DiversÉchos des politiques
02.12.2024
Numero: 20

Echos des politiques : l’actu des élus au Parlement bruxellois

Les élus au Parlement de la Commission communautaire française (Cocof) s’expriment sur des sujets d’actualité relatifs à la santé et au social en Région bruxelloise. Pour cette livraison, les parlementaires DéFI, MR, Les Engagés, le PTB et Ecolo[1] ont répondu à notre sollicitation afin de partager leurs réflexions sur l’intelligence artificielle et ses conséquences en social-santé et sur la promotion de la santé.

Emag Echos politiques

Optimiser les soins de santé grâce à l’IA, de manière éthique

Le groupe DéFI est convaincu que l’intelligence artificielle (IA) offre un potentiel considérable pour améliorer les services dans le secteur du social et de la santé, mais elle soulève également des enjeux importants qui méritent une attention particulière. Si l’IA peut transformer la gestion des soins de santé, optimiser les diagnostics, et personnaliser les traitements, il est essentiel de garder à l’esprit les risques liés à la protection des données et à l’automatisation des décisions.

Les avancées de l’IA doivent être accompagnées d’une réflexion éthique et d’une régulation claire, afin de garantir que cette technologie serve l’intérêt général, sans nuire aux principes de justice sociale et d’égalité d’accès aux soins. L’éducation permanente et la promotion de la santé doivent être au cœur de cette évolution, en formant les professionnels et en sensibilisant le public à ses avantages et ses limites.

Le rôle des acteurs de la santé et de l’éducation permanente est primordial pour éviter que l’IA ne creuse les inégalités existantes. DéFI plaide pour un cadre législatif renforcé, garantissant une IA transparente, responsable et au service de l’humain.

Charles Hosten,
attaché parlementaire
pour le groupe DéFI au Parlement francophone bruxellois

L’IA, des opportunités prometteuses à encadrer

L’intelligence artificielle (IA) révolutionne le secteur médical et du social-santé, ouvrant des perspectives inédites pour la prévention, le diagnostic et le traitement. En matière de santé publique, l’IA permet de personnaliser les campagnes de prévention, en ciblant les populations à risque grâce à l’analyse de données, tout en facilitant la détection précoce de maladies. Sur le plan social, l’IA offre des solutions innovantes pour rompre l’isolement des personnes âgées, notamment via des robots sociaux ou des assistants virtuels interactifs.

Cependant, ces avancées s’accompagnent de défis majeurs. La collecte et l’utilisation des données de santé nécessitent des garanties strictes pour protéger la vie privée des patients. Les risques d’erreurs dans les algorithmes, la dépendance aux outils technologiques et l’autonomie des professionnels de santé exigent une vigilance accrue. Face à ces enjeux, le politique doit établir un cadre clair. L’encadrement juridique et éthique est essentiel pour prévenir les dérives, tout comme le renforcement de la cybersécurité pour garantir la confidentialité des données. De plus, il est crucial de former les professionnels à ces technologies et d’assurer leur bonne intégration dans les pratiques médicales et sociales.

En définitive, l’IA offre des opportunités prometteuses pour améliorer la qualité de vie et l’efficacité des soins. Toutefois, son développement doit être accompagné par des politiques publiques responsables, garantissant un équilibre entre innovation et protection des droits fondamentaux.

Gaëtan Van Goidsenhoven,
chef de groupe MR au Parlement francophone bruxellois

Préserver les valeurs humaines, tout en faisant place à l’IA

L’introduction de l’intelligence artificielle (IA) dans le secteur social-santé représente un bouleversement majeur pour notre modèle de société au XXIe siècle. À Bruxelles, cette révolution numérique offre de nouvelles perspectives pour réinventer nos pratiques de soins, améliorer la santé publique et répondre aux défis sociaux de manière plus efficiente.

En matière de soins de santé, l’IA permet par exemple de personnaliser les traitements, d’affiner les diagnostics et d’alléger la charge administrative des professionnels de santé. Grâce à l’analyse prédictive, elle facilite la détection précoce des maladies et l’adaptation des soins, optimisant ainsi la prise en charge des patients bruxellois.

