« Désolée d’être pleurnicheuse, d’être lamentable, d’être pathétique, d’être grosse, d’être faible, d’être nulle, d’être ridicule… Désolée d’être moi. Pourquoi ? Parce que je ne me trouve pas assez bien. » Tout au long des 52 minutes du documentaire « Tout va s’arranger … ou pas », la parole est donnée à des jeunes en décrochage scolaire et qui ont souffert durant la pandémie. Pierre Schonbrodt, vidéaste pour le CAL, a recueilli leurs témoignages, aidé par Véronique de Thier, responsable politique de la Fapeo.
Ils ont tous été abîmés par les confinements successifs, au point de ne plus suivre à l’école, de décrocher, d’entrer en dépression, d’avoir des idées noires… Céline, patiente à l’Unité pour adolescents du Centre hospitalier Le Domaine – ULB, décrit cette période : « Je passais beaucoup de temps avec moi-même, à ruminer, à penser, alors que ce dont j’avais le plus besoin, c’était de sortir, d’essayer d’aller vers les gens. Le confinement a fait que ça a empiré la situation. J’ai été diagnostiquée avec une grosse dépression et après, un trouble anxieux et des troubles du comportement alimentaire. » Pour Luce qui, elle-aussi, témoigne de sa situation de décrochage scolaire, l’entrée en secondaire semble avoir déclenché quelque- chose : « Dès les premières évaluations, j’ai commencé à stresser et je me souviens d’un jeudi en dernière heure de cours, où j’étais stressée. En sortant des cours, j’ai pleuré jusqu’à chez moi, jusqu’au soir, dans mon lit, dans le noir. J’ai totalement perdu la notion de plaisir de l’apprentissage que j’avais en primaire. Maintenant, l’école n’est plus qu’un endroit où on nous évalue. On apprend seulement pour réussir l’interrogation et les examens. »