DiversÉchos des politiques
03.06.2025
Numero: 22

Echos des politiques : l’actu des élus au Parlement bruxellois

Les élu·e·s au Parlement de la Commission communautaire française (Cocof) s’expriment sur des sujets d’actualité relatifs à la santé et au social en Région bruxelloise. Pour cette livraison, les parlementaires DéFI, MR, Ecolo, Les Engagés et le PTB ont partagé leurs réflexions sur le dossier de cet e-Mag Bxl santé n°22 qui porte sur les familles monoparentales[1].

Emag Echos politiques

Familles monoparentales :
briser l’isolement, ouvrir des portes

Être parent solo ne devrait jamais être un parcours du combattant. À Bruxelles, près d’une famille sur quatre est monoparentale. Derrière ce chiffre, des milliers de parents qui élèvent seuls leurs enfants, majoritairement des femmes, tout en cherchant un logement stable et abordable.

Ce qu’ils trouvent trop souvent ? Des loyers inaccessibles, des listes d’attente interminables, des discriminations à la location liées à leur statut… et un mur d’incompréhension face à des aides obscures ou éparpillées. Personne ne devrait se battre à la fois pour un toit et pour de l’information.

Les Engagés agissent pour briser cet isolement par des solutions concrètes :
• Le développement de nouvelles formes d’habitat : habitat partagé, logement intergénérationnel, solutions flexibles adaptées aux familles monoparentales.
• Une simplification radicale de l’accès à l’information : un guichet unique clair, humain et efficace pour orienter et soutenir les familles dans toutes leurs démarches.
• Le renforcement de l’accompagnement social pour prévenir la précarisation et favoriser l’émancipation.

Parce que protéger les familles monoparentales, c’est défendre le droit fondamental de chaque enfant à grandir dans la stabilité.

Gladys Kazadi,
députée Les Engagés au Parlement francophone bruxellois

Trop de parents isolés, dans un système qui n’a pas été
pensé pour eux

Notre société change. Les familles aussi. Près d’un quart des foyers à Bruxelles sont aujourd’hui monoparentaux, le plus souvent par nécessité, parfois par choix. Dans 83 % des cas, c’est une femme qui en assume seule la gestion au quotidien avec toutes les responsabilités matérielles, éducatives et affectives que cela implique. Ce modèle n’est plus marginal, mais il reste vulnérable : précarité financière accrue, surcharge mentale, isolement.

Nous devons mieux reconnaître ces réalités, en créant un statut spécifique de famille monoparentale, fondé non seulement sur la composition familiale, mais aussi sur la situation socio-économique réelle. Ce cadre permettra de coordonner les politiques publiques — logement, emploi, santé, éducation, fiscalité — et de mieux cibler les aides en fonction des besoins. Parce que derrière chaque parent solo, il y a un double combat : élever un enfant et tenir bon, seul, face à une société encore organisée pour deux, structurée autour de la norme du couple.

Il est essentiel de garantir à chaque parent isolé l’autonomie et l’égalité des chances, tant sur le marché du travail que dans l’ensemble de la société. Cela passe par plus de places en crèche, des horaires d’accueil adaptés et compatibles avec l’emploi, une meilleure conciliation entre vie familiale et vie professionnelle, et un accès plus lisible et efficace aux droits existants.

Gaëtan Van Goidsenhoven,
parlementaire et chef de groupe MR au Parlement francophone bruxellois

Soutenir les familles monoparentales, c’est investir dans une société plus juste et durable !

A Bruxelles, les familles monoparentales représentent près d’un tiers des ménages avec enfants. Ces familles, majoritairement dirigées par des femmes, font face à de nombreuses difficultés : non-recours aux droits, précarité financière, isolement social, loyers abusifs, emploi précaire, déséquilibre entre vie professionnelle et parentale…

Les récentes mesures du gouvernement fédéral « Arizona » (notamment la limitation des allocations de chômage dans le temps) ne sont pas de nature à nous rassurer tant on sait qu’elles auront aussi un impact sur les familles monoparentales, lesquelles sont déjà exposées aux inégalités et aux vulnérabilités socio-économiques. Il faudra y être vigilant!

