Quelle interprétation donner à ces scénarios ?
Présenter les futurs possibles, tel est l’objectif de la note de veille prospective de l’IWEPS, avec quelques données pour les alimenter. D’entrée de jeu, le lecteur est prévenu, il ne s’agit nullement d’un exercice de prévision ou de futurologie. Pour Frédéric Claisse, l’auteur, l’intérêt de ces scénarios est qu’ils sont « aussi et peut-être surtout, des représentations privilégiées du futur : si elles ont une valeur pour le monde d’après, c’est en nous donnant une idée de la manière dont le débat public pourrait se structurer dans les mois à venir ». L’auteur invite également à s’abstenir de connoter positivement ou négativement les scénarios qui, par ailleurs, ne s’excluent pas mutuellement.
Dans les mois à venir ce qui sera prépondérant, c’est une réinterprétation de ce qu’on a vécu…
Deux mois après le début du Covid-10, un scénario de l’après-crise se dégage-t-il plus que d’autres ? Pas vraiment, selon Frédéric Claisse : « Je crois que dans les mois à venir ce qui sera prépondérant, c’est une réinterprétation de ce qu’on a vécu… Vraisemblablement si la tendance continue, s’il n’y a pas vraiment une deuxième vague de la crise sanitaire. Car on entend déjà des gens dire, ici et là, qu’on en a trop fait, que le confinement n’était pas nécessaire, etc. En réalité, il l’était. Si nous nous en sommes plutôt bien sortis, c’est parce que des mesures exceptionnelles ont été prises ».
Dans ce contexte, on peut craindre que le désir de transformation de la société exprimé par beaucoup soit compromis. Pour le prospectiviste de l’IWEPS, il est difficile de dire si les scénarios de changement seront ou non relégués aux oubliettes : « Ce sont des scénarios qui sont aussi attachés à des familles politiques et idéologiques (…) Le désir de changement sera toujours présent et il y aura toujours des groupes pour l’appuyer. Mais il sera peut-être difficile de tenir le même discours que pendant la crise. A ce moment-là, il y avait cette idée que la crise était aussi une occasion pour s’en servir. A présent, ce discours sera peut-être plus difficile à entendre… ».
Les scénarios mis en exergue dans la note de veille prospective de l’IWEPS sont finalement là aussi pour inviter au débat public sur ces questions, en réalité sur le monde que nous voulons demain. Pour Frédéric Claisse, les projections auront quand même donné un goût pour le futur qui, espère-t-il, va perdurer. Suffisamment en tout cas pour réfléchir à des processus à plus long terme et, des situations plus graves encore que la crise du Covid-19. Le changement climatique fait partie des défis à relever dès à présent.
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