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01.03.2021
Numero: 5

Les indépendants ont le moral en berne

Les élus au Parlement de la Commission communautaire française (COCOF) s’expriment au sujet d’actualités relatives à la santé et au social en Région bruxelloise. En phase avec le dossier relatif à la situation économique et psychologique des indépendants publiés dans cet e-Mag, ils réagissent à propos de ce sujet préoccupant. Interpellations, réflexions et décisions engrangées.

Emag Echos politiques

Les indépendants ont le moral en berne

Un an de pandémie et de mesures sanitaires restrictives ont des conséquences socio-économico-psychologiques désastreuses sur les indépendants, les PME (petites et moyennes entreprises) et TPE (très petites entreprises). Les moratoires sur les faillites, le plan de relance et de redéploiement bruxellois de cet été et ses mesures de soutien aux indépendants, au commerce local ou aux PME, sont des outils de soutien financier.

Le Gouvernement bruxellois a dégagé 74 millions d’euros supplémentaires pour les secteurs les plus touchés : 5.000 à 36.000 € aux restaurants et cafés, fournisseurs de l’horeca et à l’événementiel1 . Le plan pour la relance et la résilience bruxellois (PRR) vise une stratégie économique soucieuse du bien-être de tous avec une volonté de préservation des petits commerces, avec 50 millions d’euros de soutien direct aux entreprises, PME et indépendants des entreprises bruxelloises2 .

A côté de ces primes, il existe d’autres outils, dont le soutien psychologique. Le secteur de la santé mentale a obtenu des moyens supplémentaires substantiels suite au mal-être ambiant. Le dernier rapport du Conseil supérieur de la Santé a ajouté les indépendants3 dans ses publics-cibles.

Je me réjouis que le secteur de la santé mentale soit aux côtés de nos indépendants qui traversent cette crise. Pour mon parti, il est primordial d’apporter des solutions concrètes, en ne relâchant pas les efforts de soutien aux plus fragiles, mais aussi à tous ceux qui leur viennent en aide.

Jamal Ikazban, député bruxellois
et chef de groupe PS au Parlement francophone bruxellois

Soutenir les indépendants, e.a. sur le plan psychologique

Se lancer dans une aventure entrepreneuriale demande courage et détermination. Entreprendre, c’est s’adapter aux situations, rebondir, se réinventer. Mais aujourd’hui, pour celles et ceux qui ont choisi cette voie comme projet professionnel, le choc est rude.

Si le Gouvernement fédéral a adouci le coup grâce au droit passerelle qui garantit un revenu minimum aux indépendant·e·s, dont les activités ont été affectées par la pandémie, un stress énorme demeure sur leurs épaules. Pour beaucoup, des frais fixes importants restent à couvrir. De plus, devoir trouver son chemin parmi les aides et les primes, et faire évoluer son offre face à la crise représente un coût important, tant sur le plan économique que psychologique, pour des indépendant·e·s souvent seul·e·s face à cet énorme défi.

En temps de crise, la coopération est primordiale. Il est important d’échanger et de se sentir soutenu. C’est pourquoi le groupe Ecolo bruxellois a soutenu les mesures d’urgence prises par le Gouvernement régional pour accompagner les indépendant·e·s en difficulté face à la crise, et a plaidé pour qu’une attention particulière soit portée à leur soutien psychologique. Les revers et les défaites entrepreneuriales, trop souvent stigmatisées, ne doivent plus être vues et vécues comme des échecs, mais comme des opportunités d’apprendre.

Au niveau belge, l’INASTI a mis en service un numéro vert (0800/20 118) pour mettre en relation les indépendant·e·s ayant besoin d’un soutien psychologique et les structures de terrain. Au niveau bruxellois, un accompagnement d’urgence est organisé via le 1819.

 Barbara de Radiguès, députée bruxelloise
et cheffe de groupe Ecolo au Parlement francophone bruxellois

Les indépendants bruxellois : triplement victimes de la crise
sanitaire ?

La situation de nombreux indépendants bruxellois est dramatique. Ayant été contraints, pour une grande partie d’entre eux, d’interrompre brutalement leurs activités en raison de la pandémie, ils ont vu leurs rentrées financières gravement mises à mal.

Deuxièmement, les aides du Gouvernement bruxellois ont été moins importantes que dans les deux autres Régions. Le Syndicat neutre pour indépendants estime qu’un restaurant flamand a par exemple reçu quatre fois plus d’aides qu’un restaurant bruxellois. Le Gouvernement bruxellois a d’ailleurs reconnu que les primes n’arrivaient pas assez vite et que, le budget de la Région bruxelloise étant ce qu’il est, elles étaient globalement inférieures à celles octroyées en Flandre.

