Prendre le nom d’Angela Davis, la militante américaine féministe et antiraciste, annonce d’emblée le positionnement de cette association créée par des femmes militant dans les milieux soit féministes, soit en lien avec le logement à destination de personnes précaires. Toutes sont en effet convaincues que la discrimination et la violence à l’égard des femmes constituent une question politique, tout comme l’accès au logement des femmes. Des études montrent ainsi que les femmes sont majoritaires dans les logements sociaux, parce qu’elles sont beaucoup plus précarisées. « Actuellement, souligne Magali Verdier, co-fondatrice et administratrice d’Angela D., il doit y avoir environ 140.000 personnes sur la liste d’attente, rien qu’à Bruxelles1 . Et énormément de femmes restent sur le carreau. »
De petites pensions, les congés de maternité, le travail à temps partiel figurent parmi les principales raisons expliquant les difficultés des femmes d’accéder à un logement. Sont aussi concernées des femmes isolées, cheffes de familles monoparentales, dont les revenus sont souvent modestes. Jusqu’ici, personne ne s’était vraiment intéressé à la question du mal-logement des femmes en Belgique. Pour Angela D., tout l’enjeu était donc de voir comment aider les femmes les plus socio-économiquement fragiles à avoir un logement à elles.
Des membres de l’association vont alors visiter des projets déjà existants, comme la Maison des Babayagas (Montreuil, Paris), Frauenwohnprojekt Rosa (Vienne) et La Borda (Barcelone). Le premier est un habitat participatif et autogéré. Il est non-mixte et loge une petite vingtaine de femmes, toutes très politisées2 . Rosa à Vienne est un habitat collectif féministe et La Borda, à Barcelone, un projet coopératif mixte3 . Le point commun de toutes ces expériences est d’habiter collectivement, avec un positionnement féministe. En d’autres termes, cela revient à se centrer sur les logements qui correspondraient le mieux aux besoins des femmes.