DiversÉchos des politiques
11.06.2024
Numero: 18

Echos des politiques : l’actu des élus au Parlement bruxellois

Les élus au Parlement de la Commission communautaire française (Cocof) s’expriment sur des sujets d’actualité relatifs à la santé et au social en Région bruxelloise. Pour cette livraison, les parlementaires DéFI, MR, PS, Ecolo, Les Engagés et le PTB ont été sollicités afin de partager leurs réflexions sur la législature qui vient de s’écouler et le bilan que leur groupe parlementaire peut tirer.

Emag Echos politiques

Plusieurs actions importantes en santé, menées par les Ecolos

Pour les écologistes, la santé est un bien commun et un droit fondamental. Nous considérons que le système de santé doit contribuer à réduire les inégalités sociales, notamment en matière d’accès aux soins.

L’écologie est la question sociale de ce siècle, tant les inégalités impactent d’abord les moins nantis. Nous l’avons vu, la législature 2019-2024 fut marquée par des évènements imprévisibles : dérèglement climatique, crise internationale, sanitaire, sociale, énergétique… Les écologistes bruxellois ont néanmoins pu mettre en place plusieurs actions importantes en matière de santé. L’on pense par exemple au dépôt de textes parlementaires visant à lutter contre la précarité menstruelle ou relatifs à une meilleure prise en charge de l’endométriose. Mais également à l’adoption du Plan Social-Santé Intégré bruxellois, dont les axes visent à améliorer la qualité de vie et la santé, à garantir l’accès aux droits et aux services et à améliorer la structure et la coordination de l’offre de services d’aide et de soins. L’on pense aussi à la pérennisation des dix centres de prises en charge des violences sexuelles, ainsi qu’à la budgétisation de trois centres supplémentaires.

Cette législature a donc vu d’importantes avancées en matière de santé (mentale). Assurément, le travail entamé sera poursuivi lors de la prochaine mandature.

Farida Tahar,
cheffe de groupe et députée Ecolo au Parlement francophone bruxellois

Les aidants proches, grands oubliés des politiques bruxelloises ?

En cette fin de la législature, l’heure est au bilan. Concernant les aidants proches à Bruxelles, nous constatons que de nombreux défis demeurent, en particulier le manque de reconnaissance et de soutien alloué à ces indispensables acteurs du quotidien.

Pour rappel, 211.000 personnes sont concernées à Bruxelles. Ces Bruxellois aident leur proche en moyenne 4,2 heures par jour, sans rien demander en retour. Pourtant, trop de Bruxellois ignorent qu’ils sont aidants proches et nous sommes d’ailleurs tous potentiellement amenés à le devenir un jour. Face au manque de volonté politique de la majorité PS-Ecolo-DéFI, le groupe MR a proposé une stratégie et interpellé régulièrement sur le sujet.

Pour les libéraux, les principales mesures à prendre, au sein d’un plan ambitieux pour les aidants, sont les suivantes :

  • Sensibiliser au statut d’aidant proche.
  • Automatiser l’ouverture des droits et l’information proactive aux aidants proches lors de l’octroi de certains statuts.
  • Instaurer un droit au répit.
  • Créer et renforcer des lieux de répit à Bruxelles, exclusivement réservés aux aidants proches, ainsi que des lieux accessibles à la dyade aidants proches/personnes aidées.
  • Apporter une attention particulière aux jeunes aidants et mettre en place des campagnes de sensibilisation à destination des élèves pour surmonter leurs difficultés.

Notre société doit apprendre à aider ses aidants, car leur dévouement et leur engagement sont essentiels au bien-être de nombreux Bruxellois. En investissant dans leur reconnaissance et leur soutien, nous construirons une société plus solidaire et juste.

Gaëtan Van Goidsenhoven,
chef de groupe et député MR au Parlement francophone bruxellois

Un Impact durable : l’apport  de Didier Gosuin au Plan Social-Santé Intégré 

Le Plan Social-Santé Intégré (PSSI) a marqué un tournant décisif dans l’amélioration des services sociaux et de santé. Ce plan novateur visant à renforcer la coordination entre les différents acteurs et assurant une réponse plus cohérente et efficace aux besoins des habitants, aura mis l’accent sur l’accessibilité, la prévention et la promotion de la santé. Son approche holistique prend en compte les dimensions sociales, psychologiques et environnementales de la santé.

Il importe à DéFI de rappeler que Didier Gosuin, ministre bruxellois de la Santé de 2014 à 2019, aura été l’un des principaux initiateurs de ce plan. Conscient des défis complexes du système de santé, c’est avec leadership qu’il a toujours insisté sur la nécessité d’une collaboration intersectorielle, réunissant les acteurs concernés. Le « Plan Santé » qu’il avait formulé à l’époque s’illustre en cette fin de mandature par l’arrivée du PSSI et ses projets innovants, testant de nouvelles approches pour les soins intégrés et le soutien social. Nous y trouvons l’héritage d’une réflexion qu’il avait initiée et nous réjouissons que celle-ci ait été poursuivie.

En somme, le PSSI et l’apport de Didier Gosuin, prolongé par d’autres, a favorisé une vision intégrée et collaborative jetant les bases d’un système plus équitable et performant.

Merci Monsieur Gosuin!

