De quoi parle-t-on ?
Sur le site www.belrai.org, on décrit cet outil comme un instrument permettant l’évaluation des besoins psychiques, cognitifs, psychologiques et sociaux d’une personne. On précise également qu’en l’utilisant, « les prestataires de soins peuvent recueillir des données d’une manière standardisée et structurée pouvant ensuite servir à élaborer un plan de soins de haute qualité pour tous ceux qui ont besoin de soins (complexes) ». Les informations recueillies sont enregistrées par les professionnels de soins dans la base de données BelRAI.
Cédric Detienne resitue cet outil dans un contexte international : « Il s’agit d’une version adaptée du logiciel InterRAI (RAI pour Resident Assessment Instrument ou instrument d’évaluation des résidents). Fin des années 80, à la suite de scandales sanitaires dans des maisons de repos, le Congrès américain décide de soutenir la création d’un outil d’évaluation sur l’autonomie des personnes âgées. » Ses concepteurs ont intégré toute une série d’évaluations quantitatives et de tests existants ayant débouché sur 350 à 400 items pour ce module précis, sous forme de questions auxquelles le soignant doit répondre en s’appuyant sur un entretien de la personne concernée, mais aussi de ses proches. Ensuite, après avoir introduit toutes ces données, l’outil fournit une analyse de ces items, sur la base d’algorithmes qui effectuent des calculs concernant le fonctionnement de la personne, les risques pour sa santé, ses forces et ses faiblesses.
Ces algorithmes indiquent des points d’attention qui sont mis en exergue, produit des guides d’analyse par domaine d’intervention et émet des recommandations sensées permettre d’établir un plan de soins de qualité. Mais comme le soulève Cédric Detienne, « il est interpellant que les concepteurs de cet outil InterRAI et l’équipe de recherche de la KUL qui l’a adapté pour la Belgique ne mettent jamais l’accent sur la vision cognitivo-comportementaliste de la clinique qui sous-tend cet outil. Peut-on ainsi baser son plan de soins sur un rapport de 15 pages standardisé, soit-disant neutre et préconisant des guidelines élaborées par des algorithmes dont on ne sait rien ? Quand on fait l’exercice d’aller rechercher les références bibliographiques, on est confronté à des sources qui préconisent majoritairement des réponses comportementalistes. Est-ce bien le choix des soignants aujourd’hui ? »