DiversÉchos des politiquesNuméroPolitiques
02.12.2025
Numero: 24

Echos des politiques : l’actu des élus au Parlement bruxellois

Les élu·e·s au Parlement de la Commission communautaire française (Cocof) s’expriment sur des sujets d’actualité relatifs à la santé et au social en Région bruxelloise. Pour cette livraison, les parlementaires DéFI, PTB, MR, Ecolo, PS et Les Engagé·e·s ont partagé leurs réflexions sur le dossier de cet e-Mag Bxl santé n°24 qui porte sur l’action communautaire en santé et la participation des publics.

Emag Echos politiques

Sortir d’une logique verticale et favoriser la participation des publics

L’action communautaire en santé repose sur une conviction que DéFI défend depuis toujours : la santé ne se décrète pas, elle se construit avec les citoyen·ne·s. À Bruxelles, cette approche prend tout son sens dans une ville dense, diverse et traversée d’inégalités de santé. Favoriser la participation des publics, c’est reconnaître que les habitant·e·s, les associations et les professionnel·le·s détiennent ensemble les clés d’un mieux-être durable.

C’est dans cet esprit qu’a été lancé, sous l’impulsion du ministre Didier Gosuin, le Plan Social-Santé Intégré (PSSI). Ce plan, que DéFI continue de promouvoir, place la proximité et la co-construction au cœur des politiques publiques. Il s’agit de sortir d’une logique verticale pour bâtir des réponses adaptées à chaque quartier, où les acteur·rice·s de terrain sont partenaires et non simples exécutant·e·s.

Face aux défis actuels – précarité, isolement, santé mentale -, la participation citoyenne n’est pas un luxe : elle constitue la condition d’une politique de santé juste, efficace et émancipatrice.

DéFI plaide pour renforcer ces démarches de terrain, qui réconcilient démocratie locale et santé publique.

Gisèle Mandaila, députée pour le Groupe DéFI au Parlement francophone bruxellois

Le PTB, pour une pérennisation des financements pour l’action communautaire en santé et le maintien des emplois ACS

Le PTB a rencontré plusieurs organisations actives dans des quartiers populaires comme celui de Cureghem en démarche communautaire et santé. Leur travail avec les habitant·e·s, les personnes atteintes de surdité, les maisons médicales et de nombreux collectifs était au cœur du colloque du 25 septembre sur l’action communautaire en santé et la participation des publics.

Pour le PTB, leur méthode est exemplaire : on s’attaque aux causes sociales de la maladie, on organise la participation des publics, on donne du pouvoir aux habitant·e·s et on crée des ponts entre le social, la santé et la culture. C’est exactement la direction que devrait prendre la politique de santé bruxelloise.

Partout, le constat est le même : les besoins explosent, les budgets se contractent. Les Pissenlits doivent sans cesse courir derrière des subsides annuels ou provisoires (PSSI, Phare, projets locaux…), alors qu’ils assurent un accueil inconditionnel, des groupes de parole, de la formation pour les travailleurs sociaux et des espaces où les habitant·e·s construisent des réponses collectives à leurs problèmes de santé.

Le PTB demande la sécurisation et la pérennisation des financements pour l’action communautaire en santé, la défense des emplois ACS et des moyens structurels pour l’accueil inconditionnel. Nous continuerons à relayer sur le terrain et au Parlement la voix des associations comme Les Pissenlits, qui font vivre au quotidien le droit à la santé pour toutes et tous.

Françoise De Smedt, députée et cheffe de groupe PTB au Parlement francophone bruxellois

Reconnecter les habitant·e·s aux soins et à la prévention

À Bruxelles, les constats sont préoccupants : près de 40 % des habitant·e·s vivent sous le risque de pauvreté et 16 % reportent des soins, faute de moyens. À cela s’ajoutent des obstacles linguistiques, financiers, culturels, numériques ainsi que la multiplication des dispositifs. Dans ce contexte, l’accès aux soins se transforme trop souvent en parcours d’obstacles. Pour certains habitant·e·s, obtenir un rendez-vous, comprendre le fonctionnement du système ou simplement identifier le bon interlocuteur relève du défi quotidien.

C’est précisément dans ce contexte que l’action communautaire prend tout son sens : elle reconnecte les habitant·e·s aux soins, à la prévention. Elle joue un rôle de passerelle, en mobilisant les ressources du quartier et en recréant du lien, là où celui-ci s’est fragilisé ou affaibli.

Mais son efficacité ne dépend pas seulement du nombre de projets mis en œuvre, mais aussi de leur ancrage concret. L’intégration des habitant·e·s est essentielle pour éviter des politiques déconnectées des réalités et garantir que les moyens publics répondent à des besoins réellement exprimés. On ne peut agir sur les déterminants de la santé qu’en associant directement les principaux concernés. Pour le MR, la présence de ces relais constitue parfois la première étape vers une réappropriation progressive de leur santé, de leur capacité d’agir et de leur réinsertion dans la société. Elle doit toutefois être articulée à une première ligne forte. Les actions communautaires détectent, accompagnent, sensibilisent ; la première ligne prend en charge, prévient et oriente. Les deux sont en effet indissociables.

