Des débats résolument à charge
Le collectif #Stop1921# a mené le procès de la « loi Drogues », à la manière du tribunal d’opinion Russel-Sartre, mis sur pied en 1966 pour juger la responsabilité des USA dans la guerre du Vietnam. Ces tribunaux d’opinion qui se sont multipliés depuis l’initiative des deux philosophes, sont issus d’initiatives privées et ont pour vocation de dénoncer et de permettre le débat sur des situations jugées non conformes aux droits des citoyens.
Réunis sur la scène du théâtre Marni, les protagonistes de ce faux procès étaient nombreux. Juge au tribunal de première instance de Namur, Manuella Cadelli a endossé la présidence de la Cour. Luc Hennart, président honoraire du tribunal de première instance de Bruxelles, a revêtu la toge de Procureur et, comme avocat de la défense de la vieille dame centenaire, Christian Panier, ancien juge et avocat, n’a pas démérité malgré le rôle à contre-emploi que lui avait réservé le collectif #Stop1921#. Douze jurés, issus du secteur associatif, ont également pris en place pour répondre aux questions suivantes : la « loi drogues » empêche-t-elle l’accès aux drogues ? Permet-elle d’endiguer la criminalité organisée, la corruption, la violence liée au trafic ? Protège-t-elle les publics vulnérables, ainsi que la santé publique et l’accès aux soins ?
En guise de réquisitoires, sont venus témoigner à la barre différents experts et professionnels de terrain, mettant tour à tour en cause les coûts énormes destinés à la répression des trafics toujours plus florissants malgré les poursuites, ainsi que des faits liés à la consommation de drogues, avec plus de la moitié des personnes détenues dans les prisons concernées par de telles infractions. La loi a également été attaquée pour les freins qu’elle représente au dialogue et au dépistage précoce des comportements à risque, que ce soit à l’école, dans les milieux d’accueil, de soins ou encore festifs. De telles politiques mettent à mal le travail éducatif et diabolisent les drogues, alors que d’autres produits légaux, comme l’alcool ou le tabac, ont des conséquences sur la santé qui peuvent être extrêmement graves. Du côté de la défense, aucune des personnes contactées pour prendre le parti de la loi et en défendre les bienfaits n’a répondu à l’appel.