Un mode de fonctionnement collaboratif
Comme le souligne Eric Husson, directeur des projets chez Lama et membre du conseil d’administration de Ribaucare, « le quartier Ribaucourt a pour caractéristique d’héberger des personnes qui ne font souvent que passer dans le quartier et qui sont assez mobiles sur le territoire bruxellois. Donc tout le défi était de capter le public et de le fidéliser et on peut dire que c’est en passe d’être réalisé. La cohabitation des différents usagers se passe plutôt bien. Les services qui ont rallié Ribaucare sont également venus avec leur propre public, patients ou usagers, et d’autres s’ajoutent régulièrement.
Une des autres caractéristiques propres à ce type de structure est de permettre de passer d’un service à l’autre, en fonction des besoins. Là aussi ça fonctionne et cette dynamique se met en place petit à petit, mais sans que rien ne soit imposé. Je pense par exemple aux personnes que l’on reçoit au projet Lama : en plus des problèmes d’addictions, elles ont souvent des problèmes de dettes. Le fait qu’il y ait un service de médiation de dettes au sein du CSSI permet une prise en charge beaucoup plus fluide puisque les services sont dans la même maison. Le bureau d’accueil commun pour l’ensemble de cinq services permet aussi cette mutualisation de l’offre et son accessibilité. Par ailleurs, de plus en plus, le CSSI s’intègre dans le paysage du quartier, avec l’utilisation des locaux par des associations de proximité, comme une école de devoirs, ou l’utilisation de la grande salle commune du rez-de-chaussée pour des activités communautaires. C’est aussi la raison de la présence du Relais Action Quartier de Molenbeek dans les locaux. »
Autre particularité de Ribaucare : le fait que chaque service a conservé sa propre structure, avec des agréments propres pour chaque activité et une structure faîtière qui chapeaute l’ensemble des services. Une gouvernance collaborative a été mise en place, qui regroupe les cinq coordinateurs des services au sein du Collège des coordinateurs, lequel travaille de manière concertée avec le conseil d’administration qui vient en soutien. Selon Eric Husson, « il faut composer avec des mondes professionnels différents, des cultures de travail et organisationnelles différentes, des perceptions de publics non homogènes. Cette dynamique d’apprivoisement et de travail en commun était présente dès avant le début des activités de Ribaucare, mais les gens vont et viennent, les professionnels peuvent bouger, mais certains assurent le fil, la cohérence. La structure du CSSI prévoit aussi une gestion commune de l’administratif, de la gestion des ressources humaines, de la logistique des travaux… »
Ce qui reste sans doute à creuser, c’est la participation et la concertation des publics auxquels Ribaucare s’adresse, en les associant à la vie du CSSI, en créant de la convivialité avec les bénéficiaires, en s’appuyant aussi sur la pair-aidance développée au sein du projet Lama et qui pourrait essaimer dans les autres structures.