Échos des politiquesSanté
01.07.2020
Numero: 3

Penser l’après-Covid

Les élus au Parlement de la Commission communautaire française (COCOF) s’expriment au sujet d’actualités relatives à la santé et au social en Région bruxelloise. Au menu de cette rubrique : la question du Covid et les leçons à tirer pour la suite. Réflexions, propositions et programmes pour l’avenir.

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Simplifier le modèle institutionnel bruxellois

La gestion bruxelloise de la crise sanitaire sans précédent que nous avons vécue lève plus que jamais le voile sur un constat : la multiplication et l’enchevêtrement des compétences en matière de soins de santé dans notre pays, et dans sa capitale en particulier, rendent extrêmement complexe la gouvernance de crise.

En Région bruxelloise, pas moins de sept ministres sont compétents sur certains pans de la santé publique. L’exemple des maisons de repos est de ce point de vue particulièrement parlant : deux ministres bruxellois en sont conjointement responsables au sein de la Commission communautaire commune (parité francophone et néerlandophone oblige).

Cependant, la gestion du stock stratégique de masques disponibles est une compétence fédérale. Les responsables régionaux ne disposent donc pas de l’ensemble des compétences nécessaires pour approvisionner en matériel médical d’urgence les institutions dont ils ont pourtant la charge.

Quant à la Commission communautaire française, elle demeure compétente en matière de promotion et de prévention de la santé. Était-elle pour autant compétente pour mener des actions de prévention auprès des maisons de repos francophones bruxelloises ? Personne ne le sait réellement. Cette complexité institutionnelle, au-delà du manque d’efficacité qu’elle induit, réduit la capacité des citoyens à imputer une responsabilité clairement établie à leurs mandataires politiques.

A l’évidence, nous devrons simplifier le modèle institutionnel bruxellois : outre une recherche d’efficience, il en va de la pérennité de notre système démocratique.

Gaëtan Van Goidsenhoven, sénateur,
député bruxellois et chef de groupe MR au Parlement francophone bruxellois

Acteurs de terrain et citoyens solidaires des Bruxellois les plus fragiles

Depuis mi-mars, nous subissons une crise sanitaire sans précédent avec un confinement qui a touché de plein fouet les plus fragiles. Le numéro d’appel d’urgence sociale a chauffé pour des problèmes financiers, de logement et d’alimentation. On a vu une formidable solidarité citoyenne pour la récolte et distribution de colis alimentaires.  Cette crise a aussi révélé l’ampleur des violences sociales et intrafamiliales subies par certaines femmes. Cette question-là reste primordiale et la réponse politique doit être à la hauteur.

Par ailleurs, les seniors ont été particulièrement touchés par la pandémie. Les politiques de la Cocof devront en prendre la mesure et être au rendez-vous. Acteur essentiel de l’aide aux seniors, la Cocof finance de nombreux opérateurs du maintien à domicile. Il faut renforcer leurs moyens pour retarder l’entrée en institution de ce public et augmenter les contingents d’heures pour l’aide familiale à domicile.

Le PS réclame aussi un Plan de santé mentale ambitieux, proactif, capable d’aller vers les personnes les plus isolées. La Cocof dispose d’un levier d’action important par son financement des centres de santé mentale. La pandémie a également affecté tout particulièrement les jeunes aidants proches ou les parents d’enfants en situation de handicap. Pour ces derniers, la réouverture du Centre de répit Intermaide est une bouffée d’air, d’autant que deux nouvelles places de répit seront opérationnelles de juillet à fin décembre.

Enfin, je voudrais saluer le travail formidable des acteurs de la Cocof venant en aide aux Bruxellois ainsi qu’une belle collaboration entre la Cocof, la Cocom et la Région pour apporter des réponses cohérentes et appropriées à la crise.

Jamal Ikazban,
chef de groupe PS au Parlement francophone bruxellois

Repenser la prise en charge des personnes âgées

Le pic de la pandémie semble être dernière nous : le déconfinement s’est progressivement mis en place. Nous voici désormais sortis de nos habitations. Mais nous ne sommes plus les mêmes car nous avons changé…

Les plus vulnérables d’entre nous ont payé un lourd tribu dans cette crise sanitaire et sociale aux conséquences économiques très inquiétantes en terme de précarisation. Ainsi, au 1er juin, on dénombrait 652 décès en maisons de repos en Région bruxelloise. Nos aînés ont eu le sentiment d’être abandonnés, les chiffres sont sans appel et bien lourds de tristesse.