Charles Hostens,
attaché parlementaire du groupe DéFI au Parlement francophone bruxellois

Victoire de la motion PS pour une exonération de la taxation patrimoniale pour les ETA & les maisons médicales

Le 27 octobre dernier, avec mon parti, nous avons déposé une motion en conflit d’intérêts avec le Parlement fédéral, vu les risques inhérents au projet de loi portant diverses dispositions fiscales. Cette réforme de l’impôt sur les droits de succession concernait les fondations privées, les associations internationales sans but lucratif et les asbl, et risquait donc de pénaliser nos entreprises de travail adapté (ETA) et les maisons médicales (MM).

Les ETA emploient 37.000 personnes en Belgique, dont 80% sont en situation de handicap. En l’état, cette mesure aurait coûté 3,5 millions d’euros supplémentaires à l’ensemble des ETA du pays. Malgré les aides de la COCOF, ce secteur connait déjà des difficultés financières et une telle disposition l’aurait achevé.

Pour éviter cette injustice, nous avons réagi au Parlement francophone bruxellois, en lançant un signal d’alerte à l’attention de la Chambre des représentants et en demandant la suspension de la procédure législative pour déposer des amendements visant une exonération de cette taxe patrimoniale pour les ETA et les MM.

Nos revendications ont trouvé un écho favorable au fédéral : les bâtiments mis à disposition des asbl pour leurs activités par les pouvoirs publics ne sont pas visés par cette réforme. Les structures résidentielles d’hébergements pour personnes handicapées agréés par les entités fédérées, ainsi que plus de 250 MM, sont également exonérées de la taxe.

Avec mon parti nous nous réjouissons que notre COCOF, forte de ces matières personnalisables et éminemment humaines, ait réussi à convaincre le fédéral de la nécessité de sauver les ETA et les MM.

Jamal Ikazban,
député bruxellois et chef de groupe PS au Parlement bruxellois francophone

Continuer de travailler à réduire les inégalités de santé

La législature 2019-2024 a été marquée par deux crises majeures qui ont eu un impact réel sur notre système de santé et révélé au grand jour ses faiblesses, auxquelles il faut de toute urgence apporter des solutions structurelles.

Certes, plusieurs mesures ont été prises par le Gouvernement bruxellois, mais la réalité est indéniable : la pénurie de médecins généralistes n’a pas été résolue, les inégalités d’accès aux soins persistent et la prévention de la santé ne reçoit pas les moyens nécessaires.

Les données statistiques sur l’état de santé des bruxellois(es) aujourd’hui montrent que les populations précarisées, les personnes migrantes et les minorités ethniques sont disproportionnellement touchées par les inégalités de santé, ont un moins bon accès aux soins préventifs et curatifs, et souffrent davantage de maladies chroniques et de problèmes de santé mentale. Cette prévalence des maladies chroniques et des problèmes de santé mentale représente un coût social important en termes de dépenses de santé, de perte de productivité. La prévention est essentielle pour réduire l’incidence de ces maladies et améliorer l’état de santé général. Les Engagés proposent de développer des programmes de promotion de la santé ciblés sur les populations les plus vulnérables, d’investir dans l’éducation à la santé et de favoriser des modes de vie sains.

L’enjeu pour la prochaine législature, dans l’ordre de nos priorités, sera de travailler davantage sur l’éducation à la santé, l’accessibilité, la sensibilisation et la vulgarisation des dépistages et des vaccinations, ainsi que le développement des programmes de promotion de la santé publique.

Gladys Kazadi,
députée Les Engagés au Parlement francophone bruxellois

Cinq années de souffrances pour le personnel des maisons de repos et leurs résidents

La question du vieillissement et des soins aux personnes âgées a accompagné cette législature. Rien d’étonnant dans une ville où plus d’un tiers des plus de 65 ans sont en risque de pauvreté et où le prix du séjour en maison de repos est devenu impayable.

C’est le résultat d’un désinvestissement public et de la privatisation croissante du secteur, qui dégradent fortement les conditions de travail du personnel : manque de bras, contrats précaires, cadences intenables… Une situation dénoncée par les travailleuses depuis des années. La crise sanitaire en 2020 leur a donné raison, de manière tragique.

Les promesses des partis traditionnels qui ont suivi n’ont pas été tenues. Les travailleuses du non-marchand bruxellois ont en effet dû se mobiliser plus d’un an pour enfin obtenir un refinancement. Pour mettre un terme à des mobilisations toujours plus créatives, le gouvernement a finalement cédé à l’été 2021 sur un refinancement structurel de 57 millions.

Une preuve que la mobilisation fait bouger les choses.

Les homes ont à nouveau fait la une, l’année suivante, suite aux révélations sur les pratiques scandaleuses des multinationales du secteur, Orpea en tête. Malgré des prix exorbitants, on a découvert des résidents dénutris et une hygiène déplorable, ce qui a forcé une réforme des contrôles.

Le principal frein à des conditions de travail décentes dans le secteur reste en place. En effet, les normes d’encadrement qui fixent le financement public du personnel, en rapport du nombre de résidents, restent bloquées. Une énième promesse non tenue, et une priorité pour la prochaine législature.

Françoise De Smedt,
cheffe de groupe et députée PTB au Parlement francophone bruxellois

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