Enfin, la crise a vu apparaître dans les services bruxellois de santé mentale un nouveau public, qui n’était pas coutumier auparavant. Parmi ce nouveau public, on constate de plus en plus la présence d’indépendants qui ne savent plus comment s’en sortir dans le contexte de confinement qui les touche de plein fouet.

Les conséquences sur le long terme seront évidemment importantes : plus la crise se prolongera, plus les besoins augmenteront. Plusieurs services de santé mentale étant agréés par la COCOF, il est essentiel que le Gouvernement francophone bruxellois anticipe les conséquences de l’après-crise tout au long des prochaines années, afin de répondre aux besoins croissants du secteur de la santé mentale, dont les services étaient déjà en situation de saturation avant la crise.

 Gaëtan Van Goidsenhoven, député bruxellois
et chef de groupe MR au Parlement francophone bruxellois

Un soutien pour les indépendants et TPE qui font Bruxelles

La crise du COVID-19 a bouleversé notre société de manière sans précédent. Jamais une crise d’une telle nature nous avait si durement frappé. Ainsi, la crise du coronavirus a conduit les autorités à imposer des mesures de confinement limitant les contacts, fermant les enseignes et invitant les personnes à rester chez eux, mettant l’économie à l’arrêt. Les conséquences ont été terribles pour l’économie bruxelloise basée sur les services, l’horeca, le tourisme et de par son statut de capitale de la Belgique et de l’Europe.

Avec la fin du moratoire sur les faillites, le manque de perspectives à la suite de l’épidémie et une stratégie de vaccination qui patauge, nos indépendants subissent une pression énorme accompagnée d’une incertitude chronique.

Pour beaucoup d’entre eux, leur commerce représente une vraie identité, une continuité familiale, une réelle passion qu’il a fallu construire durant des années et que la crise du coronavirus est venue anéantir. En parallèle, les effets collatéraux de la crise se sont manifestés sur la santé mentale. Tout le monde se rappelle du décès de la jeune barbière liégeoise Alysson de novembre dernier qui avait mis fin à ses jours. Il s’agit là d’un cas dramatique parmi tant d’autres.

N’oublions jamais que nos indépendants, commerçants et TPE font partie intégrante de l’ADN de Bruxelles. Tout l’enjeu est et sera de les soutenir de manière structurelle à traverser cette crise, tant au niveau économique que psychologique.

Véronique Lefranc,
députée cd-H au Parlement francophone bruxellois

D’une gestion de la pandémie à une gestion des risques

Depuis le début de la crise, le gouvernement bruxellois a mis en place un système de primes forfaitaires avec les moyens budgétaires à sa disposition pour répondre aux besoins urgents de nombreux secteurs économiques bruxellois. Parallèlement, d’autres aides ont suivi, notamment au niveau local avec l’adoption du système de chèques-consommation ou des réductions de taxes pour les activités de commerce.

Aujourd’hui, il est impératif d’apporter une réponse forte à la détresse psychologique et financière de nos acteurs économiques. Dans cette optique, nous saluons l’adoption récente de la prime Tetra dont le montant est fixé en fonction du nombre d’équivalent temps plein (ETP) et de la baisse du chiffre d’affaires et ce, pour quatre secteurs parmi les plus touchés par la crise Covid (l’horeca, les hébergements touristiques, l’événementiel et les discothèques).

Ces primes doivent s’accompagner de la prolongation du moratoire sur les faillites et le remboursement des prêts. D’autre part, nous préconisons l’élaboration rapide de protocoles de reprise concertés avec les différents secteurs, comprenant un agenda précis de reprise avec différents scénarios mais également des aides spécifiques prévues pour accompagner des investissements en matériel afin de garantir une sécurité sanitaire optimale et le respect des règles en vigueur.

Pour DéFI, il est nécessaire de passer d’une gestion de la pandémie à une gestion des risques, comme souligné récemment par le Professeur Nathan Clumeck, professeur émerite en maladies infectieuses à l’ULB. A ce titre, l’approche des pouvoirs publics aux défis actuels doit se réinventer. Cela ne pourra se faire qu’en associant tous les acteurs de la société civile afin de permettre à terme, une reprise des activités de nombreux secteurs en grande difficulté.

Michaël Vossaert,
député DéFI au Parlement francophone bruxellois

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