AssuétudesOutils
02.12.2025
Numero: 24

Prévenir le b(l)ack-out, en matière de conduites à risque : un Escape Game sur mesure

Destiné aux élèves du secondaire supérieur (de 15 à 20 ans), l’Escape Game « B(l)ack Out : Mission sauvetage © » a pour vocation de sensibiliser les jeunes aux comportements à risque en matière d’assuétudes, mais également d’aborder les thématiques EVRAS et d’ouvrir aux compétences psychosociales, permettant ainsi de faire le pont entre la santé physique et mentale et la promotion de la santé. Pour la troisième année consécutive, des jeunes profitent de cette expérience immersive pour faire tomber les préjugés et les stéréotypes et permettre le dialogue à propos de sujets pas toujours évidents à aborder.

e-Mag Bxl santé N°24 -Prévenir le b(l)ack-out, en matière de conduites à risque : un Escape Game sur mesure

C’est en 2020 que l’idée de créer un nouvel outil de prévention germe au sein du Point d’appui aux écoles en matière de prévention des assuétudes (PAA). A Bruxelles, c’est le Centre bruxellois de promotion de la santé (CBPS) qui gère cette structure, laquelle est une interface entre les structures spécialisées en prévention et la communauté scolaire bruxelloise.

C’est dans ce cadre que le projet de l’Escape Game « B(l)ack Out : mission sauvetage »[1] s’est enraciné, né d’une démarche collaborative entre le FARES, l’asbl Le Pélican et le pôle assuétudes du Service Prévention de la commune d’Anderlecht. Généralement chargé de l’accompagnement de projets, le CBPS a pour sa part coordonné et opérationnalisé cette création d’outil. D’autres structures comme des CPMS, des SPSE, des AMO, la Plateforme Prévention Sida… se sont également greffées au projet, renforçant encore le travail intersectoriel, en jouant le rôle de coanimatrices et en participant au débriefing qui a systématiquement lieu à l’issue de chaque parcours de jeunes.

C’est grâce à un soutien financier de la COCOF, dans le cadre des subsides facultatifs de promotion de la santé, que cette idée d’Escape Game a pu être développée, avec en guise d’inspiration une expérience similaire menée en Suisse, dont l’impact éducatif et l’empowerment ont été largement salués. Il a été fait appel au concepteur de ce type de dispositifs, Let Me out, qui s’est chargé du développement de ce jeu éducatif.

Le concept

Les promesses de B(l)ack Out étaient les suivantes : créer un outil ludique, innovant et expérientiel, se voulant initiatique et réflexif. Les thématiques abordées par ce dispositif : la prévention des assuétudes, liées à l’usage de produits (drogues, alcool…), ainsi qu’à d’autres pratiques addictives, comme les jeux vidéo, mais aussi l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle (EVRAS), tout en mobilisant les compétences psychosociales[2] présentes chez les jeunes.

B(l)ack Out se base donc sur le concept de l’Escape Game, qui repose sur un jeu d’énigmes à résoudre en équipe. Il se compose de cinq espaces : un bar, un salon, un skatepark, installés dans des tentes SNJ[3] comme autant de lieux d’expérimentations, ainsi qu’un laboratoire et un espace technique d’une société de transports imaginaire, dans lesquels des groupes de huit élèves, issus de classes d’en moyenne 24 jeunes, se succèdent et sont pris en charge par un Game Master durant une heure.

A l’entame du jeu : un narratif dans lequel Nour et Sacha, deux jeunes, envoient un message en pleine nuit. Ils se sont perdus après une soirée festive, sans doute un peu trop arrosée, et se sont retrouvés coincés dans une cabine, au milieu d’un parc. Dans leur SMS, ils demandent de l’aide.

Une expérience immersive et instructive

Les groupes passant d’un lieu à l’autre, y font des découvertes sur le parcours de Nour et Sacha, qui se sont rendus dans un bar, le salon d’un ami, ainsi que dans un skatepark. Dans chacun de ces espaces, les petits groupes sont amenés à résoudre des énigmes, mêlant réflexions, activités ludiques, d’adresse et collaboratives. Après chaque passage, des responsables de plateaux interviennent pour remettre en ordre chacun des lieux avant l’arrivée du groupe suivant. Au laboratoire, l’on en apprend davantage sur les assuétudes et les effets secondaires des produits et le local technique de la STUP permet de retracer le parcours de Nour et Sacha en métro, à condition pour les participants de combiner leurs compétences. Les différents lieux permettent d’appréhender les conduites à risque, mais aussi les comportements protecteurs en soirée, tout comme l’influence du groupe, le leadership pris par certains, ainsi que la coordination, l’écoute ou encore la gestion des tensions.

Autant de sujets et de compétences qui seront ensuite décortiqués lors du debriefing où les jeunes sont amenés à partager leurs ressentis, sur la base d’une grille d’évaluation et d’un questionnaire faisant la part belle aux représentations des jeunes et à leur mise en discussion. Ils repartent avec le « livret du parfait détective », afin de prolonger leurs réflexions et les apprentissages des concepts.

Bilan de trois années

Jusqu’ici ce sont quelque 700 élèves qui ont été touchés par cet Escape Game, avec des retours très positifs tant de la part des élèves que de la part des enseignants qui ont la possibilité de s’emparer des thématiques abordées dans le cadre de leurs cours généraux. Ce sont de nombreuses classes de quatre écoles anderlechtoises (les Instituts de La Providence, Marius Renard et Redouté Peiffer, l’Athénée Bracops) qui ont ainsi été sensibilisées, ainsi que deux écoles de Saint-Gilles (Instituts Saint-Luc et Sainte-Marie).

Selon Fanny Céphale et Valérie Lefèvre, responsables de projets au CBPS et coordinatrices du projet, « le but est de permettre la diffusion de cet outil auprès d’autres écoles d’autres communes bruxelloises et de multiplier les impacts de cette expérience. Mais pour cela, le soutien financier des pouvoirs publics reste nécessaire. Après trois années de subsides facultatifs renouvelés, nous espérions pouvoir accéder au stade de subside d’initiative, mais l’absence de gouvernement bruxellois et la situation d’affaires courantes ne facilitent pas la pérennisation du projet.  Or il s’agit d’un outil qui rencontre bien des objectifs en termes de sensibilisation et de renforcement des compétences et qui est fort apprécié par les jeunes pour son côté ludique et les aspects collaboratifs qu’il développe au sein des classes participantes. »

 B(l)ack Out ou une manière légère d’aborder des sujets sérieux et délicats, sans être sentencieux, moralisateur ou en diabolisant les comportements, et en laissant de l’espace pour le partage et la discussion autour des conduites à risque. Un exercice difficile, mais aux objectifs atteints !

Nathalie Cobbaut

Pour en savoir plus : voir sur le site du CBPS https://www.cbps.be/projet/black-out/


[1] Back out pour retour en arrière et Black-out pour les pertes de conscience liée à la consommation d’alcool et de drogues
[2] « Capacité d’une personne à répondre avec efficacité aux exigences et aux épreuves de la vie quotidienne. Aptitude à maintenir un état de bien-être mental, en adoptant un comportement approprié et positif dans les relations avec les autres, sa propre culture et son environnement » (OMS, 1993)
[3] SNJ pour Service National de Jeunesse devenu l’actuel centre de prêt de la Fédération Wallonie Bruxelles

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