DiversÉchos des politiques
10.03.2025
Numero: 21

Echos des politiques : l’actu des élus au Parlement bruxellois

Les élu·e·s au Parlement de la Commission communautaire française (Cocof) s’expriment sur des sujets d’actualité relatifs à la santé et au social en Région bruxelloise. Pour cette livraison, les parlementaires DéFI, MR, Ecolo, Les Engagés et le PTB ont partagé leurs réflexions sur le dossier de cet e-Mag Bxl santé n°21 qui porte sur les savoirs expérientiels et la pair-aidance.

Emag Echos politiques

Valoriser la pair-aidance,
pour une approche cohérente
et adaptée 

Chez DéFI, nous sommes convaincus que la pair-aidance et les savoirs expérientiels qui en découlent sont des piliers fondamentaux d’une prise en charge plus humaine et efficace. Qu’il s’agisse de santé mentale, d’addictions ou de maladies chroniques, l’expérience vécue par des personnes ayant traversé ces épreuves est précieuse. Elle permet de mieux comprendre les défis rencontrés, de renforcer la confiance des bénéficiaires et de compléter l’expertise des professionnels.

Pourtant, malgré des initiatives prometteuses, la reconnaissance et l’intégration des pairs-aidants restent insuffisantes. Nous plaidons pour une meilleure structuration de leur rôle au sein des dispositifs de soins et d’accompagnement. Cela passe par une formation adaptée, une reconnaissance statutaire et une intégration plus systématique dans les services de santé.

Investir dans la pair-aidance, c’est renforcer notre système de soins en le rendant plus accessible et ancré dans la réalité des patients. C’est aussi un message fort : l’expérience de chacun peut devenir une ressource pour tous.

Charles Hosten,
attaché parlementaire
pour le groupe DéFI au Parlement francophone bruxellois

Pair-aidance : un levier d’accompagnement
humain et inclusif

Les Engagés portent une vision solidaire et inclusive de notre société, où chaque individu trouve sa place et peut s’épanouir. Nous croyons fermement que l’expérience et le vécu des personnes sont des ressources précieuses pour régénérer notre modèle social et sanitaire. La pair-aidance incarne cette approche humaine, permettant à celles et ceux qui ont traversé des épreuves de devenir des acteurs de changement et de soutien.

Une dynamique en plein essor Dès 2020, la pair-aidance se développe à Bruxelles, notamment grâce au projet PAT, qui a permis l’engagement de 25 pairs-aidants salariés dans les secteurs de la santé mentale, des addictions et de la précarité. Ces accompagnants, forts de leur expérience, créent un lien de confiance unique avec les bénéficiaires et complètent efficacement le travail des professionnels de la santé et du social.

Structurer et renforcer le rôle du pair-aidant La pair-aidance souffre encore d’un manque de reconnaissance et d’intégration dans les dispositifs de soins. Pour assurer son déploiement, il est essentiel de : définir un cadre clair de missions et d’interventions, favoriser l’intégration des pairs-aidants dans les équipes de soins grâce à des protocoles adaptés et soutenir leur formation continue pour renforcer leur action.

Vers une reconnaissance durable L’inclusion des pairs-aidants dans le système de santé et social bruxellois est une véritable opportunité. Il s’agit de structurer leur rôle et d’assurer leur reconnaissance afin qu’ils puissent pleinement contribuer à une société plus solidaire. Miser sur cette approche, c’est faire le choix d’un accompagnement plus proche des réalités de terrain et d’une meilleure prise en charge des publics fragilisés.

Gladys Kazadi,
députée Les Engagés au Parlement francophone bruxellois

La pair-aidance, une ressource essentielle dans le paysage social bruxellois

Dans une région comme Bruxelles, où les défis sociaux, culturels et de santé mentale sont particulièrement prégnants, la pair-aidance s’affirme comme une approche novatrice et efficace et le concept se développe avec des résultats prometteurs. La force des pair-aidants, (qui sont souvent des pair-aidantes), réside dans leur capacité unique à établir une relation de confiance basée sur une expérience partagée. Les résultats sont tangibles et les services constatent une meilleure adhésion aux accompagnements proposés. Bien plus qu’une simple méthode d’accompagnement, la pair-aidance incarne un changement de paradigme dans l’approche du travail médico-social.