Pour le cdH,  il faut oser dire qu’il y a eu un manque de réactivité très conséquent dans la gestion de la crise au sein des maisons de repos de la part du gouvernement bruxellois. Le Ministre Alain Maron a lui-même reconnu qu’il y avait, selon son expression, « un retard à l’allumage ».

Ce constat interroge surtout sur la place que nous accordons aujourd’hui à nos aînés mais aussi à l’ensemble des personnes dites « vulnérables ». Pour le cdH, leur qualité de vie et leur santé doivent être au cœur des priorités politiques.

Dans ce cadre, le cdH bruxellois a déposé une proposition visant à mettre en place un Plan Pandémie dans les maisons de repos, en collaboration avec Iriscare. Les épidémiologistes nous préviennent déjà : d’autres menaces existent et nous devons nous y préparer dès maintenant. En outre, et à moyen terme, le cdH bruxellois plaide pour l’adoption de quatre mesures essentielles relatives à la qualité de vie de nos aînés : (1) Mise en place de l’assurance autonomie, (2) Renforcement de l’aide à domicile et revalorisation des salaires des aides-soignantes, (3) Renforcement des centres de jour et (4) développement soutenu du logement intergénérationnel.

Céline Fremault, députée bruxelloise,
vice-présidente du cdH et cheffe de groupe au Parlement francophone bruxellois

S’engager pour le social et la santé

L’épidémie de Covid 19 et le confinement qu’elle a induit ont rendu encore plus visibles les inégalités socio-économiques entre Bruxellois et a été un amplificateur des vulnérabilités accablant les personnes aux revenus modestes et/ou à la santé fragile.

Les publics-cibles des politiques de la COCOF furent durement affectés. Personnes âgées, en situation de handicap, requérant des soins à domicile, souffrant d’assuétudes ou de  violences intrafamiliales, étudiant·e·s ou en formation professionnelle, artistes et institutions culturelles : pas une facette des compétences de la COCOF n’a été épargnée.

Cela raffermit la conviction du groupe Ecolo que les réformes à engager en matières sociales et de santé sont nombreuses pour rendre notre ville plus résiliente face à de tels chocs.

Plusieurs pistes figurent déjà dans l’accord de gouvernement : le décloisonnement institutionnel est ainsi plus que jamais une nécessité, pour donner efficience, cohérence et lisibilité à l’action publique. Nous veillerons aussi à ce que certaines mesures prises dans l’urgence soient pérennisées, lorsqu’elles répondent à des besoins structurels (telles que par exemple les centres d’accueil pour femmes victimes de violences conjugales ou autres dispositifs d’alerte).

La participation des secteurs associatifs concernés sera l’une des clés de la réussite de ces réformes. Notre groupe sera particulièrement vigilant à cet aspect au moment de l’organisation des Etats généraux du social et de la santé, chantier-phare de cette législature, enfin attendu à l’automne.

Barbara De Radiguès, députée bruxelloise,
cheffe du groupe Ecolo au Parlement francophone bruxellois

Crise du Coronavirus : l’heure est désormais au bilan et à l’action politique

Sans aucun doute, nous pouvons tous convenir que nous avons eu un bilan humain et économique tragique. Toutefois, nous devons reconnaître le bilan plus optimiste : notre système de santé, bien qu’éprouvé, a su résister et la solidarité dont chaque citoyen à su faire preuve n’y est pas étrangère.

Nous devons désormais tirer des leçons de cette crise afin d’augmenter la capacité de résilience de notre Région face à de telles éventualités. Un travail parlementaire sera sans aucun doute mis en place afin de dégager des pistes de travail efficientes.

DéFI souhaite prioritairement explorer les pistes suivantes : la valorisation du personnel soignant et la lutte contre la pénurie de personnel soignant, l’approvisionnement, via une centrale fédérale d’achat, en matériel médical essentiel avec la constitution de stocks stratégiques, la mise en place d’un programme fédéral et européen de recherche sur les coronavirus et la mise en place d’un plan national d’urgence sanitaire fondé sur la notion d’état d’urgence sanitaire, coordonné par l’Etat fédéral.

Enfin, nous souhaitons que des changements structurels, sur le plan économique et social, soient opérés. Nous devons repenser notre politique budgétaire et financière afin de pouvoir soutenir massivement les entreprises et les ménages en cas de crises graves. Il faut un nouveau cadre de lutte contre la pauvreté qui passe nécessairement par un octroi universel de moyens pour limiter au maximum le risque de pauvreté (réforme fiscale, individualisation des droits, etc.)

Christophe Magdalijns, président du conseil communal d’Auderghem
et député DéFI du Parlement francophone bruxellois

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