Échos des politiquesSanté
01.05.2021
Numero: 6

La parole aux groupes politiques démocratiques du Parlement de la COCOF

Les élus au Parlement de la Commission communautaire française (COCOF) s’expriment au sujet d’actualités relatives à la santé et au social en Région bruxelloise. Pour cette livraison, les parlementaires avaient carte blanche: ils ont donc choisi librement le sujet et l’accent qu’ils voulaient mettre à leur contribution. Pour cette édition des Echos des politiques et les prochaines, nous avons invité le groupe PTB-PVDA à rejoindre leurs collègues de l’hémicycle pour partager leurs réflexions, interpellations et autres échos de décisions engrangées.

Emag Echos politiques

Le manque de suivi de la résolution
« Fibromyalgie »

Le 12 juin 2015, le Parlement francophone bruxellois adoptait à l’unanimité une proposition de résolution visant à sensibiliser à la fibromyalgie 1. Principalement caractérisée par des douleurs articulaires et musculaires diffuses, cette maladie touche 2 à 8 % de la population mondiale. Afin de mettre en lumière cette maladie particulièrement invalidante, les parlementaires avaient adopté des recommandations pour le Gouvernement de la COCOF : le lancement de campagnes de sensibilisation, le renforcement de la réhabilitation professionnelle des patients, le soutien à la recherche orientée vers la douleur chronique et la concertation avec les autres entités. Malgré un vote unanime, il y a six ans et une demande forte de la part du secteur, il faut malheureusement constater que rien n’a avancé depuis lors : le Gouvernement n’a pas fait mention de cette maladie dans sa Déclaration de Politique générale, aucun plan d’action n’a été établi et aucune démarche n’a été entreprise. Le Ministre de la Santé, Alain Maron, a même déclaré récemment que, dans l’état des connaissances scientifiques, il ne lui semblait pas opportun de réaliser une campagne de sensibilisation. Ceci, en totale contradiction avec les demandes émises en 2015. Ce manque d’engagement pose la question de l’absence totale de suivi accordé par l’Exécutif bruxellois aux textes adoptés par les assemblées parlementaires, notamment dans le domaine de la santé. Le groupe MR va se pencher sur ces dysfonctionnements, qui interrogent les principes de démocratie représentative.

Gaëtan Van Goidsenhoven,
député et chef de groupe MR au Parlement francophone bruxellois

Quels effets de la crise sanitaire pour la prochaine décennie ?

La crise sanitaire a exacerbé les problèmes existants, accentuant ainsi une crise économique et sociale déjà latente. Elle a également eu des effets dommageables sur la santé mentale des Bruxellois. Et ces effets sont attendus par les professionnels, pour une décennie. Comme conséquences directes de cette crise, on peut évoquer des situations de précarisation qui font émerger de nouveaux publics en demande d’aides sociales, comme les étudiants, les indépendants, les métiers de la culture, etc. Avec pour conséquences, la création de files devant les banques alimentaire ou auprès d’autres acteurs du secteur associatif social.

De plus, ces situations couplées à un manque de perspective et un déficit de lien social amènent à des appels criants au niveau de la santé mentale, émanant de tous les publics, des plus jeunes aux travailleurs des soins de santé, en passant par les aînés. Les centrales d’écoute explosent et la liste est longue des effets délétères de cette crise, comme les violences intrafamiliales, les troubles alimentaires, l’anxiété, la dépression, etc.

L’urgence sociale est indéniable, et les constats affligeants s’accumulent. Pourtant, les professionnels nous préviennent : les problèmes que l’on a vu émerger durant la crise ne sont que le haut de l’iceberg. Les réelles conséquences de cette crise extraordinaire, affectant tous les aspects de notre quotidien, ne se verront clairement qu’endéans les dix années à venir. Il est donc temps d’agir et de préparer l’avenir ! Les réponses rapides pour des aides à court terme doivent être complétées. La Région bruxelloise doit revoir ses apports en soins de santé, santé mentale et soutien social pour prévenir les maux à venir.

Christophe de Beukelaer,
député cdH au parlement francophone bruxellois

La campagne de vaccination à Bruxelles doit s’adapter aux réalités de la population

En Belgique, les pouvoirs publics n’ont pas mis en place un système de suivi-dépistage-isolement capable d’écraser la courbe des contaminations du coronavirus. Pour sortir de la crise sanitaire, la vaccination s’avère donc essentielle. Or, à Bruxelles, une partie de la population rencontre des obstacles importants : fracture numérique, moins de généralistes, barrière de la langue, etc. Les chiffres montrent que le taux de vaccination des plus de 65 ans stagne autour des 70%, avec des écarts significatifs entre communes.