Gaëtan Van Goidsenhoven, député et chef de groupe MR au parlement francophone bruxellois

Action communautaire et participation : une approche intégrée de la santé

L’action publique de santé doit être participative et co-construite avec les personnes concernées. Cette conviction guide notre engagement politique. Elle se concrétise notamment par les Contrats Locaux Social Santé (CLSS): 18 quartiers bruxellois où les habitant·e·s participent à la définition des plans d’actions, dont des volets dédiés à la santé mentale et à la lutte contre le sans-abrisme.

Pour ne citer que quelques exemples : le financement des services ambulatoires a été maintenu ; Brusano a été renforcé. Des référent·e·s en santé mentale ont été déployé·e·s dans les maisons médicales. Le projet « Tal Seum: quand les jeunes parlent de santé mentale »  a permis à quarante jeunes de délibérer et de produire des contenus créatifs.

Concernant la gestion du sans-chez-soirisme, le Ministre bruxellois de l’action sociale a privilégié le relogement durable : 2.000 places supplémentaires ont été créées, notamment pour les jeunes en errance, les personnes LGBTQIA+ et les femmes victimes de violences. Le projet Youyou à Molenbeek, accueillant 14 familles, en illustre le succès. Un accueil 24h/24 et une plateforme centralisée d’aide au logement complètent cette approche.

Et comme rien n’est possible sans budgets stables, il a été décidé d’assurer aux différents organismes des subventions pluriannuelles pour le secteur social-santé.

Agir pour réduire les inégalités de façon structurelle, pérenne et concertée, représente un enjeu de taille pour notre Région. Pour ce faire, nous avons besoin de politiques progressistes, humaines et ambitieuses !

Farida Tahar, députée et présidente du groupe Ecolo au Parlement francophone bruxellois

Santé communautaire : quand la participation devient vecteur de justice sociale

À Bruxelles, la santé communautaire incarne l’engagement du PS pour une société plus équitable. Face aux inégalités qui fragmentent notre Région, cette approche défend un principe fondamental : chaque citoyen·ne, quel que soit son quartier ou son origine, doit pouvoir exercer un pouvoir réel sur les décisions qui affectent sa santé et son bien-être.

Les expériences menées dans nos quartiers populaires démontrent qu’une autre voie est possible. Lorsque les habitant·e·s participent activement aux projets qui les concernent, ils ne sont plus de simples usager·e·s, mais deviennent co-constructeur·trice·s des politiques de santé au sens large. Cette logique d’un « pouvoir agir » collectif, rend chacun.e acteur·rice de changement, et favorise l’émancipation.

Les maisons médicales et les acteur·rice·s associatif·ve·s bruxellois·e·s illustrent cette vision progressiste : ils reconnaissent que l’expertise vécue des populations complète les savoirs professionnels. Dans cette dynamique, les professionnel·le·s mettent leurs compétences au service d’un projet collectif piloté avec les habitant·e·s, dans un esprit de solidarité et de respect mutuel. La dimension territoriale renforce cette démarche. À l’échelle du quartier se tissent des solidarités concrètes qui articulent les CPAS, les acteur·rice·s de la santé, du logement, de l’ emploi, et de la cohésion sociale. C’est là que se construit la justice sociale au quotidien, dans une logique intersectorielle portée par les valeurs de progrès.

La santé communautaire incarne ainsi notre projet de société : une démocratie vivante où le partage du pouvoir n’est pas un slogan mais une pratique, où la justice sociale se conquiert par l’action collective des citoyen·ne·s eux-mêmes.

Karine Lalieux, députée PS au Parlement francophone bruxellois

Construire la santé avec les premiers concernés

Promouvoir la santé, ce n’est pas seulement ajouter des campagnes. C’est partir de la vie réelle des gens, de leurs ressources et parfois de leurs colères, pour construire des réponses avec eux.

L’action communautaire en santé repose sur une idée simple mais exigeante : les habitant·e·s ne sont pas des « bénéficiaires », ils sont co-auteur·rice·s des solutions. On met autour de la table celles et ceux qui vivent la situation, les professionnel·le·s de première ligne et/ou autres acteur·rice·s.

« L’action communautaire en question », organisée par la FdSS, la Febul et Les Pissenlits, l’a montré : décloisonner le social et la santé, reconnaître l’expertise d’usage et agir sur les déterminants permet des actions plus justes, plus durables… et souvent moins coûteuses que de réparer toujours plus tard les dégâts du tout-curatif.

La participation des publics n’est alors plus un décor, mais une méthode. Cela demande du temps, de la confiance, d’accepter le conflit et le désaccord. Mais les effets sont puissants : les personnes gagnent en pouvoir d’agir et les institutions comprennent mieux les réalités de terrain.

Les Engagé·e·s plaident pour une santé ancrée dans les quartiers, qui s’appuie sur la première ligne, renforce les lieux de lien et reconnaît pleinement l’expertise des publics.

Dans un contexte de fortes inégalités, l’action communautaire n’est pas un luxe. C’est une condition de la démocratie sanitaire : donner plus de pouvoir à celles et ceux qui sont le plus exposés aux risques pour transformer leur réalité.

Gladys Kazadi, députée et cheffe de groupe Les Engagé(e)s au Parlement francophone bruxellois

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