InitiativesSeniors
17.11.2023
Numero: 16

Impro autour d’une étude sur l’accompagnement des personnes âgées en RBC

Dans le cadre de la Semaine de la santé mentale qui s’est déroulée du 7 au 12 octobre à Bruxelles, la Ligue bruxelloise pour la santé mentale (LBSM) a organisé un spectacle d’improvisation. Alliant humour et réflexions, la séance a porté sur l’accompagnement psycho-social des personnes âgées, sur la base d’une recherche qualitative.

Juliette Pa Octobre 1

C’est dans les caves voûtées des Halles St-Géry que s’est déroulée la Semaine de la santé mentale en Région de Bruxelles-Capitale. Ce lieu en plein cœur de Bruxelles a accueilli (In)visible, une exposition collective et collaborative qui s’est penchée sur la manière dont l’art peut s’emparer de cette thématique de la santé mentale. Peintures, dessins, sculptures ont proposé une palette de regards sur l’invisible, la pensée, le conscient, l’intime.

D’autres activités se sont déroulées dans cet espace, comme une soirée slam, la réalisation d’une fresque collective ou encore une émission radio en live sur Radio Panik qui a porté sur le rôle de l’art dans le champs de la santé mentale.

Une pluralité de voix

Le 9 octobre, en après-midi, c’est un spectacle d’improvisation qui a été proposé au public rassemblant des particuliers et des professionnels du secteur. Yahyâ Hachem Samii, directeur de la LBSM, a introduit le thème de l’après-midi en soulignant que « l’intergénérationnel a été fort malmené pendant le Covid, avec des critiques envers les jeunes et leur supposé manque d’intérêt pour la situation des seniors et vice et versa. Par ailleurs, la mise à l’écart des aînés a été durement ressentie et ces derniers ont payé le prix fort durant la pandémie ». Au sortir de cette crise, une Coordination thématique Personnes âgées et Santé mentale a été mise en place au sein de la LBSM et une recherche qualitative a été menée. Sous la houlette de Juliette Hansart, assistante sociale, des points de vue pluriels ont été recueillis, soit ceux d’une centaine de professionnel·les·s de terrain qui accompagnent des seniors, et d’une trentaine de personnes âgées qui vivent et expérimentent cet accompagnement.

C’est sur la base de questions soumises aux deux représentants de la Ligue d’impro par le public, selon la formule complétée de la phrase « Dis pourquoi… », que la représentation du jour a été conçue. Le principe est le suivant : découvrant le thème sur le moment, les deux artistes, Gudule Zuyten et Arnaud Van Parys, se concertent avec Juliette Hansart et se lancent dans des saynètes, inspirées des questions du public. Drôles, ironiques, impertinents et poétiques, les compères ont traversé des thèmes comme la solitude vécue par les personnes âgées, le manque de communication, la sexualité taboue des aînés ou encore la dégradation physique liée à l’âge. A la fin de chaque improvisation, Juliette Hansart est venue recadrer la thématique abordée en se référant à l’étude réalisée par la Coordination thématique Personnes âgées et Santé mentale et intitulée  « Vieillir sans céder. Quelle demande d’accompagnement psycho-social auprès des personnes âgées en Région de Bruxelles-Capitale ? ».

Des constats et des recommandations

Au centre de la réflexion, un constat fait consensus auprès des professionnel·le·s du secteur : « l’offre d’accompagnement auprès des personnes âgées doit être repensée en soutenant l’existant et en développant l’inexistant ». Cette offre d’accompagnement concerne toute une série de professionnel·le·s comme les aides-soignant·e·s, les ergothérapeutes, les infirmier·ère·s, les psychologues, les assistant·e·s sociaux·les, les directeur·trice·s… travaillant au sein de diverses institutions bruxelloises, et les personnes âgées, dans toute leur diversité et la singularité de leurs expériences individuelles.

Il ressort de l’étude qu’il existe une hétérogénéité de demandes dans le chef des personnes âgées auxquelles il est possible ou non de répondre, en fonction d’enjeux structurels (la saturation des services, la pénurie de personnel, le manque de moyens en termes financier, institutionnel, humain) et culturels (le rapport à soi-même, à autrui, à la collectivité). Au cœur des réflexions notamment, la question de faire du spécifique ou du général pour le public des personnes âgées. Si les seniors sont certes des adultes, n’ont-ils pas besoin d’une approche spécifique ? On observe par exemple un isolement alarmant chez les personnes âgées et les entretiens attestent de l’importance cruciale des proches, de la famille, des amis dans le bien-être de la personne, mais cet entourage n’est pas toujours présent. Il existe donc une demande effective d’accompagnement psychologique, mais il reste trop rare. La prééminence du discours médical prévaut aussi sur d’autres aspects de la santé, notamment dans les maisons de repos. Par ailleurs le contexte de saturation impacte les seniors, car il s’agit de leur consacrer un temps d’entretien plus long, sur une durée indéterminée. Or ils sont considérés comme moins prioritaires par rapport à d’autres groupes.

L’offre d’accompagnement auprès des personnes âgées doit être repensée en soutenant l’existant et en développant l’inexistant

En termes de recommandations, l’étude met en avant le fait de considérer les personnes âgées dans leurs choix, leurs demandes et de reconnaître leur expérience et leur expertise de vie, ce qui nécessite de développer des lieux de concertation et de décision adaptés aux personnes âgées. Il s’agit de soutenir des initiatives spécifiques aux personnes âgées en santé mentale, qui respectent leur volonté de rester à domicile, tout en tenant compte d’un enjeu majeur en matière d’accessibilité des soins pour ce public, à savoir la mobilité. Autres recommandations : pérenniser les structures existantes qui font sens, former et soutenir les professionnel·le·s concerné·e·s par cet accompagnement, déployer des référent·e·s « personnes âgées » à l’échelle des quartiers et reconnaître le travail en réseau interdisciplinaire.

SYNTHÈSE DE L’ÉTUDE

Nathalie Cobbaut

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