Il est donc crucial d’adapter la campagne de vaccination à la réalité du terrain. Si les pouvoirs publics continuent de concevoir leur campagne sans partir de la réalité des classes populaires, on risque d’échouer, tout en creusant les inégalités face à la santé. Il faut aller à la rencontre de toute la population, en commençant par les quartiers les plus denses et aux revenus les plus faibles. Il faut renforcer le travail de la première ligne, plus ancrée localement. Notamment grâce à l’implantation de maisons médicales – au forfait – dans chaque quartier.

A l’échelle mondiale, la vaccination est beaucoup trop lente et inégalitaire. Les lois du marché et le tout au profit priment sur la santé et rendent d’autant plus probable l’apparition de variants. Pour augmenter rapidement la production et l’accès aux vaccins, de nombreuses associations et ONG demandent aux gouvernements de lever les brevets sur les vaccins. Le PTB appelle à la signature de l’initiative citoyenne internationale noprofitonpandemic.eu/fr/ qui interpelle la commission européenne en ce sens.

Françoise De Smedt,
cheffe de groupe PTB-PVDA au Parlement francophone bruxellois

Plan autisme : inclusion et changement de mentalités

Le 26 mars dernier, à l’approche de la Journée mondiale de sensibilisation à l’autisme2 , le Parlement francophone bruxellois a présenté des recommandations, suite logique de la proposition de résolution « pour une prise en charge adaptée des personnes atteintes du trouble du spectre de l’autisme (TSA) et un soutien renforcé de leurs proches »3 , votée à l’unanimité en avril 2019.

En tant qu’initiateur de ce texte, j’ai été très sensible à prendre en compte la pluralité des situations et des différents types de TSA, en tenant compte de l’avis des familles, des associations et des experts. Nous espérons que ce travail permettra une véritable amélioration de la vie en société des personnes autistes, leur inclusion réelle et celle de leurs aidants proches4 .

Les recommandations essentielles concernent : la mise en place de formations globales en vue d’un dépistage précoce, l’amélioration des normes d’encadrement au travers d’un juste recensement des besoins, un coaching parental et une offre d’activités parascolaires, une collaboration entre équipes scientifiques et familles pour faire avancer la recherche, l’importance de la formation initiale et continue des acteurs qui interviennent à toutes les étapes pour une prise en charge adaptée, la nécessité d’informer et d’outiller les proches des personnes autistes pour faire valoir leurs droits et mieux lutter contre les discriminations dont elles font l’objet.

Le vote de ces recommandations et leur mise en œuvre sont un engagement fort en faveur de toutes ces familles qui, au quotidien, doivent faire face à de nombreux obstacles.

Jamal Ikazban,
chef de groupe PS au Parlement francophone bruxellois

Autisme

Un picto pour mieux accueillir les personnes ayant un handicap intellectuel

De nombreux obstacles persistent encore pour l’accès aux soins de santé des personnes en situation de handicap intellectuel : appréhension quant à l’accueil, manque de sensibilisation du personnel, complexité des informations transmises… Le 11 mars 2021, notre Constitution a renforcé le droit des personnes en situation de handicap, en ajoutant l’article 22ter: « Chaque personne en situation de handicap a le droit à une pleine inclusion dans la société, y compris le droit à des aménagements raisonnables ».

Pour le groupe Ecolo, l’accès aux soins de santé des personnes en situation de handicap intellectuel est une priorité. L’une des solutions est l’affichage du pictogramme S3A (accueil, accompagnement et accessibilité). Depuis 1998, ce symbole créé par la Fédération française UNAPEI (Union nationale des associations de parents, de personnes handicapées et de leurs amis) permet de leur rendre la société plus accessible.

Apposé au sein des bâtiments publics, ce sigle contribue à les rassurer et les encourage à s’aventurer dans l’établissement. Pour les structures elles-mêmes, le pictogramme S3A témoigne de leur engagement en faveur d’un meilleur accueil: formation du personnel, communication adaptée, simplification des parcours, etc. Elles pourront compter sur l’appui d’associations, telles que l’asbl Inclusion qui bénéficie déjà de l’expertise nécessaire en la matière. Ces adaptations s’avèrent essentielles afin d’accompagner les personnes en situation de handicap intellectuel dans leur vie quotidienne vers un accès à une plus grande autonomie.

Ahmed Mouhssin,
député Ecolo au Parlement francophone bruxellois

Handicap Intellectuel

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