DiversÉchos des politiques
17.11.2023
Numero: 16

Echos des politiques : l’actu des élus au Parlement bruxellois

Les élus au Parlement de la Commission communautaire française (COCOF) s’expriment sur des sujets d’actualité relative à la santé et au social en Région bruxelloise. Pour cette livraison, les parlementaires DéFI, MR, PS, Ecolo, Les Engagés et le PTB ont été sollicités afin de partager leurs interpellations, des réflexions ou encore les décisions engrangées sur un sujet de leur choix.

Emag Echos politiques

Genre et assuétudes : l’invisible des invisibles

Dans un monde où les inégalités de genre persistent partout, certaines batailles se livrent encore plus loin des projecteurs. C’est le cas des femmes (ex-)usagères de drogues, dont les défis restent largement méconnus. Le Parlement a récemment organisé une conférence avec l’association Dune, mettant le doigt sur le cœur du problème : l’invisibilité.

Le domaine des assuétudes ignore globalement les femmes et leurs singularités, renforçant ainsi les inégalités. Ces femmes sont souvent prises au piège d’un cycle de violences sexuelles, physiques et psychologiques, dans lequel la consommation peut parfois exacerber leur détresse. C’est notamment le cas des échanges de services sexuels par nécessité économique. Autre exemple : les mères et les femmes enceintes (ex-)consommatrices, particulièrement vulnérables à la stigmatisation, ce qui a tendance à les maintenir en marge des services d’accompagnement, les incitant à passer par des hommes pour y avoir recours.

Dans ce cadre, aborder la problématique en intégrant le point de vue du genre est fondamental. Cela passe notamment par l’amélioration de l’accessibilité aux services, y compris des espaces réservés aux femmes et des horaires adaptés. Le renforcement des collaborations entre spécialistes en assuétudes et en lutte contre les violences est essentiel également, pour éviter l’effet cercle vicieux.

Chez Ecolo, nous sommes convaincu·es qu’une approche tenant compte des spécificités d’un groupe aussi important que les usagères est fondamentale si l’on veut lutter pour une meilleure santé et sécurité des femmes qui consomment.

Margaux De Ré,
députée Ecolo au Parlement francophone bruxellois

Pour l’ouverture d’une deuxième salle de consommation à moindre risque à Bruxelles

La question de l’ouverture d’une deuxième salle de consommation à moindre risque à Bruxelles est au cœur des débats politiques actuels. Alors que la première salle a prouvé son efficacité en termes de prévention des risques liés à la consommation de drogues, il est temps d’élargir ces services à d’autres quartiers de la capitale. La réalité sur le terrain est complexe. La consommation de drogues est une problématique présente dans de nombreuses communes de Bruxelles et elle touche des individus de tous âges et de toutes origines confondues. L’ouverture d’une deuxième salle de consommation à moindre risque offrirait une solution concrète pour répondre à cette réalité.

Malheureusement sujettes à de nombreux présupposés, ces salles sont autant d’espaces sûrs et supervisés, réduisant les risques de surdose et les infections liées à l’injection. De plus, elles permettent aux usager·ère·s d’accéder à des informations sur la réduction des risques, l’accès aux soins de santé et d’autres services de soutien. Soutenir l’ouverture d’une seconde salle revient de façon évidente à sauver des vies, mais aussi à favoriser la santé publique, contribuer à la réinsertion de citoyen·ne·s précarisé·e·s et diminuer le climat d’insécurité dans les rues. Elle permettrait également de réduire la présence de seringues usagées, améliorant ainsi la qualité de l’environnement immédiat de bien des Bruxellois. Cette ouverture enverrait un message fort et progressiste : la volonté de la Région Bruxelles-Capitale de s’attaquer au problème de la toxicomanie, de manière pragmatique et humaine.

En fin de compte, la question de l’ouverture d’une telle deuxième salle de consommation est une question de santé publique, de sécurité et d’humanité. Elle offre une opportunité de faire face à une réalité complexe de manière constructive, en offrant aux usager·ère·s de drogues l’accompagnement dont ils·elles ont besoin pour sortir de la spirale de la toxicomanie. C’est un pas vers une ville plus sûre et plus saine pour tous·tes ses habitant·e·s.