Dans le domaine de la promotion de la santé et de la prévention, l’IA permet de rendre les campagnes de santé publique nettement plus interactives et personnalisées. Elle incite les citoyens à adopter des comportements plus sains, contribuant ainsi à la réduction des maladies chroniques. En outre, l’IA soutient l’éducation permanente en adaptant les contenus pédagogiques aux besoins individuels, favorisant l’inclusion numérique et l’acquisition de compétences essentielles pour l’emploi.

Toutefois, l’usage de l’IA soulève des questions fondamentales de confidentialité et de transparence des algorithmes. Une gestion attentive des risques, un cadre éthique clair, et une régulation appropriée seront essentiels pour que les technologies d’IA bénéficient réellement à l’ensemble de la société, tout en préservant les valeurs humaines fondamentales du secteur de la santé. C’est un enjeu crucial que nous devons continuer à explorer en profondeur.

Gladys Kazadi,
députée bruxelloise et cheffe de groupe Les Engagés au parlement francophone bruxellois,
vice-présidente LE

Pour un contrôle public de l’IA
dans les soins

L’utilisation de l’intelligence artificielle (IA) dans le domaine de la santé représente une opportunité, permettant par exemple de détecter plus tôt des tumeurs sur les imageries, de faire des diagnostics plus rapides, de mieux cibler les thérapies, notamment dans les cancers et donc de sauver des vies.

Son développement pose cependant plusieurs questions. La capacité de détection précoce de ces machines, par exemple, pourrait engendrer un sur-diagnostic si leur calibrage n’était pas réalisé correctement. Les différents coûts, comme l’achat des machines de dernière génération, leur maintenance et la consommation d’énergies accrues, risquent d’avoir un impact significatif sur les frais des soins de santé, si les hôpitaux s’en équipent de manière non coordonnée et cherchent à rentrer dans leurs frais en augmentant les factures. Enfin la gestion et la protection des données doivent absolument rester dans le giron public pour éviter leurs utilisations à des fins commerciales par des firmes privées.

Si l’IA n’est pas la pilule magique qui sauvera à elle seule notre système de santé, elle reste avant tout un outil, dont l’efficacité découle de la manière dont on décide de l’utiliser. Son utilisation pourrait donc profiter à l’ensemble de la population ou bien creuser de manière encore plus importante la fracture sociale dans le domaine de la santé. Pour le PTB, il faut avant tout lutter pour que sa mise en place et ses utilisations restent sous contrôle public, afin de garder la main sur les dérives les plus probables.

Françoise De Smedt,
cheffe de groupe et députée PTB au Parlement francophone bruxellois

Le train de l’IA est en marche,
mais attention aux biais

Opportunités ou risques ? Comme toute nouvelle technologie, l’Intelligence artificielle apporte des avancées considérables tout en soulevant des questions éthiques, techniques et sociales, qui nécessitent une réflexion approfondie pour garantir qu’elle serve l’intérêt général sans engendrer de nouveaux déséquilibres. Prévention et diagnostic précoce, prédiction de l’apparition de troubles anxieux futurs, traitements médicaux innovants, solutions pour briser l’isolement des personnes âgées: on ne compte plus les domaines que l’IA bouleverse, même dans des matières telles les politiques de social-santé.

Le train de l’IA est en marche. Il sera difficile de faire sans. Et, au centre de tout, cette question majeure de la déshumanisation :  sommes-nous prêts à vivre dans un monde où l’on sort l’humain de la gestion de l’humain ? La question des algorithmes et de leurs biais est évidemment centrale. Les algorithmes sont souvent entraînés sur des ensembles de données réels, qui reflètent les biais existants dans les systèmes de santé ou dans la société. Si les données sont déséquilibrées – par exemple, sous-représentant certaines communautés, certains âges ou genres – les décisions de l’IA risquent de reproduire ou d’aggraver ces biais. Cela soulève des questions d’éthique, de responsabilité et de transparence. Répondre à ces enjeux demande une approche rigoureuse, incluant une validation continue des algorithmes, la diversité dans les données et une supervision humaine pour corriger les dérives potentielles. Le développement de l’IA dans les matières qui touchent à l’humain est à ce prix.

Le groupe Ecolo bruxellois au Parlement francophone bruxellois


[1] Le PS a été sollicité, mais n’a pas répondu

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