En Région bruxelloise, nous avons adopté le premier Plan bruxellois de soutien aux familles monoparentales en juillet 2021, pour mieux coordonner les besoins des familles monoparentales. Par ailleurs, en matière d’accueil et d’hébergement de publics vulnérables, une maison d’accueil (45 places) pour des familles monoparentales sans-abri a ouvert en juillet 2021. Une campagne de sensibilisation sur la monoparentalité a également vu le jour en 2023 ainsi que des formations destinées aux travailleurs des CPAS sur les enjeux liés à la monoparentalité.

Ces réalisations sont nécessaires ; il importe de les pérenniser, de renforcer les structures d’accueil adaptées, de développer les services de garde d’enfants malades et de créer des réseaux de solidarité entre parents.

Farida Tahar,
députée bruxelloise et présidente du groupe Ecolo au Parlement francophone bruxellois

Familles monoparentales, des vies sous pression et un combat constant pour l’égalité

À Bruxelles une famille sur quatre est monoparentale. Dans la plupart des cas, ce sont des femmes qui élèvent seules leurs enfants, souvent dans la précarité. Près de 40 % d’entre elles vivent sous le seuil de pauvreté. Ce n’est pas un hasard. C’est le produit d’un système qui les abandonne.

Ces mères cumulent des défis: loyers qui explosent, emplois précaires, manque de places en crèche, transports défaillants, surcharge mentale, souvent isolement social. Avec un seul revenu, elles peinent à couvrir les besoins essentiels. Les gouvernements multiplient les discours sur le mérite et l’activation, mais ferment les yeux sur la réalité du terrain.

La réforme des allocations familiales a aggravé leur situation. Le supplément pour familles monoparentales n’est plus accordé pour tous les enfants, excluant ainsi de nombreuses mères célibataires. Les montants varient selon les Régions: un enfant à Bruxelles reçoit moins d’aide qu’un enfant en Flandre ou en Wallonie.

Le PTB plaide pour la re-fédéralisation des allocations familiales afin de garantir l’égalité de traitement pour tous les enfants. Il faut des mesures pour leur permettre une vie digne: accès à des logements abordables, services de garde d’enfants adaptés, éducation gratuite, soutien psychologique accessible. Il faut renforcer leur pouvoir d’achat et leur bien-être.

Le PTB s’engage à défendre ces familles. Leurs enfants méritent les mêmes chances que les autres. Leur lutte est la nôtre.

Françoise De Smedt,
cheffe de groupe et députée PTB au Parlement francophone bruxellois

Adapter nos outils publics aux familles monoparentales

À Bruxelles, 32,5 % des familles avec enfants sont monoparentales, contre 26,9 % au niveau national. Dans 86 % des cas, il s’agit de femmes seules. Cette réalité massive reste pourtant mal prise en compte dans nos politiques.

Pour DéFI, il est temps d’adapter nos outils publics. Cela commence par une offre de logements réellement pensée pour les familles monoparentales, avec un encadrement adapté aux revenus et aux capacités réels. Cela passe aussi par l’émergence d’alternatives et l’élargissement des horaires dans les crèches, les écoles et les lieux d’accueil, car l’autonomie professionnelle de ces parents en dépend. Nous plaidons pour une valorisation renforcée des aides monoparentales dans les CPAS et une meilleure coordination entre les services sociaux, afin d’éviter les ruptures de droits.

Enfin, les dispositifs de soutien à la parentalité (soutien psychologique, relais parental, médiation) doivent être renforcés et rendus accessibles sans stigmatisation. Les familles monoparentales ne doivent plus être traitées comme des exceptions, mais comme faisant partie intégrante de notre réalité sociale.

Charles Hosten,
attaché parlementaire
pour le groupe DéFI au Parlement francophone bruxellois

 


[1] Les différentes formations politiques qui ont pris la parole dans le cadre de cette rubrique ont eu l’opportunité de présenter les chiffres de la monoparentalité selon différents angles (nombre de familles monoparentales à Bruxelles, pourcentage de familles monoparentales parmi l’ensemble des ménages et relativement aux ménages avec enfants).

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