Charles Hostens,
attaché parlementaire du groupe Défi au Parlement francophone bruxellois

Le PS plaide pour un financement pérenne du secteur associatif de la COCOF

Ne laisser personne sur le bord du chemin, assurer à chaque citoyen une vie digne et émancipée, à chaque moment de sa vie, c’est ça la COCOF. Elle accompagne nos citoyen·ne·s de la crèche aux soins de fin de vie, du club sportif aux festivals de cinéma, du planning familial au bureau d’accueil des primo-arrivant·e·s, de l’école à la formation, de la médiation de dettes à la maison d’accueil pour femmes victimes de violences.

Ciment de notre cohésion sociale, le secteur associatif avec près de 225 opérateurs renforce le vivre ensemble, mais aussi le faire-ensemble dans nos quartiers, ceci en recréant du lien social et en favorisant le dialogue interculturel entre les Bruxellois·e·s. Impliqué dans le quotidien des Bruxellois, ce secteur occupe une place centrale dans notre société. Les associations et les citoyen·ne·s qui s’y engagent sont des acteurs essentiels de notre démocratie.

Durant cette législature fructueuse, nous avons enregistré de belles avancées, notamment grâce au travail réalisé par les services de la COCOF, innovant sur certains dossiers (commissions délibératives, Maison de l’autisme, pair-aidance ou Décret en cohésion sociale). Le Gouvernement francophone bruxellois, son Collège, son administration ont soutenu les associations pour créer des ponts et de la cohérence, avec, au centre des politiques menées, des Bruxelloises et des Bruxellois. Il en était ainsi des multiples actions collectives, solidaires et créatives, qui ont émergé durant les crises successives, permettant de maintenir un contact avec les différents publics, et en particuliers les plus fragilisé·e·s de Bruxelles (distribution de repas, soutien scolaire ou accompagnement numérique).

Tout un maillage de services et de personnes que l’on ne remerciera jamais assez. C’est pour cela qu’avec mon groupe, nous plaidons pour une reconnaissance de leur travail de manière structurelle, en les finançant durablement et à la hauteur des besoins.

Jamal Ikazban,
député et c
hef de groupe PS au parlement francophone bruxellois

Vaccinations en vue à l’approche de l’hiver

Face à l’arrivée imminente des virus hivernaux, la protection des publics les plus vulnérables se dresse comme une priorité. Parmi ces groupes à risque, les personnes âgées, les jeunes enfants, les individus immunodéprimés et ceux souffrant de maladies chroniques sont particulièrement exposés aux conséquences sévères des infections virales saisonnières. La promotion de la vaccination s’affirme ainsi comme une stratégie essentielle pour contrer les effets dévastateurs de ces maladies infectieuses.

La vaccination constitue en effet l’une des armes les plus puissantes dans notre arsenal de défense contre les virus hivernaux. En renforçant le système immunitaire, elle permet de réduire considérablement le risque de complications graves, voire de décès, associées à des maladies telles que la grippe saisonnière. Protéger les publics les plus fragiles devient donc synonyme de préserver des vies, de limiter la pression sur les systèmes de santé déjà sollicités et de préserver la santé de toutes et tous. La COCOF, via sa compétence en promotion de la santé, a donc un rôle clé à jouer durant cette période critique qu’est la période automne-hiver.

Après une longue période de crise liée au Covid-19, il est essentiel de rappeler aux Bruxellois de ne pas baisser leur garde et de rester attentifs face aux virus hivernaux. La promotion de la vaccination s’inscrit donc au cœur de cette stratégie, offrant un moyen sûr et efficace de prévenir les complications graves associées aux infections virales saisonnières pour préserver nos concitoyens les plus fragiles.

