Quand le collectif se saisit de l’action communautaire
Plus de 180 participant·e·s, 92 associations bruxelloises de secteurs différents représentées, 54 ateliers et espaces d’échanges sont les quelques chiffres qu’il faut retenir de la journée sur l’action ou la démarche communautaire, organisée le 25 septembre dernier par l’ULB et sa Faculté d’Architecture La Cambre Horta (projet SACHA), la Fédération des Services Sociaux, la Fédération Bruxelloise Unie pour le Logement, une série de services sociaux, les asbl Les Pissenlits, Le Grain, Co-Incidences et le Forum Bruxelles contre les inégalités. Si les chiffres sont assez révélateurs de l’intérêt et de la mobilisation autour du sujet, peut-être faut-il s’étonner qu’autant d’ateliers aient eu lieu.
La journée avait commencé par une présentation d’un soit-disant chercheur québécois du nom de Stéphane Daruelle, incarné en réalité par Sébastien Gratoir du Forum Bruxelles contre les inégalités. Cette présentation assez loufoque s’est terminée par une invitation faite au public d’installer une application sur les smartphones pour faire du travail communautaire. Des huées de la salle ont salué ce clin d’œil des organisateurs, soulignant qu’il n’est pas souhaitable que l’action communautaire, généralement un processus co-construit patiemment avec son public, prenne un tel chemin technologique.
Après cette entrée en matière plutôt déjantée, les participant·e·s, sur l’invitation des organisateurs, se sont réunis en petits groupes pour décider des thèmes et autres questions autour de l’action ou démarche communautaire dont ils souhaitaient discuter. De ce premier échange, il est ressorti des dizaines de sujets qui ont été répartis dans les 54 ateliers de la journée : « Comment renforcer le pouvoir d’agir des personnes vulnérables ? », « Pourquoi doit-on entrer ou rester dans les logiques d’évaluation des pouvoirs subsidiants ? Comment en sortir ? », « Est-ce que l’action communautaire doit viser l’autonomie des personnes ? », « Comment rendre la parole à celleux qu’on n’entend pas ? », « Et nous, en tant que citoyen·ne·s à quelles actions communautaires prenons-nous part ? Et pourquoi attend-on ça des personnes issues des quartiers populaires ? », « Le communautaire : une charge mentale de plus pour les femmes ? », etc.
Les groupes ont intensément discuté autour des questions proposées. Dans celui qui a traité par exemple de la question de savoir si l’action communautaire représente une charge mentale supplémentaire pour les femmes, les participant·e·s ont souligné combien les femmes étaient surreprésentées dans leurs groupes d’action communautaire. Ce que certain·e ·s ont expliqué par l’hyperresponsabilisation des femmes et par le fait qu’elles doivent, « encore une fois », participer. A contrario, d’autres participant·e·s ont fait savoir qu’iels travaillaient avec des femmes isolées et que pour ces dernières, participer au groupe d’action communautaire était un plaisir et ne représentait pas une charge mentale. Qui sont ces femmes qui s’investissent dans ces espaces ? Viennent-elles des milieux plus défavorisés ? Qu’en est-il des hommes ? Comment les faire s’impliquer davantage dans les projets communautaires ? Cependant, peu importe l’implication des personnes, il a été relevé qu’il faut cependant accepter que ces dernières participent en fonction de leurs capacités.