Cependant, des défis persistent. La reconnaissance professionnelle des pair-aidants et leur statut nécessitent d’être consolidés, au point de vue de la rémunération, de la formation continue, des conditions de travail, …

Le 17 octobre 2023, la Proposition de Résolution relative à la reconnaissance de la pair-aidance et à l’intégration des pairs-aidants dans les services sociaux et de santé[1] a été adoptée par le Parlement francophone bruxellois. Ce texte, porté par les écologistes, demande notamment :

  1. de veiller à reconnaître et soutenir financièrement la pratique de la pair-aidance, notamment via la reconnaissance, l’agrément et le subventionnement des services socio-sanitaires ;
  2. d’assurer la pérennité du projet Peer And Team Support[2] visant à accompagner les initiatives et à développer des méthodologies de qualité ;
  3. de soutenir, accompagner et former les associations qui font les démarches pour intégrer cette nouvelle pratique dans leur mode de fonctionnement ;
  4. de demander au fédéral de réfléchir sur le statut des pair-aidants et les obstacles liés aux statuts d’invalidité, chômage…

Nous espérons que cette Résolution pourra être l’une des pierres angulaires des discussions nécessaires au sujet de la pair-aidance, dans le futur accord de majorité bruxellois.

Farida Tahar,
députée bruxelloise et présidente du groupe Ecolo au Parlement francophone bruxellois


[1] https://www.parlementfrancophone.brussels/documents/compte-rendu-de-la-seance-pleniere-du-10-novembre-2023/document#page=9

[2] https://smes.be/fr/support/peer-and-team-support-pat/

Savoirs expérientiels
et pair-aidance : pour un accompagnement de qualité

Les savoirs expérientiels et la pair-aidance transforment la manière dont nous abordons les soins et l’accompagnement. Ils reposent sur une idée simple mais puissante : ceux qui ont vécu une épreuve (maladie, handicap, addiction, troubles psychiques) développent une expertise unique qu’ils peuvent partager avec d’autres. Loin d’être une alternative aux professionnels de santé, la pair-aidance peut être un complément précieux et indispensable. Elle brise l’isolement, redonne de l’espoir et favorise une relation entre les patients et ceux qui les soutiennent. La confiance est renforcée, et le parcours de soin devient plus humain.

Le PTB plaide pour échanger l’expertise et la formation sur cette forme de soins, entre les services de soins professionnels et les aidants pour améliorer la qualité de ce type d’accompagnement et pour valoriser l’engagement des aidants. L’encadrement de ces pratiques doit être développé en symbiose avec le monde médical afin de prévoir des formations solides et de formuler un statut clair pour éviter la précarisation des aidants et assurer un accompagnement de qualité. Ainsi on peut arriver à des résultats forts : les patients se sentent écoutés, les soignants mieux épaulés, et la société avance vers une médecine plus inclusive. Reste à bâtir un cadre où savoir scientifique et savoir vécu se renforcent mutuellement, sans se substituer.

Françoise De Smedt,
cheffe de groupe et députée PTB au Parlement francophone bruxellois

Reconnaître et former aux bienfaits de l’expérience vécue

La pair-aidance est une pratique innovante qui reste encore méconnue et souvent confondue avec le rôle d’aidant proche. Toutefois, elle repose sur une approche unique : celle du partage d’expérience. Les pairs-aidants sont des personnes ayant elles-mêmes traversé des souffrances psychiques ou sociales et qui, grâce à leur vécu, accompagnent d’autres personnes en difficulté. Contrairement aux aidants proches qui soutiennent un membre de leur entourage, les pairs-aidants s’appuient sur leur propre parcours de rétablissement pour aider autrui.

Cependant, plusieurs freins persistent, notamment la stigmatisation des personnes ayant souffert de troubles psychiques et la reconnaissance encore limitée de leur rôle. Pourtant, la pair-aidance apporte une dimension précieuse : celle d’un accompagnement basé sur l’expérience vécue, une preuve tangible qu’il est possible de se rétablir. Sa reconnaissance et son intégration dans les dispositifs de soins sont des enjeux majeurs pour l’avenir de la santé mentale.

C’est pourquoi le Parlement francophone bruxellois a voté à l’unanimité, durant la précédente législature, une proposition de résolution visant à reconnaître le statut de pair-aidant et à les intégrer dans les services sociaux et de santé. La COCOF doit donc désormais prendre la main afin d’en faire un véritable service au citoyen et éventuellement proposer des formations de pair-aidance au niveau de l’enseignement supérieur, afin que celles-ci puissent être reconnues par les organes compétents et être de vrais acteurs de terrains, essentiels au bien-être de nos concitoyens.

Gaëtan Van Goidsenhoven,
parlementaire et chef de groupe MR au Parlement francophone bruxellois

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