 2024 pour conformer leurs statuts aux nouvelles dispositions.

[Extrait de « N’oubliez pas de mettre à jour vos statuts d’ici janvier ! » (27.09.2023),
sur https://www.monasbl.be/info/noubliez-pas-de-mettre-jour-vos-statuts-dici-janvier]

Vanessa Makola : Nous sommes actuellement dans un travail d’approfondissement de l’ensemble de nos projets pédagogiques et c’est un travail qui est complètement passionnant parce que ce sont des équipes qui ne travaillaient pas ensemble qui ont dû apprendre à se connaître, à travailler ensemble et à évoluer dans le même environnement. Et cela se construit aussi, des réunions d’équipe sont ainsi régulièrement réalisées pour réfléchir. Des groupes de travail thématiques ont été mis sur pied : un de ces derniers travaille par exemple sur la communication, un autre sur le bien-être au travail, etc. Mais cela peut aussi être une thématique plus précise. Notre assemblée générale nous a par exemple demandé de nous pencher sur la question des personnes âgées. Les groupes thématiques permettent aussi à chaque travailleur de s’impliquer.

Une équipe en réflexion,
mais aussi sur le terrain 

B.S. : Au-delà du travail de réflexion menée au sein de l’équipe, qu’en est-il concrètement du travail ? Le CeRAPSS n’est-il pas aussi et avant tout un centre d’action ?

B.V. : Notre champ de travail est celui du Social-Santé, nous pouvons donc intervenir sur ces deux secteurs en même temps. Parce qu’ils ont un petit peu les mêmes ambitions, à savoir que les gens vivent mieux et aient plus de prise sur leur qualité de vie, notre objectif est qu’il y ait un peu moins de barrières entre ces deux secteurs qui ne travaillent pas toujours facilement ensemble. Comme deuxième axe d’intervention, nous avons, d’une part, la recherche, l’accompagnement ou la formation, et la sensibilisation, et, d’autre part, l’action de terrain.

V.M. : L’accompagnement par exemple est un service que nous proposons aux acteurs qui développent eux-mêmes, à Bruxelles, des activités dans le monde du Social-Santé. C’est par exemple le cas des référents de quartiers dans le cadre des Contrats locaux Social-Santé (CLSS)[1]. Ou, autre exemple, l’accompagnement des échevins qui développent des projets santé sur leur commune[2].

Nous menons également des activités dans une maison de quartier (la Fermette du Bempt). Des activités collectives, aussi bien pour les adultes (groupes sur la parentalité ou l’alimentation) que pour des enfants (école de devoirs), mais aussi des activités physiques, etc. Il y a également des services plus individuels, tels que l’aide sociale, l’aide psychologique, l’aide en logopédie.

B.V. : A travers les activités, nous touchons les personnes avec les demandes et les besoins qu’elles ont. Elles ne viennent pas ici uniquement pour un aspect santé. Nous avons par exemple un Espace Public Numérique. Des personnes peuvent s’y rendre parce qu’elles veulent apprendre à utiliser un ordinateur. Pour pouvoir, par exemple, trouver un emploi, un logement ou se mettre en ordre administrativement à la commune. On voit très bien que derrière cette demande, il y en a une autre qui est de pouvoir régler d’autres soucis en réalité, comme l’isolement. Si elles ne savent pas utiliser un ordinateur, c’est peut-être aussi parce qu’elles n’ont personne autour d’elles qui pourrait leur apprendre. Derrière cette première demande, il peut aussi y avoir des demandes de renseignements : trouver un médecin, des lieux pour trouver un logement, des activités pour les enfants, etc. Voilà comment au départ d’une activité, on entre un peu plus dans le quotidien des citoyens. Soit, nous répondons directement à ce qu’ils nous demandent, soit nous les réorientons vers d’autres structures.

Anoutcha Lualaba Lekede


[1] Soutenus par la COCOM, les objectifs des Contrats Locaux Social Santé (CLSS) sont notamment de : – favoriser l’accès aux services sociaux et sanitaires, en particulier pour les publics vulnérables ; – renforcer la prévention de la perte de logement et d’expulsions ainsi que d’accompagner les citoyens vers un (re)logement qualitatif, sur https://cpas-molenbeek.be/fr/coordination-sociale/contrats-locaux-social-sante; voir aussi le dossier du Bxl santé numéro 17 : https://questionsante.org/articles-bxl-sante/pssi-a-tous-les-etages/
[2] Clotilde de Gastines, « Douze échevins bruxellois s’investissent en promotion de la santé » (Mai 2024), sur https://educationsante.be/douze-echevins-bruxellois-sinvestissent-en-promotion-de-la-sante/.