« La précarité menstruelle est la difficulté ou l’impossibilité d’accéder aux produits menstruels pour les personnes menstruées en situation de précarité. Par extension, la précarité menstruelle est l’obligation de faire un choix lors de l’achat de produits de première nécessité et de renoncer, en totalité ou en partie, à l’achat de produits menstruels par manque de moyens financiers. »1 Selon une enquête menée en Belgique, près d’une personne sur quinze déclare être en situation de précarité menstruelle et n’avoir toujours pas les moyens de s’acheter des protections menstruelles chaque mois2. Cette situation conduit également 25.000 Belges à manquer l’école régulièrement. Quel en est l’impact ? Les risques sont nombreux, comme avoir de moins bons résultats scolaires, s’isoler de ses amis, ne plus participer à des activités sociales, sportives, musicales, etc.
De nombreuses étudiantes sont particulièrement concernées par la précarité menstruelle. Certaines par exemple doivent utiliser les produits menstruels plus longtemps qu’il ne le faut parce qu’elles n’en ont pas assez. D’autres encore doivent, parfois, faire des choix qui ne sont pas évidents. « Je dois choisir en fait : soit je mange, soit je saigne. Je n’ai tellement pas les moyens d’acheter les produits menstruels que je dois prendre la pilule toute l’année. Comme j’ai moins de 26 ans, la pilule est gratuite. Contrairement aux produits menstruels qui ne sont pas gratuits. La seule façon que j’ai trouvée pour lutter contre la précarité menstruelle – indépendamment des trousses ou des produits menstruels que je reçois gratuitement de BruZelle – est de prendre la pilule toute l’année pour ne jamais devoir acheter des produits menstruels. Ce n’est pas une solution, mais c’est tout ce que j’ai trouvé. »
Peut-on prendre la mesure de ce que représente la précarité menstruelle en termes de charge mentale ? Faute de moyens financiers suffisants, peut-on imaginer les stratégies que les personnes menstruées doivent mettre en place pour s’en procurer ou se débrouiller ? BruZelle est née à la suite d’une rencontre que Veronica Martinez, la directrice, a faite avec une femme sans toit dans un métro bruxellois. Cette dernière l’a interpellée pour lui demander une protection hygiénique. Veronica Martinez qui n’avait pas bien compris cette demande a invité cette personne à en parler autour d’un café. Le récit qu’elle a fait de ce qu’elle devait mettre en place pour se procurer des produits menstruels a bouleversé Veronica Martinez et enclenché une profonde réflexion qui a finalement abouti à la création de BruZelle.