PolitiquesSanté
18.03.2024
Numero: 17

Une loi sur les droits du patient, plus en accord avec les évolutions sociétales

La Belgique s’est dotée d’une nouvelle loi sur les droits du patient en février dernier, après avoir modifié la première qui datait de 2002. Celle-ci définissait les droits principaux du patient dans le cadre de sa relation avec un professionnel des soins de santé. La loi révisée change beaucoup la relation entre le patient et le prestataire de soins. Une attention plus importante est accordée aux souhaits du patient, à ses objectifs de vie et de santé, ses valeurs… L’objectif poursuivi étant de ne plus uniquement le considérer comme un patient strictement médical.

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Le ministre de la Santé publique, Frank Vandenbroucke, s’était exprimé à ce sujet lorsque son avant-projet de la nouvelle loi avait été ouvert à la consultation publique au printemps 2023 : « La qualité des soins ne dépend pas seulement de la qualité des actes médicaux, mais va bien au-delà. Par exemple, un patient qui sait qu’il est atteint d’une maladie incurable peut accorder plus d’importance au temps passé à la maison avec sa famille qu’à prolonger sa vie par des interventions thérapeutiques à l’hôpital. Il peut aussi arriver qu’un patient veuille encore réaliser certains objectifs personnels auxquels il préfère donner la priorité. C’est très personnel et individuel. Il est donc important que les prestataires de soins tiennent compte autant que possible des souhaits et des attentes de leurs patients, dans les limites de leur liberté thérapeutique[1] ».

La nouvelle loi donne ainsi au patient la possibilité d’exprimer explicitement ses souhaits et ses objectifs de vie (par exemple, que veut-il encore accomplir dans sa vie ? Que trouve-t-il important pour sa qualité de vie ? Etc.) lorsqu’une décision concernant un traitement doit être prise.

A la Mutualité chrétienne, où cette nouvelle disposition légale était plutôt bien accueillie parce que considérée comme une grande avancée, on soulignait qu’elle confirme l’idée qui prévaut de plus en plus dans la pratique, à savoir que « le traitement qui est le meilleur d’un point de vue médico-technique ne doit pas nécessairement être la voie à suivre. Les soins doivent être orientés vers un objectif ; le médecin et le patient doivent réfléchir ensemble à ce qui est faisable et ce qui est souhaitable en termes de traitement. Si une personne jeune et athlétique souffre d’une blessure aux ligaments croisés, la chirurgie peut être plus susceptible d’être choisie. Pour un patient qui aime faire une petite promenade tous les jours, mais qui aime surtout lire ou a un autre passe-temps moins actif, le traitement consistera probablement en une physiothérapie »[2].

Les soins doivent être orientés vers un objectif ; le médecin et le patient doivent réfléchir ensemble à ce qui est faisable et ce qui est souhaitable en termes de traitement

Mutualité chrétienne

La planification précoce des soins et le dossier médical digital

En mettant l’accent sur les souhaits et les attentes du patient, la nouvelle loi ouvre la possibilité d’établir une « planification préalable des soins », à savoir entamer un processus de réflexion avec les prestataires de soins sur les souhaits du patient. Celui-ci a la possibilité d’exprimer ses objectifs de vie par exemple, afin qu’ils soient plus clairs au moment où il ne pourra plus exprimer ses souhaits. Une déclaration écrite peut en faire partie, mais la loi adopte une vision plus large. Les objectifs de vie doivent également être soigneusement enregistrés dans le dossier du patient.

Désormais, le prestataire de soins a également l’obligation de mettre à disposition les données du patient par voie électronique. Les dossiers ne peuvent donc plus être conservés uniquement sur papier, au cabinet du médecin. Les données doivent être mises à disposition numériquement, via des plateformes de données de santé proposées par le gouvernement. La date exacte d’entrée en vigueur de cette obligation reste à déterminer.

Le prestataire de soins doit également informer soigneusement le patient de son état de santé et de son traitement, et lui donner suffisamment de temps pour poser des questions. Des informations complémentaires doivent également être fournies si le patient en a besoin, sous forme numérique mais aussi par écrit si le souhait en est exprimé.

Une autre nouveauté importante est que la nouvelle loi mentionne les informations sur le coût total du traitement – y compris les suppléments et les prestations en nature non remboursées – comme un droit clair du patient.

Une place plus importante aux personnes qui accompagnent les patients

Les rôles de la personne de confiance et celui du représentant du patient sont clairement définis. Tout patient aura droit à une personne de confiance qui l’assistera dans l’exercice de tous ses droits, même s’il est en incapacité. Il pourra aussi demander que le représentant qui exerce ses droits, quand il est incapable d’exprimer sa volonté, se concerte également avec les proches du patient.

Les parents d’accueil auront aussi officiellement le pouvoir de représenter l’enfant qu’ils hébergent, et les proches d’un patient décédé auront la possibilité de déposer une plainte.

Anoutcha Lualaba Lekede


  1. « Droits des patients : une loi modernisée pour mieux tenir compte des souhaits du patient » (02/03/2023), sur : www.lavenir.net
  2. « Nouvelle loi sur les droits des patients : les patients sont plus que leur maladie » (02/02/2024), sur : Nouvelle loi sur les droits des patients : les patients sont plus que leur maladie (mc.be)

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