Des grands-parents surbookés
Les grands-parents d’aujourd’hui ne sont plus ceux d’hier et d’avant hier.
Ils ont changé d’image, changé de rôle, changé de modèle, changé de position au sein de la société… Bien souvent lorsqu’ils accèdent à ce statut les grands-parents sont encore actifs, dynamiques, impliqués dans le monde du travail ou associatif. Aussi, ils ont encore souvent leurs propres parents. Ils vont donc devoir apprendre à jongler entre plusieurs générations qui, toutes, ont des demandes, des besoins ou des exigences à leur égard. Ils sont devenus ce qu’on nomme la « génération pivot » ou « génération sandwich ».
La grand-parentalité : un projet de vie à réussir ?
Dans ce contexte, la manière dont les grands-parents conçoivent et vivent leur nouveau rôle peut varier. Il y a tout d’abord les grands-parents qui disent vouloir « aider leurs enfants » et occuper une place dans la vie de leurs petits-enfants. Le capital d’aide fourni par les grands-parents est considérable. En France, selon une étude de la DRESS, ils effectuent 16,9 millions d’heures de garde… par semaine ! Il faut dire que la « grand-parentalité est désormais présentée comme un projet à réussir. Une réalisation. ». Faudrait-il réussir sa grand-parentalité comme il nous est imparti de réussir nos vies privées et professionnelles ? Au fil des ans, le poids des responsabilités endossées ne pèse-t-il pas trop sur les épaules vieillissantes ?
Tous les grands-parents se retrouvent-ils dans les images, les normes, les carcans, les règles, les modèles, les préjugés qu’on leur colle à la peau ? Jacqueline a le courage de l’admettre : « Je n’ai pas beaucoup de patience pour m’occuper de ma petite-fille. Quand je la gardais, bébé, un jour par semaine, le temps me semblait parfois long. ». D’autres grands-parents confient leurs craintes de ne « pas être à la hauteur », par manque de temps, manque de moyens (financiers ou intellectuels) ou manque de compétences.
Grands-parents à distance
Il y a aussi ceux qui ont le statut de grands-parents mais pas le vécu. C’est le cas, par exemple, lorsqu’enfants et donc petits-enfants vivent loin (ou plus ou moins loin)… En matière d’éloignement, les grands-parents de 2020 ont été servis : tous disent avoir mal (ou très mal) vécu l’éloignement imposé par le coronavirus, avec son confinement et les mesures d’évitement social qui leur ont interdit de serrer leurs «petits bouts» dans les bras. Dalila le confirme : « Pendant le confinement, c’était grave : je ne les ai pas vus. Ils m’envoyaient des petits mots, des dessins, ils venaient me faire bonjour par la fenêtre. Mais c’était très très dur ». L’éloignement est parfois plus définitif encore. Dans des familles où parents et grands-parents se déchirent ou se disputent.
D’autres grands-parents entendent vivre libres, sans (trop de) contraintes familiales, sans laisser s’éteindre leurs rêves personnels avant qu’il ne soit trop tard, et bien sûr pas au profit d’une place royale de baby-sitter attitré.