Gaëtan Van Goidenshoven,
député MR au Parlement francophone bruxellois

Pour la création d’un Institut Salk européen1

L’Ozempic est un médicament destiné aux patients diabétiques, également utilisé par des personnes en surpoids. Depuis l’été 2022, il connaît des ruptures de stock régulières. Pharmaciens, généralistes et patients doivent constamment se démener pour obtenir des doses supplémentaires. Le producteur, Novo Nordisk, pointe du doigt les médecins qui le prescrivent à des patients non diabétiques pour qu’ils perdent du poids. Ce n’est évidemment pas si simple.

Novo Nordisk lui-même a intensifié la promotion de son médicament en tant qu’aide à l’amaigrissement et met tout en œuvre pour conquérir le marché américain par des campagnes de pub agressives. Celles-ci n’ont aucun mal à trouver un écho auprès de la population, vu l’explosion des problèmes de surpoids. Le matraquage quotidien de publicités pour des produits peu sains et bon marchés préparent depuis des décennies la crise actuelle de surpoids, aux grands profits de l’industrie pharmaceutique. Les actions de Novo Nordisk ont plus que doublé ces trois dernières années.

Le cas d’Ozempic illustre tout ce qui ne va pas dans l’industrie pharmaceutique : explications incorrectes aux patients, manque d’information indépendante pour les médecins et approvisionnement soumis aux aléas du marché. C’est pourquoi le PTB défend la création d’un Institut Salk européen, qui placerait le développement et la production de médicaments sous contrôle public, contre la soif de profit des multinationales pharmaceutiques. Tout en offrant un financement public de la recherche et développement, il garantirait une production et un approvisionnement plus durables.

Françoise De Smedt,
députée PTB et cheffe de groupe au Parlement francophone bruxellois

La pair-aidance en voie d’intégration dans le dispositif social-santé

Le 10 novembre 2023, le Parlement francophone bruxellois a examiné et voté en séance plénière la proposition de résolution visant à la reconnaissance de la pair-aidance et à l’intégration des pairs-aidants dans les services sociaux et de santé. Cette résolution portée par moi-même et certains collègues députés devrait permettre une meilleure articulation social-santé qui nécessite de définir et mettre en place des dispositifs institutionnels qui s’adaptent aux spécificités des bénéficiaires, plutôt que de leur imposer des conditions.

Considérée comme une trajectoire de rétablissement en santé, qui repose sur une entraide entre personnes étant ou ayant été atteintes d’une maladie somatique ou psychique, la pair-aidance recouvre toutefois des domaines variés tels que la toxicomanie, la grande précarité, le stress post-traumatique ou encore de la prostitution. À travers ses trois piliers que sont le rétablissement, les savoirs expérientiels et l’espoir, la pair-aidance favorise la reconstruction de la personne dans toutes les dimensions de sa vie, personnelle, affective et sociale, professionnelle, spirituelle, citoyenne, des autosoins à une démarche plus systémique de psychothérapie.
C’est donc une pratique participative qui favorise l’autonomisation des patient·e·s et développe leurs capacités de rétablissement. La pair-aidance, dans une équipe d’accompagnement et de soins, apporte une certaine forme d’aide et de complémentarité par rapport aux outils traditionnels.

Défenseure au quotidien du projet des Engagé(e)s en matière de santé et du bien-être, je milite activement pour que le métier soit reconnu de soutien à la prévention, à la guérison et à la réadaptation et explicitement inclus et valorisé dans les stratégies régionales, comme c’est le cas dans certains pays comme le Canada ou encore aux États-Unis où l’Obamacare a permis que le pair-aidant soit remboursé par les compagnies d’assurances.

Gladys Kazadi,
députée Les Engagés au Parlement francophone bruxellois


  1. Le Salk Institute for Biological Studies (du nom de l’inventeur du vaccin contre la polio qui a mis sa découverte à disposition de la collectivité) est un institut de recherche scientifique indépendant, situé en Californie. Ses sujets de recherche : le vieillissement, le cancer, le diabète, les maladies congénitales, les maladies d’ Alzheimer et de Parkinson…

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